Un ami, étudiant à l’Université du Québec à Chicoutimi, me demandait récemment si on escomptait tomber en grève à l’UQTR. Ma réponse fut des plus brève: «LOL». C’est que, voyez-vous, une grève, ça prend du temps et de la volonté pour la faire marcher. Particulièrement dans une université qui, historiquement, n’a connu qu’une seule grève générale illimitée.
Or, temps et volonté sont deux choses qui commencent généralement à manquer aux élus vers le début mars à l’AGE UQTR. La raison? Les élections. En effet, ceux qui ne se présentent pas de nouveau se mettent à compter les jours d’ici la fin de leur mandat, alors que les autres s’occupent de la campagne elle-même.
Il ne sera donc pas question de grève ici, mais bien des élections annuelles de l’AGE qui sont présentement en cours. En effet, ce qui semble être une ennuyante exigence bureaucratique est probablement le moment qui peut receler le plus de surprises pour les gens impliqués.
Les élections peuvent effectivement amener leur lot de surprises. Parfois, un vétéran, croyant avoir sa réélection dans la poche, verra un inconnu lui damer le pion. D’autres fois, une personne sera élue, mais avec un taux si peu élevé que la chaise aura failli gagner.
C’est bien sûr aussi le moment où ceux qui se sont plaints toute l’année de la gestion des dossiers, du manque de transparence et autres récriminations habituelles ont l’occasion de se présenter pour changer les choses. Devant le plébiscite, tous sont égaux à priori.
D’ailleurs, le vote se faisant sur le portail, il s’agit probablement du moment où on sonde la plus grande variété d’étudiants sur le campus. Cela se pose en contraste avec les Assemblées générales qui, malgré toute la bonne volonté que l’on y met, n’attirent qu’une fraction des membres.
Toujours pas très palpitant, direz-vous? Au moins l’auteur de ces lignes aura-t-il fait sa part pour tenter de valoriser le vote…
Ces considérations épuisées, certaines choses sont très révélatrices de l’actualité dans ces élections. En effet, il est relativement comique de constater que, malgré que dans le reste du mouvement étudiant on commence à préparer une mobilisation de grande envergure contre les politiques d’austérité, personne n’a présenté sa candidature à la vice-présidence aux affaires sociopolitiques.
Ce poste est justement, comme son nom l’indique, celui en charge de la mobilisation et de la direction des grèves et autres moyens de pression. Le vide de candidat démontre bien comment, à l’UQTR, les revendications sociales sont une patate chaude que l’on a tendance à vouloir repousser sous le tapis, jusqu’à ce qu’elle ait mis le feu au reste de la bâtisse.
Bien que très typique, cette situation est passablement déplorable. Bien que cela ne semble pas affecter grand monde au premier abord, l’AGE UQTR est reconnue dans le mouvement étudiant pour être l’association qui reste assise sur son derrière et qui ramasse les bénéfices des luttes auxquelles elle n’a pas participé.
«Le vide de candidat démontre bien comment, à l’UQTR, les revendications sociales sont une patate chaude que l’on a tendance à vouloir repousser sous le tapis, jusqu’à ce qu’elle ait mis le feu au reste de la bâtisse.»
Il s’agit là d’une étiquette qui peut compliquer énormément les relations entre associations locales, bien que les rapprochements, discutés notamment dans l’éditorial précédent, semblent en démentir la gravité.
Monnayer l’implication
Au grand dam de l’auteur de ces lignes, le comité électoral de cette année a cru bon d’inscrire le montant de la bourse d’implication remise aux officiers en échange de leur travail sur les affiches incitant la mise en candidature.
Depuis toujours, cette pratique a été réprimée, et ce, pour une bonne raison: le but est d’attirer des candidats et candidates prêts et prêtes à s’impliquer à fond dans leurs fonctions, pas ceux qui cherchent simplement un complément à ce que le ministère leur verse en prêts et bourses.
Surtout par les temps qui courent, l’AGE UQTR n’a aucunement besoin de rapaces qui sont seulement intéressés par la «paie» et qui négligeront leurs fonctions.
L’idée ici est, bien entendu, de tenter de favoriser la participation. Est-ce une franche réussite? Tel que discuté plus haut, un poste a été incapable d’attirer un seul candidat et quatre autres ne sont brigués que par une seule personne (ainsi que la chaise évidemment).
Cette idée, bien qu’elle parte d’une intention louable, a néanmoins le défaut de contribuer à monnayer l’implication. En effet, personne ne fait carrière à l’AGE; il s’agit de prendre un an (ou plus) de ses études pour s’impliquer pour la communauté universitaire. En échange, on reçoit des expériences hors du commun et une certaine fierté du travail bien accompli.
Considérer la bourse d’officier comme un salaire de la sorte, comme la récompense plutôt que comme le moyen de l’implication, revient à rien de moins que profaner le sens de l’implication étudiante.