L’estime de soi est directement en lien avec la valeur qu’une personne s’accorde à elle-même. Elle est intimement liée à la représentation qu’un individu a de ce qu’il est et de ses caractéristiques, autant pour ses qualités et défauts que pour ses forces et limites.
Différents auteurs se sont intéressés au sujet de l’estime de soi, dont William James (1842-1910). L’estime équilibrée dépendrait de la façon dont l’individu s’accomplit au travers de ce qu’il est et de ses activités. En se basant sur cela, le niveau d’estime de soi dépend de deux grands éléments : la possibilité d’actualiser son potentiel et la capacité d’atteindre ses propres prétentions. En globalité, lorsque l’équilibre est bien dosé par rapport aux réalisations de l’individu, l’estime peut être plus juste. Cependant, lorsque l’écart est trop grand, il peut y avoir une fragilité de l’estime de soi. Il s’agit d’une manière pragmatique de la décrire.
Avant de regarder plusieurs éléments qui contribuent à établir l’estime de soi, il est pertinent de différencier la confiance en soi de l’estime de soi. La confiance en soi consiste en une capacité à être dans le monde et à aller vers les autres, en ayant intégré la perception que le monde est généralement digne de confiance. La plupart du temps, une personne ayant reçu une réponse satisfaisante à ses besoins de base lorsqu’il était bébé, pourra avoir confiance en l’autre et avoir confiance en elle (Erik Erikson, 1902-1994). Toutefois, attention à ne pas confondre la confiance en l’autre avec la naïveté qui serait plutôt imprudente dans certaines situations menaçantes.
Tandis que de l’autre côté, l’estime de soi représente la perception plus ou moins juste qu’une personne peut avoir par rapport à ses propres attributs personnels. Elle implique le niveau de valeur qu’un individu considère posséder, en tenant compte de sa capacité à reconnaitre ses qualités dans la plupart des sphères de la vie : personnelle, relationnelle, professionnelle et sociale. L’estime de soi est donc une évaluation personnelle et est également l’un des principaux piliers identitaires. Elle se construit dans le regard bienveillant et soutenant des parents, puis ensuite des amis et de l’entourage de l’enfant et de l’adolescent, face à ses réalisations.
Par exemple, une personne qui reçoit un sourire et d’agréables salutations respectueuses de la part de la figure parentale se permettra de sentir que sa présence est appréciée aux yeux des autres. Une mère (ou une autre femme signifiante) qui accompagne et félicite sa fille lorsqu’elle essaie de coudre sa première mitaine lui permettra d’établir une base d’estime favorable. La même chose se produit lorsqu’un père (ou une figure paternelle substitut capable de stabilité) félicite et remercie son jeune fils, lorsqu’il tente de l’aider avec ses outils.
Des figures substituts peuvent favoriser l’estime de soi d’une personne n’ayant pas reçu les éléments favorables au développement d’une estime satisfaisante. Toutefois, cela dépend de la personnalité de la personne à la naissance. Par exemple, certaines personnes seront naturellement plus braves, ouvertes ou curieuses que d’autres dès leur jeunesse, et cela malgré un milieu nuisible à leur développement (violence, dénigrement, négligence, inceste psychologique ou physique, etc.). Leur personnalité les soutiendra en partie. Les traits de caractère peuvent donc expliquer pourquoi certaines personnes sont plus résilientes que d’autres malgré des épreuves semblables.
Dans certains cas, les figures substituts pourront faire une différence dans l’ajustement d’une estime de soi plus équilibrée, pour les enfants ayant eu des figures parentales aux comportements et attitudes nuisibles.
Dans certains cas, les figures substituts pourront faire une différence dans l’ajustement d’une estime de soi plus équilibrée, pour les enfants ayant eu des figures parentales aux comportements et attitudes nuisibles. Prenez l’exemple d’une fille ayant eu une relation dégradante avec sa mère ou sa belle-mère. Il est possible qu’une femme enseignante au primaire ou au secondaire puisse l’aider à se construire une estime personnelle plus équilibrée au fil des années. Toutefois, cela dépend également des traits de personnalité de l’enfant, car certaines personnes restent malgré tout plus vulnérables devant la possibilité de développer leur estime dans des situations difficiles.
Vous devinerez que cela peut contribuer de multiples façons à une vie plus satisfaisante. Par exemple, une personne ayant une estime personnelle équilibrée (sans surestimation) sera davantage portée à se diriger dans un domaine professionnel qui lui ressemble vraiment et qui respecte des attributs personnels et capacités réelles. Au contraire, si un individu a une estime de lui-même trop grande, il est possible qu’il se retrouve dans un poste qui ne lui convient pas vraiment, qu’il en perde l’intérêt et qu’il s’épuise. Le même type de situation problématique pourrait se reproduire dans la vie intime ou sociale, mais d’une autre manière.
Dans le cas inverse, une personne ayant une trop faible estime d’elle-même (ex : en raison d’intimidation à l’école, au travail ou à la maison) peut se fermer à une multitude d’opportunités au cours de sa vie. Dans certains cas, elle peut en souffrir au point d’avoir des comportements autodestructeurs (ex : mauvaise alimentation, cigarette, alcool, gambling, drogues), des pensées/gestes suicidaires et des comportements violents ou négligents envers autrui. Certaines personnes ayant peu de confiance personnelle peuvent avoir une estime démesurée et afficher publiquement une attitude hautaine et contrôlante envers les autres, afin de présenter une fausse assurance et cacher une fragilité réelle.