Les plus fins observateurs auront appris que l’UQTR mène actuellement une consultation quant à la prochaine figure de proue de son administration.
En effet, rares sont ceux parmi les étudiants qui en ont entendu parler. Une recherche sur notre portail s’est avérée vaine à ressortir un message nous interpelant à ce sujet. Quiconque en aurait eu vent par hasard doit se tourner vers les journaux régionaux et Radio-Canada pour en connaitre les tenants et aboutissants.
Il faut dire que le processus de sélection du rectorat est plutôt opaque. Un comité avec pouvoir décisionnel est formé et possède le dernier mot quant à la décision. Autrement dit, six personnes opèrent un choix unilatéral sans égard pour la communauté universitaire qui devra en vivre les conséquences.
D’aucuns me rétorqueront qu’il existe un processus de sélection à l’intérieur du campus. Ils auront évidemment raison, mais il ne faut pas voir là une réfutation de ce que j’avance.
Premièrement, ce processus n’a aucun pouvoir décisionnel. Comme le fait remarquer Brigitte Trahan du Nouvelliste dans son article du 22 septembre dernier, la communauté universitaire s’était prononcée majoritairement contre le second mandat du recteur Bourque. Or, le comité de sélection avait reconduit son règne en dépit de cet avis.
Deuxièmement, même si la consultation se voyait dotée d’une réelle valeur décisionnelle, elle n’est clairement pas représentative de la communauté universitaire. Par exemple, tous les 13 000 étudiants ne se partagent qu’une seule voix dans le vote (contrôlée par l’AGE), alors que chaque vice-recteur et chaque professeur possèdent une voix individuelle. Le débalancement est évident.
Finalement, bien qu’une présentation publique des candidats (de l’unique candidat dans le cas présent) ait eu lieu, l’administration ne s’est pas pliée en quatre pour inviter la population étudiante à s’y rendre. Il est donc évidemment très rare d’y croiser autre chose que des enseignants et du personnel administratif, exception faite des officiers de l’AGE.
Bref, le processus est passablement déplorable et peu représentatif.
Qu’en est-il du fameux comité de sélection omnipotent? Là encore, soulignons le fait que les étudiants n’y soient aucunement représentés. Qui plus est, le corps enseignant lui-même n’y a pas sa voix au chapitre. En effet, les seuls membres de ce comité liés à l’UQTR sont des hauts fonctionnaires. Pour le reste, il s’agit de représentants des institutions du réseau des universités du Québec et du ministère.
Comme le disait M. Biskri, président du syndicat des professeurs, peut-être serait-il temps que l’UQTR se distance du réseau des UQ et prenne ses propres décisions.
Et le candidat?
Qui s’étonne du nombre limité de candidatures retenues? Avec tout le salissage auquel Mme Ghazzali a eu droit, personne n’a envie de se frotter à l’ingratitude de ce poste.
Pourtant, un candidat au curriculum vitae intéressant a bel et bien été reçu. Ancien vice-recteur, actuel président de l’ordre professionnel des comptables et ex-maire de Nicolet: impossible de prétendre que monsieur ne sait pas gérer une équipe.
Ceci étant dit, une micro-polémique a tout de même trouvé le moyen d’éclater au sujet de cette candidature. En effet, malgré ces diverses expériences pertinentes, M. McMahon n’est pas titulaire d’un doctorat en bonne et due forme.
Où est la polémique ici? Certains croient qu’un recteur se doit d’avoir été chercheur, sans quoi il ne sera pas en mesure de comprendre les enjeux reliés à cette activité universitaire.
Loin de moi l’idée de décourager la saine critique, surtout dans le cas d’une élection et qui plus est considérant le fiasco du dernier règne rectoral dans notre université. Néanmoins, il me semble que ce questionnement peut facilement devenir problématique.
«Trop souvent avons-nous l’impression récemment que l’enseignement est mis de côté; il n’est question ici que de rétablir un équilibre.»
N’oublions pas, comme certains le voudraient bien, que la mission primordiale de l’université québécoise est avant tout la formation. Évidemment, la recherche et la création de connaissances sont importantes. N’en demeure pas moins que l’UQTR a avant tout été fondée afin de permettre aux gens d’acquérir une éducation de qualité en région.
Trop souvent avons-nous l’impression récemment que l’enseignement est mis de côté; il n’est question ici que de rétablir un équilibre. Ainsi, il m’apparait rassurant plutôt qu’inquiétant de voir un candidat au rectorat dépourvu d’un doctorat, mais pourvu d’un prix d’excellence en enseignement.
En 2011, l’AGE UQTR s’était positionnée en faveur de la candidature de Nadia Ghazzali parce qu’elle était la seule qui semblait se soucier du groupe d’intérêt majoritaire de l’université: les étudiants. Sans lui faire don du bon dieu sans confession, un recteur ayant fait ses preuves comme enseignant amènera probablement un vent de fraicheur sur le campus.
Démocratie?
Parlant de la prise de position de l’AGE sur le sujet, celle-ci s’est prise à l’intérieur de l’élite. Tant qu’à représenter avec sa seule voix les 13 000 membres, l’association aurait peut-être été justifiée de les consulter…