Les plus fins observateurs remarqueront que les coupures qui tapissent l’actualité depuis l’élection des libéraux ne font pas l’unanimité. En effet, plusieurs manifestations ont déjà eu lieu et, dans les milieux plus militants, on promet que ce n’est que le début. Parlant de milieux militants, les acteurs principaux de ceux-ci sont généralement les grands syndicats.
Quel rapport avec le campus? La comparaison entre l’association étudiante et le syndicat n’exige pas un grand effort mental. L’Association générale des étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGE UQTR) est en quelque sorte notre syndicat maison; et, comme dans le milieu syndical, il lui serait possible de s’associer à un regroupement national.
D’ailleurs, dans un contexte où une grande contestation populaire est en voie de s’enclencher, le pragmatisme dicte que l’union des forces est une bonne idée. Ce n’est donc pas un hasard si un communiqué de presse annonçant la création d’une association nationale est apparu sur le site web de l’AGE.
Un peu d’histoire
Jusqu’en 2009, l’AGE UQTR était affiliée à la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Les anciens de l’AGE ne peuvent référer à ce regroupement d’associations sans ressentir un frisson dans le dos. En effet, la saga menant à la désaffiliation pourrait faire l’objet d’un ouvrage passablement volumineux tellement les rebondissements en ont été romanesques.
Sans s’étendre sur le sujet, notons entre autres que l’AGE envoyait bon an mal an autour de 20 000$ en cotisation à la FEUQ, le tout pour une représentation quasi nulle. En effet, les décisions étaient systématiquement prises par un comité central et rentrées dans la gorge des associations membres.
Bref, notre association s’est divorcé en très mauvais termes avec la «fédé». Et elle n’est pas la seule.
En 2011-2012, des rapprochements ont eu lieu entre l’association trifluvienne et la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ). Cette dernière, que l’on pourrait surnommer «Comité de soutien pour les frustrés de la FEUQ», est passée à peu de choses de devenir un acteur important du mouvement étudiant pendant la grève de 2012.
Or, une des raisons pour laquelle l’AGE UQTR n’a pas rejoint ce dernier groupe, c’est qu’elle n’avait pratiquement rien à y gagner. En effet, la TaCEQ avait les défauts de ses qualités: un total respect des positions des associations membres; dont l’envers de la médaille est une totale incapacité d’agir rapidement. Si action il y a, évidemment.
«D’ailleurs, dans un contexte où une grande contestation populaire est en voie de s’enclencher, le pragmatisme dicte que l’union des forces est une bonne idée.»
En fait, durant la grève de 2012, l’AGE UQTR avait réussi à avoir plus d’attention médiatique et de crédibilité publique que la fameuse TaCEQ. Une preuve de cette assertion: l’AGE UQTR a adopté en Assemblée générale le Fonds des services de santé et d’éducation postsecondaire (FSSEP) comme suggestion alternative à la hausse des droits de scolarité et, par la suite, a eu droit une rencontre (très médiatisée) à peine quelques semaines après avec une députée libérale afin de le faire valoir. De son côté, la TaCEQ n’a jamais même pu faire publier un article de 9e page d’actualité sur le sujet.
Autrement dit, notre association se débrouille assez bien toute seule.
Et maintenant?
D’abord, spécifions que l’association nationale en devenir (voir le texte en Actualités sur le sujet) est le produit de rencontres répétées entre les officiers de plusieurs associations universitaires semblables à la nôtre; nommément, l’AGECAR de Rimouski, le MAGE-UQAC de Chicoutimi et le REMDUS de Sherbrooke.
Un aspect important est que l’on vise à éviter le «montréalocentrisme» exaspérant des autres associations nationales. Un exemple frappant de ce phénomène est le suivant: combien de fois des manifestations ont-elles été organisées hors de l’ile de Montréal? Et c’est sans compter la prédominance des affaires touchant les universités montréalaises, même en «temps de paix».
Reste que l’échiquier du mouvement étudiant est en train de changer grandement. La FAÉCUM (de l’Université de Montréal), anciennement la grande architecte de la FEUQ, songeait récemment à quitter le navire et à fonder une nouvelle association nationale de son côté, une sorte de FEUQ 2.0.
De plus, l’anciennement marginale Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a pris du galon depuis 2012 et s’impose maintenant comme le regroupement national principal. Certains diront que l’association ne prétend pas à ce titre. Il n’en demeure pas moins qu’avec les revers actuels du côté «fédé», elle est maintenant le poids lourd du point de vue de l’ancienneté et du membership.
Où se situera la nouvelle «asso des régions» là-dedans? Servira-t-elle de tremplin national aux associations régionales traditionnellement laissées pour compte comme la nôtre? Ou deviendra-t-elle un fardeau administratif de plus; un palier décisionnel inutile de plus, carburant à coup de cotisations obligatoires comme la FEUQ l’a été par le passé?
La réponse est encore un exercice de futurologie. Mais l’AGE UQTR se débrouillait pas mal bien en étant indépendante…
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Communiqué de presse de l’AGE UQTR à propos de la nouvelle association nationale: www.ageuqtr.org/age/nouvelles/les-associations-etudiantes-de-regions-mettent-la-table-pour-une-nouvelle-alliance-nationale.
Document explicatif du FSSEP produit par la Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL): www.cadeul.com/cadeul_real/sites/default/files/FSSEP-document%20explicatif%20%28adopt%C3%A9%20aut.%202010%29.pdf