Nouvelle fracassante : les personnes physiquement actives sont plus à risque de se blesser que leurs vis-à-vis sédentaires. Cette «exclusivité», c’est l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) qui nous l’apprend dans un rapport publié à la mi-septembre sur les blessures subies au cours d’activités récréatives et sportives au Québec en 2009-2010.
Dans une logique des plus implacables, elle conclut que «les pertes économiques encourues par l’absence au travail ou aux études, et la pression qu’exercent ces blessures sur le système de soins de santé publique ne font aucun doute». Ainsi, toujours selon l’INSPQ, il serait plus qu’important d’élaborer des campagnes de prévention en vue de réduire leur incidence.
Bref, le douteux constat de l’INSPQ : faire du sport, c’est dangereux. Un peu plus, et elle nous suggère fortement de nous en abstenir, c’est tout dire… Mais dites-moi, à quand un rapport sur les blessures et traumatismes subis à force de pratiquer des activités sédentaires? À quand une étude financée de 132 pages qui nous convaincrait que de faire la patate de divan est tout aussi dangereux – sinon plus – que de faire du sport? En attendant une telle œuvre utile, voici en guise de consolation quelques thématiques qui y seraient fort probablement abordées.
Blessures 2.0
Scène de la vie courante : un jeune individu, la vingtaine, immobile au beau milieu d’un couloir. La flexion exagérée au niveau de sa colonne cervicale, le mouvement frénétique de ses doigts sur le clavier de son téléphone intelligent qu’il tient a deux pouces de son visage et la façon peu ergonomique avec laquelle il le manipule ne laisse aucun doute dans votre esprit. En effet, cet individu est fort probablement en train de texter.
En soi, cette activité est tout sauf périlleuse. Or, pratiquée de manière intensive et soutenue, elle pourrait mener tout droit à des blessures. Principalement – mais pas exclusivement – d’ordre musculo-squelettique, ces troubles sont désignés par des noms comme «text neck», «BlackBerry thumb», «computer vision syndrome» et «iPad elbow». Leur point en commun : une utilisation déficiente et peu consciencieuse des outils technologiques.
Autrefois chasse gardée des travailleurs de bureau captifs de leur poste de travail, les problèmes de cet ordre sont de plus en plus présents dans toutes les couches de la population. À qui ou à quoi la faute? En fait, il y a de nombreux coupables à pointer du doigt. Parmi ceux-ci, on compte la sédentarité bien sûr, mais également la prolifération des téléphones intelligents, leur miniaturisation généralisée ainsi que l’omniprésence des médias sociaux et autres plateformes de communication toutes plus chronophages et addictives les unes que les autres. Eh oui, même la fameuse FOMO, «fear of missing out» ou peur de manquer quelque chose d’important, est à blâmer.
Dangereux de rester assis
Force est de constater que notre quotidien d’humanoïde moderne se situe à des années-lumière de ce que fût jadis celui de nos lointains ancêtres. Alors que la journée type de ces derniers était teintée par des affrontements périlleux avec des mammouths, la nôtre l’est davantage par des confrontations perpétuelles avec des ordinateurs et des télévisions. Or, bien que la menace ne soit pas tout à fait de la même importance –personnellement, je préfère être aux prises avec un ordinateur plutôt qu’avec un infâme mammouth–, elle n’en demeure pas moins tout aussi dangereuse.
À quand un rapport sur les blessures et traumatismes subit à force de pratiquer des activités sédentaires ?
Demeurer assis pour de longues périodes d’affilée sans s’activer s’avère dommageable pour la santé. Pas besoin de rester assis 8 heures par jour; on constate des hausses significatives de la glycémie (un indicateur du risque de développer le diabète) après seulement une vingtaine de minutes passées en station assise. En absence d’activation, les muscles ne sont tout simplement pas en mesure de capter efficacement le glucose circulant dans le sang.
Au niveau musculaire, le fait d’adopter une position où la gravité s’oppose au retour du sang vers le cœur mène à une accumulation de celui-ci dans les membres inférieurs. À long terme, cette accumulation cause non seulement leur gonflement, mais prive également les autres muscles à l’effort d’une partie de ce sang. Au final, les régions musculaires à l’effort se retrouvent moins bien oxygénées, ce qui les amène à se fatiguer plus vite. On parle même à long terme d’un risque accru de blessures de surutilisation, vous savez les fameuses tendinites et nombreux syndromes aux noms loufoques tels que «tunnel carpien» ou «d’accrochage».
Et qu’en est-il du tour de taille ? Pour faire une histoire courte, disons simplement que le fait de rester assis n’est pas corrélé avec un gain de poids corporel… à moins d’être également stressé. L’explication : ce n’est pas la position assise comme la fatigue mentale accompagnant un travail intellectuel exigeant effectué en position assise qui cause l’augmentation du taux de cortisol sanguin, donc de stress. Un des effets du cortisol étant de stimuler l’appétit, l’individu stressé consommera donc davantage de nourriture… et accumulera les kilos. Fait à noter : plus le travail intellectuel est demandant, plus la consommation de nourriture est élevée.