Le lock-out est T-E-R-M-I-N-É! Ceux qui prennent plaisir à s’abrutir devant les chaînes sportives, à la télé et à la radio, vont pouvoir s’asseoir et se laisser remplir par de pseudos experts et leurs contacts dans le junior BB jusqu’en juillet s’ils le veulent! Les joueurnalistes et autres donneurs d’opinions à deux cents et demie vont finalement pouvoir se remettre à parler du contrat de Scott Gomez, du petit déjeuner de Carey Price ainsi que du fait que Mathieu Darche est tellement un bon gars.
Vous remarquerez que, jusqu’à maintenant, je ne vous ai pas encore parlé de hockey, ce sport-divertissement qui rend nos soirées un peu plus intéressantes, une fois de temps en temps. Le hockey, cet exercice de détermination, dans les deux sens nord-sud de la patinoire, considéré par tout pays nordique qui se respecte comme un sport national. Non, le hockey n’est pas ce dont il est question ici. Le sujet de cet article, c’est le sport national des Québécois : parler de, mais surtout spéculer sur, Canadien.
C’est bien connu, nous n’aimons pas le hockey. Non! Nous, ce que nous aimons, c’est Canadien. Pas n’importe quel Canadien, celui que l’on a aimé entre 1950 et 1993 et celui que les «analystes» de L’Antichambre ou du Match essaient de nous vendre. Une équipe qui n’existe pas et qui ne pourrait exister dans la réalité de la nouvelle ligne nationale. Une réalité monétaire qui amène les meilleurs joueurs québécois à s’exiler à Los Angeles ou à Tampa pour éviter le fanatisme maladif de fans qui ne seront jamais satisfaits de leurs performances de toute façon.
Ce genre de culture malsaine du non-hockey est particulier à nous et à ce sport. Bien sûr, on retrouve les ultras au soccer et n’essayez pas de vous lever pendant un jeu au football américain, cependant, on retrouve une certaine dévotion pour le sport. Un fan de l’Olympique de Marseille ne s’empêchera sûrement pas d’apprécier un match de seconde division s’il en a la chance. Les américains vouent également un culte au football et au basketball universitaires alors qu’au Québec, les fans préfèrent regarder le dernier épisode de Lance et Compte plutôt que la finale de la médaille d’or en hockey aux derniers Jeux olympiques.
Vous ne me croyez pas? Je vous invite à un exercice très simple. Combien de parties de hockey avez-vous regardées cet automne, toutes ligues et niveaux confondus? Ne vous méprenez pas, il y a eu du très bon hockey qui s’est joué pendant le lock-out. Entre la LHJMQ, la Ligue américaine et la Coupe du monde des juniors, les Québécois ont majoritairement choisi de se plaindre du lock-out. L’offre de hockey était là et nous l’avons répugnée du revers de la palette. Pourquoi me direz-vous? Eh bien, parce que Canadien!
Qui doit-on blâmer? Réjean Tremblay? Renaud Lavoie? Ron? Probablement que non. Au Québec, Canadien n’est pas qu’une simple équipe de hockey. C’est un symbole que nous avons associé à notre identité nationale. Un symbole que nous avons assimilé à la culture canadienne-française. Canadien c’est Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur, des petits Québécois qui ont su accomplir de grandes choses dans l’uniforme du bleu-blanc-rouge. C’est notre père et notre grand-père qui ont grandi devant la télé ou la radio à regarder «nos Glorieux». Accessoirement, c’est aussi le sujet d’une chanson très plate de Loco Locass.
Ça, les propriétaires de Canadien le savent. C’est pourquoi ils ont fait duré le centenaire pendant deux saisons et qu’ils nous achalent toujours avec le foutu flambeau. Depuis le milieu des années 2000, l’équipe marketing du club a réussi à jouer sur la nostalgie liée à l’époque où l’équipe comptait dans ses rangs une majorité de Canadiens-français pour nous faire oublier qu’il n’en reste même plus à Montréal.
C’est de la poudre aux yeux, un mirage qui nous fait oublier que la dernière coupe Stanley gagnée par l’équipe date d’il y a vingt ans et que, depuis ce temps, le club n’a jamais été vraiment en mesure de la gagner de nouveau. C’est aussi une façon de nous faire oublier que l’édition 2012-2013 de Canadien est composée en majorité d’has been vieillissants et surpayés et qu’il n’y a aucune relève à Hamilton. Un mythe pour nous faire oublier que malgré ses vaillants Canadiens-français, ses habitants, qui ont fait sa renommée, le club n’a jamais été la propriété d’un francophone.
Pourtant, c’est une pratique qui fonctionne à merveille. Le matin où s’est signée l’entente de principe, les médias sont devenus fous et n’ont parlé que de hockey pendant une semaine. Pardon, pas de hockey, de Canadien! Les fans sont extatiques et pour chacun d’entre eux qui veut punir la Ligne nationale et les joueurs, il y en a des dizaines qui n’hésiteront pas à allez roter leur support dans les bars sportifs du Québec. Nous serons tous au rendez-vous pour les premiers matchs de la saison. Nous détesterons tous le Boston ou le Philadelphie et sentirons tous la coupe, après vingt matchs.
Maintenant, vous m’excuserez, je dois appeler Ron pour me plaindre du non-but de Scott Gomez et rappeler à tout le monde que Mathieu Darche, c’est un maudit bon gars.