Critique musicale : Rétrospective 2012

0
Publicité
Photo : Courtoisie

L’année 2012 a été très riche de sorties musicales diverses, parfois excellentes et parfois désastreuses. Alors que certains préfèrent revivre le passé en offrant des albums aux sons primitifs nous rappelant les tourne-disques, d’autres se sont lancés dans des productions presque parfaites sans la moindre faille dans le son. Question d’y voir clair, voici une rétrospective de l’année 2012.

Les recrues

Un premier album est toujours très important pour l’artiste désirant se faire connaître du grand public. La majeure partie du temps, c’est cet album qui va marquer les gens et qui sera difficile à déloger avec une suite.

Le plus beau talent découvert cette année est fort probablement Jake Bugg, jeune Anglais de 18 ans, qui nous rappelle la voix et le style de Dylan en passant par Alex Turner (Arctic Monkeys) sur son premier album éponyme. Ce qui surprend davantage chez Bugg est la maturité présente dans les chansons qu’il écrit malgré son très jeune âge, les meilleurs exemples étant «Taste it», «Broken» et «Trouble Town».

Aux États-Unis, c’est la sortie de Flying Colors qui a attiré mon attention. Nouveau groupe formé de vieux musiciens, il a réussi à me surprendre avec son premier ouvrage, également éponyme, qui nous fait voyager du rock progressif au métal en passant par la pop. La seule jeunesse au milieu des vieux loups est le chanteur et guitariste Casey McPherson qui semble pouvoir exiger ce qu’il veut à sa voix sans jamais tomber dans l’excès.

Au Québec, Louis-Jean Cormier et Julien Sagot nous ont démontré avec habileté qu’ils n’ont pas besoin de Karkwa pour émouvoir le public québécois. Alors que Le Treizième Étage (Cormier) nous apporte une version simplifiée de Karkwa, Piano Mal (Sagot) nous fait voyager dans un univers parfois étrange et inquiétant. Une réussite dans les deux cas.

Les vétérans

Le premier groupe à s’être mouillé en 2012 est The Mars Volta avec un nouvel album plutôt surprenant, sur lequel son côté psychédélique et latino semble bel et bien derrière lui. Noctourniquet est dur, dense et nous rappelle la genèse du groupe, au moment où Cedric Bixler-Zavala (voix) et Omar Rodriguez-Lopez (guitare) faisaient partie d’At The Drive-In.

Pendant que certains changent, d’autres vont tenter de regagner leurs racines. C’est le cas de Sigur Ros qui nous offre un retour en arrière avec Valtari, album très planant où les structures de chanson sont éclatées. La pièce «Varud» est probablement la chanson m’ayant procuré le plus de frissons au courant de l’année. Majestueuse et émotive, elle ne peut certainement pas vous laisser de glace. Si vous avez aimé le vieux matériel de Sigur Ros, courez vous acheter ce nouveau disque.

Si nous demeurons dans ce domaine de la musique, Godspeed You! Black Emperor est ressorti des boules à mites (probablement à cause du printemps érable) pour lever son «skinny fist» haut dans les airs avec Allelujah! Don’t Bend! Ascend!. La recette est la même, mais la rage semble être un nouvel ingrédient. Le sentiment d’urgence présent dans la pièce de 20 minutes «Mladic» est à couper le souffle. Le collectif de Montréal nous démontre encore une fois qu’il n’est pas toujours nécessaire d’écrire des paroles afin de passer un message, social dans son cas.

Bien que certains se sont démarqués cette année, d’autres ont connu un fiasco total. Parlez-en à Green Day qui n’a pas lancé un, mais bien trois nouveaux albums cette année. Cette trilogie comprend Uno!, Dos! et Tré! qui sont respectivement les positions 3, 2 et 1 sur ma liste des pires albums de l’année. On y retrouve une bouette que le trio maintenant quatuor veut nous faire passer pour le parfait alliage entre la pop, le punk et le rock garage. Le plus triste dans tout ça est l’effort constant (et inutile) que fait le chanteur Billy Joe Armstrong pour devenir le nouveau Kurt Cobain en tentant de s’approprier un titre de groupe révolutionnaire. Le meilleur exemple est la pièce qui ouvre la trilogie, «Nuclear Family», où Armstrong semble vouloir devenir le symbole de la mort des familles nucléaires. Allons garçon… Allons…

Coups de cœur

Mon coup de cœur francophone de l’année revient à Pierre Fortin et son premier album intitulé Mécanique d’Hiver. Rock sobre aux tendances planantes, la voix et les textes de Fortin sont hypnotisants et font naître un musicien qui sort de l’ombre d’Olivier Langevin et de Fred Fortin. La chanson «Formule Magique» devrait facilement vous convaincre.

Du côté anglophone, Converge m’a jeté par terre avec All We Love We Leave Behind, album d’une rare violence, mais qui s’écoute avec les tripes et ce, le son dans le tapis. Si vous ne pouvez tolérer «Aimless Arrow», tenez-vous loin de ce monstre.

L’année 2013 nous réserve bien des surprises, et j’ai hâte d’y jeter mon oreille.

Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici