Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le disque compact a été, et est encore pour plusieurs, une part importante, presque vitale, de la vie de tous les jours. Cette petite galette remplie de 1 et de 0 célèbre ses trente ans cet automne sur un fond d’un déclin continu depuis plus de dix ans. Chronique nostalgie!
Le disque compact est apparu à l’automne 1982, prenant la forme de l’album 52nd Street, par Billy Joel. Il s’agissait alors d’une révolution dans une industrie qui commençait à stagner. Ce petit gadget, rendant obsolète le vieux vinyle poussiéreux et rempli d’égratignures, assurait le mélomane d’un son pur et cristallin, d’une qualité inégalée. Dans un autre ordre d’idées, il représentait également une mine d’or pour l’industrie qui l’a imposé comme médium d’avenir.
En effet, avec le CD sont venues les innombrables rééditions de catalogues afin d’offrir des versions «améliorées» et «définitives» des albums que nous avions déjà en vinyles. L’adaptation à l’ère numérique a donc donné un nouveau souffle à l’industrie du disque, tout en réduisant les coûts de production et de manutention des produits, beaucoup plus petits que leurs prédécesseurs.
Les deux décennies suivant l’arrivée du CD représentent une période de prospérité pour l’industrie du disque. En plus de faire un profit considérable avec les rééditions des albums classiques, les majors de l’industrie profitaient d’une visibilité et d’une mainmise sur le médium, se permettant des marges de profit de plus de 40% par disque, sans compter les frais de distribution.
La révolution
Seulement, les dirigeants de l’industrie du disque sont devenus avares et occupés à se vautrer dans l’argent, comme un porc se vautre dans la boue. Trop aveuglés par le profit pour prévoir ce qui se préparait. La révolution provenant d’un outil sous-estimé, le web.
Napster a été un véritable cadeau magique de l’Internet. La libération des consommateurs souvent floués par une industrie de plus en plus axée sur le profit et l’image que sur le talent. Grâce à ce petit bijou, les amateurs de musique ont pu se défaire des barrières physiques qu’incarnaient les sélections en magasin et, avouons-le, le snobisme des commis.
La dématérialisation de la musique a pris de court toutes les compagnies de disques, les distributeurs, les vendeurs et les artistes eux-mêmes qui ont encore du mal à s’adapter à la mise en marché qu’offre Internet.
Il peut s’agir d’un mode de distribution merveilleux. On peut rejoindre plus facilement les amateurs en offrant un produit compétitif et à petit prix. Les artistes peuvent faire un meilleur profit tout en entretenant un lien fiable et une proximité avec leurs fans. Il existe maintenant des outils faciles qui offrent une visibilité intéressante aux artistes.
Malheureusement, Internet laisse beaucoup moins de place qu’avant à l’industrie du disque. Les compagnies de disque sont de moins en moins nécessaires dans le processus, libérant les artistes et leurs fans, mais amenant des changements majeurs à l’économie de la musique. Maintenant, l’utilisateur a un contrôle beaucoup plus accru sur ce qu’il écoute et choisit d’écouter ce qu’il aime. Nous assistons maintenant à une plus grande compétition et beaucoup moins de placement de produit, comme auparavant.
Résurgence?
Est-ce que le CD peut être le sauveur de l’industrie? Il y a fort à parier que non. Il ne reste probablement que quelques bonnes années à ce médium avant qu’il ne disparaisse, du moins des étagères de nos magasins. Est-ce que cela signifie la fin de l’industrie du disque? Probablement pas. En fait, on assiste présentement à une réingénierie de l’industrie. Celle-ci s’oriente maintenant autour de la musique, celle qui se vend à la pièce sur des sites légaux de distribution, délaissant tranquillement les formats physiques et le concept d’album. De la révolution à l’évolution.
De toutes ces perturbations qu’a amenées l’Internet est également née une nouvelle forme de distribution de la musique, cette fois-ci sur vinyle. En effet, des jeunes qui n’ont même jamais connu les grosses pochettes de trente centimètres ou le son d’une aiguille frottant la surface d’un disque ont découvert les plaisirs de ce médium rétro qui donne un nouveau sens au disque.
Il s’agit, d’une certaine façon, d’un radeau de sauvetage pour une industrie maintenant partitionnée en plus petits fabricants et distributeurs. Nous avons redécouvert le potentiel d’un album grâce à ces grosses galettes qui renferment un son tout particulier dans ses sillons, rendant l’objet essentiel à l’expérience musicale.
Il reste bien sûr quelques irréductibles qui risquent de continuer à favoriser les petites pochettes de plastique, fragiles et d’une froideur en mal d’originalité. Il y en a encore qui se contentent de voir leurs petits disques disparaître dans un tiroir pour se faire déchiffrer par un laser. Malheureusement pour eux, et pour nous au final, la perspective de sortir de la maison pour allez se procurer les derniers albums de nos artistes préférés chez notre disquaire s’en vient de moins en moins réaliste. Mais ça, c’est une autre histoire !
C’est la que je me sens vieux 🙂
Vous n’êtes pas le seul ! Mais heureusement que le vinyle revient à la mode 😉