J’ai fait un exercice qui peut paraître peu passionnant pour certains hier soir (jeudi 22 janvier 2015), je suis allé assister à la conférence du professeur de l’Université d’Ottawa, Marcel Olscamp, à la P’tite Brûlerie de Trois-Rivières et l’Histoire sans fin au centre-ville. Je sais, je sais. Je suis un peu nerd comme ça. Aller voir une conférence sur la recherche que mène un professeur de lettres dans mes temps libres, c’est peut-être un peu geek, je l’avoue, mais là n’est pas le débat. Recherche, ai-je bien dit, alors parlons-en de la recherche du prof Olscamp.
Le prof Olscamp travaille, et a travaillé toute une vie durant, sur la correspondance entre l’écrivain Jacques Ferron et sa sœur Madeleine Ferron ainsi que son mari, le juge Robert Cliche. Son travail en était un de moine puisqu’il a ramassé toutes les lettres échangées par les trois intellectuels sur une période d’environ 40 ans. Il a donc épié, classé et organisé tous les échanges de la correspondance. Un travail titanesque. Il est donc inutile de dire qu’une conférence d’une heure sur le sujet d’une vie est beaucoup trop courte.
C’est ici précisément que je fais un aveu. Je n’ai jamais lu Ferron, ce médecin des artistes, ce conteur hors pair, cet intellectuel qui a martelé ses idées novatrices sur la place publique à l’aide de lettres ouvertes dans les journaux. Un fondateur du Québec d’aujourd’hui. Shame on me!, comme diraient nos voisins du sud.
Je vous dis ça lecteur simplement pour vous dire qu’il y deux choses que j’ai retenues de cette conférence. Dans un premier temps, cette correspondance, ou peut-être la conférence, fut une très belle entrée dans l’œuvre de Ferron. Le prof Olscamp démontre une emprise totale sur le sujet et une compréhension précise des enjeux de cette correspondance, ce qui faisait en sorte qu’être connaisseur de l’Oeuvre de l’écrivain n’était pas un préalable à la conférence. D’autre part, voir évoluer trois intellectuels sur une période de quarante ans est ma foi sublime. Ça donne une perspective humaine aux principaux acteurs du récit historique, comme quoi ceux qui ont fait le Québec avaient, comme vous et moi, des préoccupations autres que les enjeux politiques et culturels. En somme, la correspondance nous transporte dans les coulisses de l’Histoire et dans les coulisses d’un monde en changement.
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Depuis l’automne dernier, le Zone Campus tient une chronique littéraire signée par la merveilleuse Camille Durand-Plourde en page 17. Et bien ma chère Camille, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer, mais à vous aussi lecteur. Je viens pâturer dans les platebandes littéraires aujourd’hui, mais ne t’en fais pas, c’est seulement le temps d’une petite chronique, d’une demi-chronique. Le temps d’une rentrée littéraire, quoi.
Cet hiver il y a trois gros noms de la littérature québécoise qui publieront des ouvrages attendus. D’abord, il y a le 27 janvier le bouquin de Robert Lalonde intitulé À l’état sauvage qui met en scène un écrivain hanté par son père et son ex-femme. Un récit qui sera probablement très poétique comme en a l’habitude Lalonde. Ensuite, il y a Jacques Poulin qui publiera Un jukebox dans tête le quatre février prochain. Poulin a mis sa plume au service d’un écrivain qui tombera amoureux même s’il ne se croyait plus capable de ressentir une telle émotion. Puis, il y a Nicolas Dickner, lui qui avait été connu il y quelques années pour ses romans Nikolski et Tarmac, qui nous revient avec une histoire qui aura comme thème central la claustrophobie dans son nouveau roman Les six degrés de la liberté qui paraîtra le 10 mars prochain.
Voir évoluer trois intellectuels sur une période de quarante ans est ma foi sublime. Ça donne une perspective humaine aux principaux acteurs du récit historique, comme quoi ceux qui ont fait le Québec avaient, comme vous et moi, des préoccupations autres que les enjeux politiques et culturels.
Plusieurs autres voix se feront entendre aussi cet hiver, dont entre autres le slameur et poète David Gaudreault, l’ex-journaliste Florence Menney et l’illustrateur Éric Godin, pour ne nommer qu’eux. Aussi, il y a un recueil de poésie qui me semble fort attendu, celui de Sébastien Dulude qui paraîtra à la Peuplade au mois de mars et qui s’intitule Ouvert l’hiver.
Si on se tourne du côté de la France, il y a plusieurs auteurs qui publieront de nouvelles œuvres comme Laurent Gaudé, Anne Wiazemsky, ou encore Sylvain Tesson. Toutefois, il y a un roman qui est sur toutes les lèvres en ce moment, celui de Michel Houellebecq. Soumission est paru le 7 janvier en France, quasiment en même temps que les évènements de Charlie Hebdo, et le 22 janvier au Québec. Il traite de l’arrivée au pouvoir d’un président musulman en 2022 et qui instaure la polygamie et le port du voile, ce qui ferait de la France un état islamique. Il est donc inutile de dire qu’il a causé toute une polémique à sa sortie.