Encore des histoires d’universitaires: Il était une fois, une université de région

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À une certaine époque, poursuivre des études supérieures signifiait habiter Québec ou Montréal. Puis, vinrent la Révolution tranquille et le rapport Parent. Et l’éducation au Québec fit un pas de géant.

On doit en effet au rapport Parent la fondation du système d’éducation moderne dans notre province, ainsi que ses valeurs d’accessibilité et d’égalité des chances. Selon celles-ci, quiconque ayant la volonté et un minimum de capacités peut poursuivre des études supérieures. C’est pour répondre à cette dernière notion que le réseau de l’Université du Québec a été créé: afin de décentraliser la formation universitaire vers les régions.

Il s’ensuit que le but en vertu duquel notre université a été fondée est de permettre aux étudiants de la région de réaliser leur potentiel sans se ruiner ni s’expatrier. Cette mission accorde donc la priorité à un enseignement de qualité, où la recherche et le prestige qui en découlent ne sont qu’un moyen très secondaire d’attirer des chercheurs de renom afin de bonifier cet enseignement.

Or, prenant ombrage de cette mission, l’UQTR fait des pieds et des mains dernièrement afin de publiciser son nouveau campus à Drummondville. Si, à première vue, l’ouverture du nouvel établissement semble en ligne directe avec cette vocation, un examen attentif permet de réaliser qu’il s’agit justement du contraire. En effet, la raison pour laquelle l’UQTR veut s’implanter aussi opiniâtrement en territoire centricois n’est pas le fait que la population du coin est dépourvue d’options pour la poursuite d’études universitaires. C’est plutôt qu’elle en a trop!

L’avarice

Un coup d’œil rapide sur une carte nous montre que Drummondville est à peu près à mi-chemin entre Trois-Rivières et Sherbrooke. Pour cette raison, les Drummondvillois ont le choix entre conduire vers le sud ou vers le nord pour aller à leurs cours. La construction du nouveau campus est donc une nouvelle offensive dans la guerre au recrutement que l’UQTR livre à l’Université de Sherbrooke dans le Centre-du-Québec. Ainsi, pendant que le campus principal fait les frais des coupures budgétaires, on dépense une fortune et on cherche du financement à tous les endroits possibles afin d’augmenter le nombre de «clients» qui profitent du service.

Mais pourquoi l’UQTR a-t-elle intérêt à courir après les inscriptions? La réponse se trouve dans le mode de financement des universités. À leur fondation, les universités publiques étaient financées par secteurs, c’est-à-dire qu’il existait une grille où les montants étaient alloués en fonction des services donnés par l’université. Celle-ci recevait un montant prédéfini pour l’entretien de la bibliothèque, un autre pour les locaux, un autre pour l’embauche d’enseignants, etc. Les temps sombres débutèrent dans les années 90, quand un certain François Legault, alors ministre de l’Éducation, a mis en place le «contrat de performance», dont la logique tournait plus autour du nombre d’inscriptions et de diplomations.

Cela a mené à une nouvelle dynamique dans le monde universitaire québécois. Désormais, il n’est plus question de donner un service, mais bien de se vendre à une clientèle, parce que plus de clients équivaut à plus d’argent. Cela, en retour, équivaut à plus de moyens pour faire de la représentation et du marketing. Ainsi nait un cercle vicieux, avec comme dommage collatéral que la clientèle acquise est reléguée au second plan. Les services sur le campus principal sont donc constamment rationalisés, afin de dégager des sommes pour la recherche de nouveaux marchés.

On constate dès lors que quand la direction se vante sur le portail et dans les médias d’une augmentation record du nombre d’inscriptions cette session, c’est sur notre dos que cela s’est fait. On est bien loin de l’idéal des années 70.

Problèmes de communication

De retour sur notre campus, le conseil d’administration de l’AGE UQTR de la fin janvier a été (encore…) le théâtre de l’incompréhension entre le Michel-Sarrazin et le reste de l’AGE. La gérante du nouveau café du M-S, venue demander plus de flexibilité dans son contrat d’approvisionnement à la Chasse Galerie, s’est fait recevoir avec une résistance palpable, sans compter un laïus passablement paternaliste de la part de la présidence de l’AGE. Dans un contexte où une désaffiliation est une menace bien réelle, j’ai de la difficulté à m’expliquer ce genre d’attitude. Au moins, la question s’est terminée sur la promesse d’une résolution rapide en comité.

L’autre rebondissement a été la démission de la vice-présidente aux communications, ce qui porte le nombre d’officiers élus (par opposition à ceux nommés en CA) à seulement deux sur neuf. On pourrait discuter de la suspicion entourant les raisons officielles, mais il est plus urgent de considérer la légitimité de l’exécutif lui-même. Avec 22% de vrais élus, pourrait-on dire qu’il est crédible de statuer sur des questions critiques?

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