Dans les lunettes du frisé: Le moment du constat

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J’aurais pu faire comme dans toutes mes autres chroniques: aller voir un spectacle, vous en parler, dire les points forts et les points faibles et tout le blabla qui l’accompagne. Mais je n’aime pas la routine, et en plus 2014 tire à sa fin. Je fais autrement, tout simplement, ou peut-être pas. Je vous explique. Cette chronique oscillera entre la nostalgie et le désir de faire mémoire, nostalgie d’une année culturelle qui vient de passer et mémoire de ses plus beaux moments.

Avant de nommer mes coups de cœur culturels de 2014, j’ai un constat à faire. En fait, je dirais que cette année 2014 a été une année charnière pour moi, mais aussi pour toute la société québécoise.

Revenons aux élections du 7 avril dernier. Après un pardon d’un an et demi, le gouvernement libéral reprend les rênes du Québec. Au lieu d’une Charrette à sa tête, il s’agit de l’ourson Couillard qui dirige comme bon lui semble. Dès son entrée, l’ère de l’austérité commença, et elle se poursuit au moment où ces lignes jaillissent sur l’écran de mon ordinateur. Devant un gouvernement qui n’a comme finalité que l’équilibre budgétaire, une question se pose dramatiquement. Est-ce que l’argent est tout ce qui compte dans la vie?

Mon constat de 2014 est celui-ci: plus que jamais avons-nous besoin de moyens de s’exprimer pour résister, résister à l’envahissement du discours plein de fric et de cash, résister à un discours vide, résister peut-être pour finalement exister?

La littérature, le cinéma, le théâtre, la peinture; l’art dans toute sa complexité me semble aujourd’hui plus nécessaire que jamais.

Ceci étant dit, voici mes coups de cœur de 2014. (Mes coups de cœur ne sont pas nécessairement orientés en fonction de la politique, ce sont seulement des coups de cœur d’un passionné de la chose.)

Philosophie

La philosophie meuble ma vie depuis quelques temps déjà. Elle fait émerger de nouvelles réflexions, elle propose de nouvelles façons de voir le monde ou la vie, et surtout elle est à l’origine de tous les grands domaines du savoir d’aujourd’hui. Peu le savent, mais de nouveaux auteures et auteurs contribuent à repousser encore les limites de ces possibilités du savoir.

J’ai lu à temps perdu un de ces auteurs. L’essai Comment sauver le commun du communisme ? paru chez Quartanier du philosophe contemporain Érik Bordeleau, qui a gagné le prix Spirale Eva-Le-Grand en 2013 pour son Foucault anonymat, s’est retrouvé sur le rayonnage des librairies en septembre dernier. Son plus récent essai aborde la nécessité de revoir le concept du commun. Selon l’auteur, il y a nécessité de repenser le vivre ensemble avant que cet idéal soit avalé par l’idéologie capitaliste. Mêlant réflexions personnelles aux faits historiques, notamment sur la modernité chinoise, Bordeleau réussit à faire voir les failles du système politique communiste tout en faisant valoir qu’un monde sans impératifs économiques est utopique. Or, il jongle habilement entre idéalisme et concrétude. Il s’agit définitivement d’un essai intelligent et éclairant.

Littérature québécoise

L’année 2014 pour la littérature québécoise a été particulièrement mouvementée. Plusieurs titres étaient sur ma liste. J’ai des mentions d’honneur à donner à Hervé Bouchard pour son bouquin intitulé N° 6 et à Simon Roy pou Ma vie rouge Kubrick. Le premier montre l’école de la vie qu’est le hockey alors que le second est obsédé par le film The Shining. Deux romans à lire!

Mon choix s’arrête tout de même sur le roman Malabourg de la Québécoise Perrine Leblanc paru aux éditions Gallimard. Située dans un village fictif en Gaspésie, l’intrigue m’a grandement fait penser aux Fous de Bassan d’Anne Hébert. Bien fignolé, le récit met en scène le meurtre de trois jeunes femmes. Tout en laissant des traces dans le village, ces meurtres hantent le seul témoin, une jeune femme qui s’exile pour Montréal afin de mieux vivre avec les événements. La plume de Leblanc est légère, douce et rafraîchissante et met en scène un univers féminin qui gagne à être connu.

Album

Plusieurs album m’on fait vibrer cette année: du folk/trad de Fred Pellerin aux sons techno pop de Coldplay, en s’arrêtant sur la profondeur déguisée en simplicité de Philipe B.. Le talent a définitivement fait ses ravages.

J’ai tout de même opté pour un album qui est selon moi passé sous silence; Casablanca de David Giguère n’a pas eu le mérite qui lui revenait. Son album offre des sonorités planantes et une voix franche qui verbalise des textes profonds tout en s’alliant à des mélodies électriques issues de synthétiseurs. Un album qui s’écoute facilement en continu, peu importe l’occasion.

Spectacle

En janvier 2014, j’ai assisté à un concert au Zénob qui m’a totalement ébranlé. The High Dials, groupe montréalais de la scène underground de Montréal, débarquait en Trifluvie. Ils étaient accompagnés d’un groupe à ses débuts qui assurait leur première partie. Qui est ce groupe ? The Vasts. Les textures sonores de ce groupe sont uniques et mélancoliques. La complainte de la trompette qui se juxtapose au piano est tout à fait grandiose. Un groupe à découvrir.

Voilà. C’était mon panorama culturel de 2014.

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