En pleine face : Injustice gratuite

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J’avais cru que nous aurions pu nous rendre jusqu’aux Fêtes sans discuter de politique. Honnêtement, j’en ai marre de vous entretenir des hauts et des bas de la politique étudiante. Malheureusement, les évènements récents concernant la position de l’AGE dans l’optique d’hypothétiques États généraux sur l’éducation me ramène, bien malgré moi, à mes vieilles habitudes.

C’est le 28 novembre que s’est tenue une Assemblée générale spéciale où il a été décidé que l’AGE UQTR proposera la gratuité scolaire dite «balisée» lors d’éventuels États généraux sur l’éducation. L’Assemblée s’est ouverte avec la constatation d’un quorum atteint avec seulement 61 étudiants alors que 60 était le nombre minimal de présences nécessaires. Le nombre d’étudiants présents tout au long de l’Assemblée n’a pas dépassé les 70. Il s’agit de moins de 1% des membres de l’AGE UQTR qui ont choisi l’orientation idéologique officielle d’une dizaine de milliers d’étudiants.

Loin de moi l’idée de pourfendre la position de la gratuité ou de l’opposer à d’autres alternatives dans le cadre de cette chronique. Chaque position a sa valeur si elle peut être débattue et choisie par une pluralité de membres d’une association. Il faut aussi, idéalement, qu’une position ait une valeur morale, démocratique et justifiable à la face du monde. Cependant, ce n’est pas le cas de la nouvelle position de l’AGE UQTR.

Il y a un sérieux malaise lorsque l’on constate que cet appui à la gratuité scolaire était la seule option proposée face à un statu quo flou. Aucun vrai débat n’a pu être soulevé sur les différentes possibilités envisageables en rapport aux droits de scolarité. Effectivement, la proposition était formulée de façon à seulement permettre un vote pour ou contre la gratuité scolaire lors d’hypothétiques États généraux. Faisant comme s’il s’agissait, en quelque sorte, de la seule position valable (ou non) et qu’aucun compromis ne pouvait être mis de l’avant.

Malgré tout, le plus gênant reste fort probablement le petit taux de participation à l’Assemblée. Avec un tel enjeu sur la table, on aurait pu s’attendre à une plus grande mobilisation. Pourtant, les étudiants ne se sont pas présentés. Une levée de cours n’a pu être obtenue par l’AGE UQTR qui a appliqué à la lettre ses règlements et qui a tenu l’Assemblée malgré le nombre restreint de participants. On ne peut vraiment pas leur reprocher un manque de publicité, tout a été fait selon les règles de l’art.

À qui doit-on attribuer la faute alors? La logique veut que l’on accuse les étudiants eux-mêmes de ne pas s’être présentés à l’Assemblée. En s’absentant, ils ont renoncé à leur voix et à leur droit de vote. Après tout, les absents ont toujours tort. Cependant, bien que je sois d’accord avec ce principe, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est impossible que 99,5% des étudiants de l’UQTR aient tort. Autrement, il s’agirait d’une ironie, d’un manque de respect risible et répugnant à l’intelligence des étudiants.

Il est tout simplement inacceptable qu’une si petite minorité décide de la position officielle de l’Association générale de tous les étudiants. C’est anti-démocratique et immoral de la part de nos gestionnaires d’avoir permis son adoption dans ces conditions.

D’une certaine façon, on comprend qu’il était impossible pour nos officiers de rejeter la décision de l’Assemblée. Elle a été tenue en accord avec les statuts et règlements généraux qui balisent la procédure, rendant le processus valide et justifiable. Cependant, peu importe si tout le procédé suit les règles à la lettre, on pourrait s’attendre à une honnêteté intellectuelle ainsi qu’à une apparence de justice lorsqu’il s’agit d’un dossier aussi controversé et polarisant que celui des droits de scolarité. C’est un respect moral à la démocratie que de décider de ne pas donner son aval à un tel processus, en tant qu’officier ou en tant qu’étudiant.

Lorsque l’on prend le temps d’analyser les votes de ce printemps, alors que la grève avait été votée avec moins de soixante voix de différence et que la décision avait été renversée à la première occasion par plus du double de votants, on comprend assez facilement que l’UQTR n’est pas le campus le plus à gauche du Québec. Nous gagnerions peut-être à mieux nous connaître entre nous en discutant et en échangeant sur nos perceptions divergentes de ce que représente l’éducation. De cette façon, il serait plus facile d’en arriver à une décision qui représenterait la majorité plutôt qu’à une résolution imposée par une infime minorité d’étudiants qui avaient leur après-midi de libre ce jour-là.

Chose certaine, nous devons arriver à un consensus en passant par l’ouverture et le dialogue. Nous sommes des milliers à nous fréquenter sur le campus et à vivre ensemble, qu’on le veuille ou non. Nous devons respecter les opinions des autres et nous adapter aux décisions de la majorité. Il est important que la démocratie la plus ouverte, mais surtout la plus transparente, nous permette de nous exprimer.

Si désaccord il y a, il est impératif de trouver une solution ensemble et de ne pas se cacher derrière les dogmatiques règlements et procéduriers. Après tout, les grandes batailles de l’humanité ont été gagnées par la force du nombre, pas parce qu’un individu a su utiliser une ligne d’un règlement en sa faveur.

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1 commentaire

  1. L’ironie de tout ça est que d’adopter des budgets et des états financiers à ce nombre est très corrects. Nous n’entendons jamais chialer, mais lorsqu’il est question d’adopter une position politique soudainement ce ne l’est plus. Entendons-nous que des budgets et des états financiers sont des choses beaucoup plus importantes qu’une position politique.

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