The Black Angels – Indigo Meadow
Formation de rock psychédélique du Texas, The Black Angels revient à l’attaque avec un quatrième album. Favorisant un style inspiré directement des années 70, le son du groupe est très souvent sur la ligne de l’accessibilité. Indigo Meadow va cependant le faire passer du côté accessible par ses chansons plus courtes et plus prévisibles.
Ayant déjà amorcé une approche plus accessible avec leur troisième disque, Phosphene Dream, Alex Maas et sa troupe poussent encore plus ce mouvement. Bien que la chanson titre qui ouvre l’album annonce un retour au son dérangeant et puissant de leur début de carrière, le ton change rapidement avec Evil Things qui se voit une version plus radiophonique de leur chanson.
Nous avons le même son de cloche avec le premier extrait du groupe, Don’t Play With Guns, qui est centré sur un refrain très accrocheur. Vient ensuite la première ballade de l’album, Holland, qui nous offre le son le plus pur produit par le groupe jusqu’à présent. Son influence principale est évidente dans la pièce The Day, où ils entonnent un «Run, Run, Run» à la manière de Velvet Underground. Le tout se poursuit sur 13 pièces qui sont légèrement en-deçà des attentes.
Les thèmes abordés par le chanteur Maas sont toujours autour de l’amour, de la guerre et de la solitude. Les textes sont d’ailleurs l’un des points forts de l’album. Sa plume a pris de la maturité avec les années, tout comme son interprétation des chansons avec sa voix unique. La production de l’album est moins agressive que les titres précédents, annulant l’impression d’entendre un disque sorti au beau milieu des années 70. Même la pochette du disque est la plus accessible, n’étant pas une image donnant des cauchemars à quiconque la regarde sous l’effet de drogues.
Est-ce un mauvais album? Loin de là, avec d’excellents moments comme Indigo Meadow, War on Holiday et I Hear Colors (Chromaesthesia) qui nous rappellent la qualité de musicien des membres du groupe. Il s’agit seulement ici d’un album qui sort officiellement le groupe de son passé planant, psychédélique, voire même dérangeant. On fait un compromis entre originalité et accessibilité. Avec l’été qui arrive, je risque d’écouter ce disque encore et encore. Mais ce n’est certainement pas le meilleur album de The Black Angels. Mention spéciale à la pièce Black Isn’t Black, qui m’a rappelé à quel point j’adore leur second disque, Directions to See a Ghost.
Pour un disque efficace, The Black Angels mérite un B+.
Nick Cave and The Bad Seeds – Push The Sky Away
Un quinzième album pour le grand Nick Cave, musicien australien dont la réputation n’est plus à faire. Probablement l’un des meilleurs auteurs et interprètes de notre ère, c’est avec grand plaisir que l’on constate que Push The Sky Away mise d’abord et avant tout sur cet aspect du groupe. De retour au son plus tranquille, Nick Cave et ses Bad Seeds nous prouvent qu’ils en ont encore beaucoup à dire.
Pour la majeure partie de sa carrière, Cave a souvent utilisé un rock souvent dur et qui bouge énormément. Nous nous souvenons toutefois de la surprise provoquée par l’excellent Boatman’s Call, issu en 1997, qui était doux d’un bout à l’autre, mettant l’emphase sur le piano et les paroles de Cave. Il s’agit ici du même type de procédé, mais avec une plus grande variété d’instruments et d’arrangements.
Dès l’ouverture de We No Who U R, le son est nouveau et rafraîchissant, ce qui peut surprendre après 15 albums. Qu’il chante une mélodie efficace (Wide Lovely Eyes) ou qu’il narre l’histoire (Water’s Edge), la voix du chanteur est tout simplement hypnotisante. Les textes sont travaillés sans perdre de leurs émotions brutes. On retrouve même l’auteur quelque peu choquant aux textes directs dans l’excellente Mermaids.
Mais rien n’arrive à la cheville de l’incroyable Jubilee Street qui est tout simplement l’une des meilleures chansons que j’ai entendues depuis bien des années. Racontant l’histoire d’amour impossible entre une prostituée et son client, l’interprétation et la musique s’allient pour donner des frissons à la personne la plus insensible du monde. J’ai eu la chance de voir cette chanson performée au Métropolis de Montréal et je vous assure que la foule n’a jamais été aussi silencieuse et bouche bée.
Les musiciens qui complètent le groupe réussissent à appuyer les textes de Cave d’une main de génie. Toujours justes dans leur ton sans partir dans les excès émotifs, la subtilité et les nuances font la différence. La production de Nick Launay est sans faille et donne un résultat très mature où chaque pièce du casse-tête n’est pas importante individuellement, mais défigurait l’album si on la retirait. Si l’on se fie à l’envoûtante pièce titre qui ferme l’album, il ne s’agit pas de la fin, mais bien du début d’un nouveau chapitre.
Pour m’avoir renversé, Push The Sky Away obtient un A+.