Ma chronique précédente avait déjà un arrière-gout de fin. C’est peut-être pour cette raison que j’ai eu tant de misère à écrire celle-ci, qui sera bel et bien la dernière de la session.
Comme je l’ai dit dans ma précédente chronique, j’aimerais pouvoir écrire du positif sur nos leaders étudiants. D’aucuns m’accuseront d’avoir manqué de punch à leur égard pendant la session. Ainsi, quand je lis des chroniqueurs illustres comme Pierre Foglia, Patrick Lagacé ou Rima Elkouri parler des messages de bêtises qu’ils reçoivent constamment par rapport à leurs chroniques, je me demande pourquoi je n’en reçois pas.
Aurais-je été complaisant? Peut-être, mais justement je me suis promis d’éviter le sensationnalisme facile du chroniqueur agressif, qui tire à bout portant sur tout ce qui bouge. J’en ai assez de l’image pourrie que le commun des UQTRiens et UQTRiennes ont de leurs élus.
Je n’ai donc aucune volonté de perpétuer ce cynisme par ma chronique. Au contraire, le message que j’ai voulu faire passer à travers la session est celui de l’implication. On peut critiquer le CA et le CE sur un paquet de choses, mais il faut néanmoins se rappeler du fait qu’il s’agit de gens qui dévouent une bonne partie de leurs journées à travailler pour vous et moi.
Pour Aristote, personne ne veut vraiment le mal, mais il advient quand on ignore ce qui est bien. Je préfère donc penser que nos élus, y compris ceux que j’ai plus égratignés que les autres, ne sont pas de mauvaise foi. On peut certes leur reprocher de rester dans leur tour d’ivoire, mais qu’est-ce qui les pousserait à en sortir?
Cette question n’est pas rhétorique. C’est le facteur commun de tous les problèmes à l’AGE: l’incompréhension. Entre les groupes d’intérêts, mais aussi entre les gens impliqués et ceux qui le sont moins.
Il s’agirait de s’intéresser un tant soit peu à leur travail. Par exemple, les différents comités de l’AGE sont tenus par les statuts et règlements d’ouvrir chacun un certain nombre de places à des étudiants non élus. Entre vous et moi, ces comités se réunissent tout au plus une fois par mois. Même s’il y a parfois des lectures à faire, il n’y a pas beaucoup d’effort à mettre là.
L’intérêt de ces comités, c’est qu’ils sont à l’origine de toutes les décisions qui se prennent à l’AGE. Si le CA et les officiers peuvent avoir de petits chefs totalitaires, c’est qu’ils sont les seuls à participer à ces réunions. Quand je parlais d’amener du sang neuf à l’AGE, ça veut aussi dire ça.
En attendant que la fameuse majorité silencieuse décide de prendre la parole, les chroniqueurs auront encore une pléthore de cibles faciles.
Autre gouvernement, même conclusion
Je finirai sur un dada personnel, à savoir la politique provinciale. En fait, je mets sur la faute des politiciens provinciaux une bonne partie du cynisme envers la chose publique de notre génération. Il faut savoir que si on a l’impression que ceux-ci vivent sur une autre planète que la nôtre, c’est parce qu’ils ne s’adressent pas à nous.
Je n’apprendrai rien à personne si je vous dis que le Québec, comme partout en occident d’ailleurs, fait face à un déclin démographique. En clair, cela signifie qu’il y a plus de vieux que de jeunes, ce qui menace la stabilité de la société. Fiscalement, cela veut dire que nous sommes moins de travailleurs pour payer leurs pensions. Je laisserai cette question aux Éric Duhaime de ce monde.
En attendant que la fameuse majorité silencieuse décide de prendre la parole, les chroniqueurs auront encore une pléthore de cibles faciles.
Ce qui m’intéresse le plus, c’est que les baby-boomers (la génération de nos parents) possèdent à eux seuls la majorité du poids politique. C’est donc plus payant de faire de la politique pour eux et d’ostraciser les jeunes. De la politique pour eux, c’est de leur garantir la stabilité à tout prix.
Le problème, c’est que cette stabilité se fait au prix d’un immobilisme de l’État. Les jeunes, en effet, sont ceux qui font avancer la société vers demain. Le Québec actuel représente seulement la suite logique du Québec des années 70.
Peu importe nos allégeances politiques, on est tous plus ou moins d’accord qu’on doit se tourner vers le développement durable. C’est ça la politique du 21e siècle. Malheureusement, les partis qui sont à l’avant-scène présentement ne proposent rien en dehors du fait de continuer les vieilles querelles.
Au risque de me répéter, je dirai qu’il n’en tient qu’à nous d’exiger d’être entendus. C’est parce que notre génération est infoutue de prendre quelques minutes par semaine pour s’informer que c’est encore les deux mêmes vieux partis qui se succèdent pour absolument ne rien faire à l’Assemblée nationale.
Pour conclure, si jamais mes chroniques ont eu pour effet d’encourager quelqu’un à poser des questions, j’aurai rempli mon objectif.