Entre les deux pôles: S’illusionner comme dans les téléromans (suite)

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Lors de la dernière parution, le sujet de l’illusion a été présenté à l’aide de définitions et d’exemples. Maintenant, les illusions peuvent s’alimenter à partir de différentes sources sociales, environnementales et culturelles.

Prioritairement, l’éducation en bas âge. L’un des rôles de l’adulte (parents, professeurs, parenté, etc.) auprès de l’enfant consiste à l’accompagner et le soutenir autant dans ses réussites que ses difficultés. Il est normal de faire face à des frustrations lorsque les choses ne vont pas exactement comme elles seraient espérées, et il appartient à la génération plus vieille de servir d’inspiration rassurante.

Si un enfant reçoit sans cesse des commentaires et comportements d’autrui l’empêchant de faire face aux difficultés, il peut être difficile pour lui de les apprivoiser. Il est également moins évident de concevoir que cette personne réussira à avoir une image juste d’elle-même, ainsi que de ses relations. La transmission d’un niveau convenable d’ouverture aux limites, imprévus et insatisfactions de la vie de la part d’un ou plusieurs individu(s), lui permettra d’être plus à l’aise dans sa capacité d’accepter.

Au contraire, une personne peut créer l’effet inverse en tentant de façon exagérée de ne soulever que des points positifs et des encouragements, alors que l’enfant (ou même l’adulte) aurait également besoin de se faire partager une partie de la vérité par rapport à ce qui va moins bien. Certaines personnes diront qu’il s’agit d’une illusion de faire comme si les souffrances de la vie n’existaient pas. Ne pas trop tenir compte des choses négatives peut être une façon de réagir face à des événements. Toutefois, de façon continuelle, cela peut prendre de l’expansion et en arriver à cacher une partie de la réalité.

Les illusions peuvent également s’alimenter par les valeurs véhiculées dans une société, une collectivité ou un groupe de personnes (ex: rôles des sexes, droits des personnes, croyances et préjugés, «bitchage», intimidation, etc.)

Par exemple, dire que «la maladie ou le problème de comportement d’un proche est normal» alors qu’il y a perturbation. Ou bien de ne pas tenir vraiment compte des risques de ses mauvaises habitudes, comme la mauvaise alimentation ou le manque d’exercice. Sur le moment, l’illusion peut servir à soulager un inconfort. Cela peut s’imaginer dans un cercle où l’habitude de banaliser certaines choses importantes, peut se transformer en accumulation de situations non réglées.

Toutefois, comment est-ce qu’une illusion peut avoir des bons côtés? Une étude menée aux États-Unis par Dijkstra et al. (2014) a été effectuée auprès de 55 couples. Les chercheurs ont découvert que les illusions positives dans le couple pouvaient favoriser l’ajustement. Comment? Lorsque le niveau d’empathie perçu d’un partenaire de la part de l’autre est élevé, comparativement à la réalité de celui-ci (illusion positive), cela favorise la qualité de la vie conjugale. Ces chercheurs ont démontré que comparativement aux hommes, c’est plutôt le cas pour les femmes et que cette raison aurait un poids significatif dans leur intention de demeurer dans la relation de couple.

Un aspect positif de l’illusion a été abordé, cependant ces illusions peuvent aussi dans certains cas mener les gens à prendre des décisions regrettables: choisir un type d’emploi peu aimé, remettre à plus tard des choses importantes, choisir un(e) partenaire peu convenable, faire des activités peu désirées ou des études peu motivantes, etc.

Au travail, des illusions par rapport aux capacités réelles de la personne vis-à-vis de ses limites, peuvent l’influencer à surestimer ses ressources et/ou à les dépasser fréquemment. Comme il a été discuté récemment dans une autre réflexion, il est possible de suggérer qu’il peut y avoir comme résultat l’épuisement professionnel. À un autre niveau, il peut aussi y avoir des difficultés relationnelles dans la vie en général. D’autres crises peuvent également se produire au niveau de la santé mentale ou physique, ou en lien avec les habitudes de vie.

Par exemple, ne pas vivre une vie vraiment en cohérence avec ses propres valeurs, et entretenir ce cycle à cause de possibles illusions. Ou dans un autre champ d’idée, croire que la consommation d’alcool peut régler les problèmes d’anxiété. Ceci semble efficace sur le moment pour l’individu anxieux, toutefois il s’agit d’une illusion sur le long terme, car si la personne décide de cesser sa consommation d’alcool, il y a de fortes probabilités que l’anxiété soit toujours présente.

Faire croire à soi ou à autrui une image «toute rose» ou «toute noire» de la réalité peut influencer la personne à avoir une vision déformée d’elle-même, de ses relations, ainsi que du monde. Cela pourrait également se traduire en une difficulté à reconnaitre son ou ses rôle(s) réel(s), sa place dans le monde, ainsi que son impression d’avoir un pouvoir sur ses choix et décisions.

Les illusions peuvent également s’alimenter par les valeurs véhiculées dans une société, une collectivité ou un groupe de personnes (ex: rôles des sexes, droits des personnes, croyances et préjugés, «bitchage», intimidation, etc.). La capacité de garder un regard critique face à ce qui est présenté devant soi est favorable pour le réalisme. S’illusionner… c’est faire comme dans les téléromans.

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