Entre les deux pôles: Le développement et la transmission de la confiance

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La «confiance en soi» peut parfois être confondue avec d’autres termes comme l’affirmation ou la conviction d’avoir raison. Une personne peut faire paraitre une image «sure d’elle-même», en ayant un ton autoritaire et/ou contrôlant, et être perçue par autrui comme étant un individu ayant une forte personnalité. Alors qu’il peut au contraire s’agir d’un masque.

Dans certains cas, il est possible qu’une personne puisse tout de même être confiante, car il ne s’agit pas nécessairement d’un élément d’exclusion. Toutefois, il arrive que la «confiance en soi» ne soit pas la bonne expression à utiliser afin de décrire un individu agissant en montrant souvent une image «dure».

Le Larousse (2015) définit la confiance comme «assurance, hardiesse, courage qui vient de la conscience qu’on a de sa valeur, de sa chance». Cette définition semble se concentrer sur la réelle impression qu’une personne peut ressentir d’être sure d’elle-même par rapport à ses vécus intérieurs et à ses comportements. Mais à la base, comment la confiance en soi se nourrit-elle? Selon Erik Erikson (1902-1994), l’être humain passe par sept stades de son développement psychosocial. Le premier stade, qui est la fondation solide du développement, se produit à partir de la naissance jusqu’à environ un an et demi ou deux ans. C’est celui de la confiance.

À cette étape cruciale, l’enfant sera dans une confrontation continuelle entre la confiance et la méfiance, lors des situations vécues face à la satisfaction de ses besoins de base. S’il reçoit suffisamment de satisfaction face à ses besoins affectifs et physiques de la part d’une figure chaleureuse et nourrissante, il développera une confiance envers cette personne. À partir de cette condition, l’enfant pourra se sentir prêt à aller vers les autres et explorer son environnement avec assurance. Cette confiance pourra également se généraliser face au monde, tout au cours de la vie.

Au contraire, si un enfant en bas âge ne reçoit pas de réponse adéquate à ses besoins de base, ou est éduqué par la négligence, l’abus ou la violence, il aura davantage de risques d’être dans l’incapacité de développer la confiance. Pourquoi? Car la figure ayant pour rôle de permettre à l’enfant de développer le sentiment de confiance n’aura pas réalisé sa tâche de transmission. Cependant, la figure d’attachement doit quand même garder un niveau de méfiance saine (de base), afin qu’il n’y arrive pas d’accidents qui font partie de la vie. Elle doit aussi encourager graduellement l’enfant à prendre ses premières initiatives.

L’expression disant qu’il faut «un minimum de confiance en soi pour permettre à quelqu’un de développer sa propre confiance en lui-même» trouve tout son sens. Sans confiance de la part de la figure d’attachement, le bébé risque de devenir craintif et méfiant envers les autres, de développer un propre manque de confiance envers lui-même, et d’avoir davantage de difficulté à tolérer l’incertitude. Une personne adulte ayant reçu suffisamment satisfaction lors de cette phase sera davantage portée à garder un plus haut niveau d’espoir face à l’avenir. Elle pourra vivre des relations intimes avec une plus grande capacité de rapprochement et vivra une sécurité présente en fond, par rapport à soi et à l’autre. Il est possible de faire une comparaison avec les fondations solides de la maison. Lors de temps de grandes tempêtes, elles risquent de faire moins de dégâts. L’exemple du gilet de sauvetage sur l’eau est aussi intéressant, où la personne peut généralement se sentir plus à l’aise d’affronter certains environnements hostiles avec cette protection.

Dans la confiance, l’espoir reste, malgré l’incertitude et l’imperfection.

Pour revenir à l’exemple de la confusion du terme de «confiance» pour décrire une personne contrôlante et autoritaire, il est nécessaire de parler de l’humilité. La personne ayant suffisamment confiance en elle-même aura habituellement une aisance pour ne pas avoir à remettre constamment en question les autres et leur imposer des comportements ou des points de vue. Elle aura davantage l’habitude de laisser les autres prendre des initiatives et de se développer pour réaliser le meilleur d’eux-mêmes. Mais, la confiance ne signifie pas la naïveté totale. Elle implique une capacité de juger des situations, sans perdre de vue l’aspect du respect envers soi et envers l’autre.

Dans la confiance, l’espoir reste, malgré l’incertitude et l’imperfection. De plus, les relations sont généralement moins conflictuelles, car elles sont accompagnées d’une certaine ouverture et d’une flexibilité envers le changement. Sans ceci, il est difficile de parler de confiance et l’utilisation de ce terme devient inexacte. Par ailleurs, il ne s’agit pas d’un élément à catégoriser («avoir ou ne pas avoir»), mais plutôt d’une présence à voir selon un degré pouvant varier d’une personne à l’autre.

Malgré une enfance difficile, il peut y avoir des éléments au cours de la vie qui aideront à développer un certain degré de confiance. Des gens peuvent faire une différence dans la vie d’une personne fragilisée. Par exemple, des membres de la parenté, des mentors, des professionnels, etc. Ces relations significatives peuvent, dans certains cas, aider en partie à grandir intérieurement et à diminuer la souffrance liée à cette carence affective en bas âge. D’autres éléments à propos de ce sujet seront prochainement abordés, dont l’aspect génétique…

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