Depuis un peu plus d’un an, certains étudiants ont décelé les failles et les limites du procédurier démocratique de l’Association générale des étudiants de l’UQTR. À l’orée de l’élection d’un nouveau conseil exécutif de l’AGE UQTR, il est temps de ré-imaginer la démocratie sur le campus.
L’AGE UQTR, qui a célébré ses 38 ans le 19 mars dernier, n’a pas ou peu remis en cause le fonctionnement de son procédurier depuis sa fondation. Nous sommes malheureusement encore soumis à un rituel d’un autre temps, celui des assemblées générales interminables, orchestrées avec toute la lourdeur du code Morin et du nombre infime d’étudiants qui le maîtrise réellement. Pas étonnant que le taux de participation à ces assemblées fonde comme neige au soleil.
D’ailleurs, il est difficile de ne pas s’esclaffer lorsqu’on lit «Une AGE à l’image de 10 000 étudiants» sur le site web d’une association qui juge correct de baser ses orientations politique et sociale sur le vote d’environ 75 étudiants. Un nombre limité d’étudiants qui ont le luxe d’assister à une assemblée en plein après-midi ou même en soirée, annoncée à une semaine d’avis. Il s’agit d’une bonne blague que nous sert l’illusion de la démocratie. Une information erronée qu’on nous fait avaler de force dans des communiqués de presse qui ne veulent rien dire et qui n’ont jamais été approuvés en AG.
Déconnection
Nous sommes plusieurs à avoir constaté l’immense fossé (le canyon, même) qui s’est installé depuis plusieurs années entre les «études» et la «vie étudiante». Force est de constater que la plupart des étudiants se sont désintéressés de l’actualité de l’UQTR. Généralement, la vie étudiante se résume à passer prendre un café pour apporter ou boire une bière de qualité moyenne en se ridiculisant au karaoké. Le campus est un vrai désert en ce qui concerne la vie étudiante. Malheureusement, il faudra plus qu’un pavillon pour combler le vide entre l’étudiant moyen et son campus.
Heureusement pour nous, il existe différentes façons de rejoindre les étudiants, autres que les méthodes traditionnelles de l’affichage et des écrans de diffusion. L’internet, par exemple, peut être un outil fort intéressant pour reconnecter avec la vie du campus. Malheureusement, nous n’arrivons pas encore à l’exploiter à son plein potentiel.
Repenser la démocratie
En 2009, j’ai fait partie du comité «non-FEUQ», responsable de militer pour la désaffiliation de notre association d’avec la Fédération étudiante universitaire du Québec. Peu importe mes motivations, cette expérience m’a donné la chance d’assister en première ligne à une nouvelle forme de démocratie étudiante, probablement l’une des plus saines et des plus fiables à ce jour : le référendum.
C’est la Fédération qui a imposé cette méthode pour le vote de désaffiliation. Le référendum a été privilégié afin d’assurer un quorum de votant assez élevé (10%) pour légitimer la décision des étudiants. Deux comités ont été formés et ont eu droit à une semaine de tractation suivie d’une période de vote de trois jours qui se tenait en ligne ainsi que dans trois bureaux de vote partout dans l’université. En fin de compte, plus d’un millier d’étudiants se sont prononcés sur la question après avoir eu la chance d’être bien informés sur les enjeux. Il s’agissait d’une nouvelle approche qui a été exceptionnellement appliquée à l’UQTR, mais qui n’a malheureusement pas fait école une fois que la séparation ait été effective.
Pour ma part, j’ai réalisé à quel point nous pourrions bénéficier d’une option référendaire dans le processus décisionnel. Le référendum est, après tout, la forme la plus démocratique qui existe. Il offre non seulement la chance à la population de faire valoir sa voix, mais la campagne qui précède le vote offre également une opportunité de réflexion essentielle à une décision éclairée. Ne serait-il pas plus intéressant d’avoir l’avis d’une plus grande partie de la population sur des questions comme l’accessibilité aux études ou des États généraux sur l’éducation, par exemple?
D’autant plus que la période de tractation, la campagne en soi, nous assure d’une position éclairée et difficilement discutable. La réflexion a été plus profonde et plus longue qu’un débat lors d’une plénière d’assemblée et plus d’acteurs ont la chance de s’exprimer un peu partout sur le campus.
Le mode référendaire nous offrirait aussi la chance d’avoir une opinion claire venant d’une pluralité d’étudiants. Ce procédé légitimerait le vote en ligne en permettant aux différentes parties d’investir la plateforme web, offrant l’opportunité à tous de voter dans une fenêtre d’opportunités plus grande qu’une simple assemblée. Après tout, l’AGE UQTR fait la majeure partie de sa communication par Facebook. Nous élisons même nos représentants sur le portail de l’UQTR. Si c’est bon pour le conseil exécutif, pourquoi ne serait-ce pas viable pour les positions qu’il compte défendre ?
Il est grand temps de cesser cette mascarade et d’entrer dans le 21e siècle. Nous avons tellement d’outils pour nous exprimer qu’il est irresponsable de ne pas vouloir les mettre à profit. Notre association devrait se faire un devoir de rejoindre le plus d’étudiants possible. Il me semble que nous avons eu assez d’assemblées au taux de participation pitoyable pour comprendre qu’il faut s’ouvrir à de nouveaux procédés. Sans cela, l’AGE UQTR devrait changer son slogan pour «Une AGE à l’image de 75 étudiants».