En pleine face : Génération blanche — Savoir reculer

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La scène politique, ces dernières années, s’agrandit et offre une plénitude de nouvelles possibilités et de nouvelles façons d’envisager le Québec, plus particulièrement pour les souverainistes. Il existe tellement d’options qu’on tente enfin de s’organiser sous une forme de convergence entre les partis. Malheureusement pour cette entreprise pleine de bonne volonté, une autre organisation souverainiste, qui a vu le jour dernièrement, tente de jeter un pavé dans la marre, de plus en plus restreinte, de l’indépendance.

Les lecteurs les plus avides de mes chroniques connaissent déjà mon affection pour le jeune Aussant et son fan club. Cependant, cette nouvelle organisation, Génération nationale, risque de prendre sa place de favori dans mon cœur. Il s’agit d’un regroupement des forces souverainistes, mais surtout nationalistes ayant en commun une saveur conservatrice défendant un héritage commun à tous les Québécois. Du moins aux blancs favorisant les valeurs canadiennes-françaises.

Génération nationale se dresse contre les partis souverainistes qui mettent de l’avant des principes de «modernisme» et de «progressisme» de gauche qui distraient souvent les ambitions, mais, surtout, les traditions nationales des Québécois. L’organisation politique, qui n’est pas encore un parti, se dresse «avec véhémence» contre le multiculturalisme et la diversité qui caractérise le Québec et le Canada depuis déjà quelques décennies.

En quelque sorte, GN s’offre comme une alternative pour conservateurs nationalistes qui regrettent la bonne vieille époque d’avant la Révolution tranquille et le progrès social. Ils vont au front, à la défense de l’État-Nation et de la pureté historique du Québec afin de le protéger de l’assimilation (ou de l’islamisation, si l’on en croit Djemila Benhabib). En outre, le mouvement dénonce «l’élite multiculturaliste» qui «menace les bases de l’Occident et de la dignité humaine».

Pour contrer le péril multicolore, les Génistes proposent une «laïcité véritable et respectueuse de notre patrimoine». Un patrimoine qui est, rappelons-le, construit sur une vision très catholique romaine pas très laïque en elle-même.

Le rejet du multiculturalisme n’est pas un concept nouveau pour les forces souverainistes ou nationalistes. Cependant, la défense de Génération nationale repose principalement sur la primauté de la «race» canadienne-française (dans sa forme classique) sur les cultures canadiennes-anglaises et, plus récemment, sur celle des nouveaux arrivants. On cherche donc à circonscrire l’identité québécoise à sa conception classique : francophone, reliée au territoire et, accessoirement, blanche.

Génération nationale veut donc protéger la nation contre les menaces extérieures et empêcher la dilution de la culture en refusant celle des autres. Il s’agit d’une triste fermeture d’esprit de la part de cette organisation qui vise d’abord et avant tout les jeunes. Les cinquante dernières années nous ont montré que nous avons tout à gagner en tant que peuple en nous ouvrant aux autres. Notre monde change et nous devons apprendre à changer avec lui.

Un retour en arrière

L’idéologie identitaire de Génération nationale ne s’arrête pas seulement à une critique du multiculturalisme. Sur le plan de l’éducation, le regroupement réfute les réformes et insiste pour un retour à une vision classique de l’enseignement. Selon eux, le système d’éducation actuel rend l’élève beaucoup trop individualiste et ignore les caractéristiques de la «société majoritaire» du Québec. On oppose ce système jugé déficient à un retour à l’éducation classique, question de «perpétuer les similitudes nécessaires à la vie en société» et revaloriser la «fonction de l’enseignant et l’autorité du maître». Après tout, pourquoi former des pédagogues pendant quatre ans lorsqu’une strap et un ton autoritaire peuvent tellement accomplir auprès de l’enfant.

L’éducation classique est sans aucun doute la meilleure façon d’apprendre à nos jeunes à vivre en société. C’est même à se demander pourquoi nous l’avons réformée. Le retour des collèges serait idéal afin de former les citoyens de demain pensant comme ceux d’hier. D’ailleurs, n’oublions pas également l’équivalent féminin des collèges classiques : l’école des ménagères, aussi connu sous le nom «d’institut familial», qui apprenait aux filles à tenir la maison, à cuisiner et à agir comme une femme respectable en société. Le rêve, quoi!

Soulignons aussi que Génération nationale se dresse contre la maximisation de l’accessibilité aux études et contre la «démocratisation» des institutions d’enseignement qui, pour eux, représentent un nivellement par le bas. C’est bien connu, une population éduquée ne fait que perpétuer l’individualisme et met en danger la nation en elle-même! Rendre l’éducation postsecondaire facile d’accès permet aux citoyens d’acquérir une meilleure capacité de réflexion et, on le sait, une société qui pense est une société en perdition!

Faudra-t-il retourner au Québec d’antan pour satisfaire GN? Doit-on revenir à la bonne vieille époque où seuls les plus riches avaient accès à l’éducation et constituaient l’élite, à côté du clergé? J’espère bien que non. On ne peut transposer le Québec de Duplessis sur celui que l’on connaît aujourd’hui. Les préoccupations ne sont plus les mêmes, les mentalités ont changé et le monde autour de nous change. Souhaitons que leur vision arriérée du nationalisme se perdra dans l’oubli ou, du moins, restera marginale.

Pendant ce temps, les souverainistes s’organisent autour d’une Convergence nationale. Il est trop tôt pour savoir si les tentatives de rapprochements vont mettre fin aux habitudes fratricides qui se sont installées entre les partis souverainistes. Espérons seulement que Génération nationale, qui est née le même jour que la Convergence, se fera oublier au sein du mouvement, puisque sa présence ne fera rien d’autre que de nuire aux espoirs souverainistes.

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