Gabrièle Dubuc, gérante de la Chasse à Sarrazin: Bien plus qu’un café

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Gabrièle Dubuc n'a jamais été autant dans l'action. Photo: M. Lortie
Gabrièle Dubuc n’a jamais été autant dans l’action. Photo: M. Lortie

«Quand tu trouves des signes sur ton chemin, tu peux les mettre dans ton sac wakan», m’avait dit cet été une vieille Amérindienne qui tentait de me vendre un de ces petits sacs de cuir qu’on porte sur soi. Je n’ai pas acheté le sac en question, mais si je l’avais eu sur moi ce jour-là, j’y aurais certainement mis… mon café!

C’était un moment chargé de la session où je cherchais un sujet de reportage dans la file d’attente du nouveau café étudiant, entre deux cours au Michel-Sarrazin. En félicitant l’équipe pour leur initiative, je me rends vite compte que je parle avec la gérante bénévole et instigatrice du projet, Gabrièle Dubuc, qui en a long à dire.

Nous nous rencontrons quelque temps plus tard, pour poursuivre cet échange précipité à travers le troc de coordonnées et les cappuccinos. Le café étudiant, c’est exactement ça: un lieu d’échange et de belles rencontres à mettre dans son petit sac.

Aidante «naturelle»

Gabrièle Dubuc est une fière Trifluvienne d’adoption depuis maintenant cinq ans, ayant quitté Aylmer dans le but de venir faire son baccalauréat en pratique sage-femme. Elle se tournera plutôt vers la psychologie, où elle trouve ce qu’elle recherchait, toujours dans l’accompagnement d’un être humain dans une étape charnière de son existence.

Elle y fait la déterminante rencontre avec la professeure en psychologie de la santé, Lyson Marcoux, qui sait transmettre «l’émotion avant la matière». C’est grâce à elle si elle est désormais bénévole pour la maison Albatros, qui accueille des personnes en fin de vie. C’est là que Gabrièle confirme son aisance avec cette clientèle âgée qui la fascine et qui lui inspire un éventuel projet de doctorat en psychologie gérontologique.

Celle qui souhaitait au départ accompagner l’entrée dans la vie humaine accompagne maintenant sa sortie, et c’est un rôle qui lui plait beaucoup. Le contact avec les mourants, cette intimité dans un tout qui ne lui appartient pas, lui apporte beaucoup de réflexions, et contrairement à ce qu’on peut en penser, ce n’est pas une tâche si difficile, mais bien quelque chose de «naturel pour l’humain».

Le temps d’une grève

Ce café que je croyais anodin est porteur de plusieurs sujets chauds dans l’implication étudiante que mes yeux contemplatifs n’avaient pas vus passer. Je vais donc en effleurer les faits de la pointe des mots, tout en me tenant à une distance raisonnable d’un bras d’une quelconque polémique.

Tout a commencé au moment de la grève étudiante en 2012. Le pavillon Michel-Sarrazin est, par son emplacement géographique, une forteresse qui renferme un bassin fermé que la grève a su souder, créant ainsi un fort sentiment d’appartenance détaché du reste du campus, en plus de politiser beaucoup de gens.

Ce café, véritable quartier général de l’AEMS, représente donc bien plus qu’un simple café étudiant. C’est le symbole d’un fort sentiment d’appartenance à un pavillon qui se sent prêt à voler de ses propres ailes.

Quelques étudiants, dont Gabrièle Dubuc, Jean-René Leblanc et Julie-Anne Jalbert, ont voulu faire perdurer ce sentiment et assurer une prise en charge de leurs propres besoins. Ils ont planché tout l’été sur l’idée d’un café étudiant, avant d’entrer dans les méandres de la démarche bureaucratique.

L’Association des étudiants du Michel-Sarrazin (AEMS)

Pour fonder le café étudiant, ils ont d’abord du former une association de niveau 3, soit l’AEMS, dans le but d’instaurer une structure qui pourrait supporter d’autres projets pour le pavillon.

L’AEMS veut assurer une cohésion entre les associations des trois programmes du pavillon, qui regroupe 12% de la population universitaire. Depuis septembre 2013, ils se sont dotés d’une structure semblable à celle de l’AGE, qui laisse entrevoir un projet de désaffiliation avec celle-ci. Selon Gabrièle, la centralisation des pouvoirs et de l’argent est désuète, ce qui impliquerait un remaniement complet de l’implication étudiante actuelle, au profit d’une gestion par faculté, comme il se fait dans les universités populeuses.

Ce café, véritable quartier général de l’AEMS, représente donc bien plus qu’un simple café étudiant. C’est le symbole d’un fort sentiment d’appartenance à un pavillon qui se sent prêt à voler de ses propres ailes.

La Chasse à Sarrazin

Preuve de ce sentiment: dès la première semaine, plus de 25 bénévoles s’étaient déjà proposés pour y œuvrer. C’est un lieu social agréable qui permet aux étudiants et professeurs d’échanger en dehors des cours.

Gabrièle Dubuc est gérante bénévole avec l’aide des ses deux adjoints, soit Daniel D. Paré aux finances et Pierre-Luc D. Paré au service.

La moitié des profits sont remis à l’AEMS, qui remet elle-même 30% aux trois associations étudiantes qu’abrite le pavillon.

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À 24 ans, Gabrièle Dubuc n’a jamais été autant dans l’action. Elle souhaiterait d’ailleurs intéresser davantage de gens à l’implication étudiante et au bénévolat dans la communauté.

Gabrièle ne s’intéresse pas aux choses, elle s’intéresse aux humains. Ce qui l’anime, c’est de faire partie de quelque chose de plus grand que soi, à travers les relations humaines et spirituelles, au sens de l’esprit que ça implique.

J’aurais peut-être dû l’acheter, le sac wakan…

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