Le 21 janvier de chaque année depuis 1948, le Québec célèbre l’adoption de son drapeau national, symbole identitaire d’une nation francophone présente en sol d’Amérique depuis déjà plus de 400 ans. Voici quelques faits historiques et anecdotes concernant ce drapeau et l’emblème qu’il porte, soit la délicate et poétique fleur de lys.
C’est en l’an 507 qu’apparaît pour la première fois la fleur de lys; sur le drapeau de Clovis, Roi des Francs depuis au moins dix ans, et qui symbolisera à jamais la royauté française. Plus tard, on la retrouvera également sur les armoiries des ducs de la Normandie, province viking jusqu’en 1204 et région colonisatrice du Canada.
En 1534, Jacques Cartier accoste à Gaspé et prend possession d’un territoire qu’il nomme «Canada» au nom de François 1er. Il y plante une croix ornée du blason du roi de France (trois fleurs de lys en triangle) ainsi qu’une seconde croix sur l’Île Saint-Quentin lors de son deuxième voyage en Nouvelle-France, le 7 octobre 1535, après avoir jeté l’ancre de l’Émerillon à l’embouchure du St-Maurice.
8 juillet 1758 : La bataille de Carillon, où 3 500 soldats français ont mis en déroute tout près de 15 000 Britanniques venus envahir la Nouvelle-France, porte fièrement l’étendard qui sera témoin d’une des plus grandes victoires des armées françaises au Québec. «Un drapeau azur à croix blanches avec, dans chaque canton, une fleur de lys blanche pointant vers le centre».
26 septembre 1902 : L’abbé Elphège Filiatrault de St-Jude, près de Saint-Hyacinthe, hisse sur son presbytère un drapeau semblable à celui de la bannière de Carillon, voulant réunir les différents traits identitaires des Québécois. Dernière grande victoire de Montcalm avant la conquête anglaise, ce drapeau Sacré-Cœur devint rapidement le plus puissant emblème des nationalistes au Québec.
1935 : L’Assemblée législative décide d’enlever le Sacré-Cœur sur le drapeau, car la présence d’un emblème religieux pose des problèmes. Par l’entremise de la SSJB, tout le monde en discutait à l’extérieur du parlement; les associations, les conseils municipaux, les paroisses, tout le monde demandait un drapeau officiel et national selon Omer Côté, ex-secrétaire de la province. Puis, le drapeau prend le nom de fleurdelisé au même moment où l’Union Nationale est fondée par le député trifluvien Maurice Duplessis.
2 décembre 1947 : Le député de l’opposition René Chaloult dépose une motion à l’Assemblée qui doit être débattue le 21 janvier 1948 afin de doter le Québec d’un signe distinctif, aussitôt récupéré par le chef de l’Union nationale, alors premier ministre du Québec, qui voyait en l’Église un puissant allié contre les syndicats et les communistes. Duplessis n’était pas opposé au fleurdelisé mais il avait quelques réserves. Il pensait placer au centre les armoiries du Québec, ou encore une couronne rouge, qui symboliserait celle de France ou d’Angleterre.
Toujours à l’affût d’une occasion pour s’attribuer du mérite, on raconte que n’acceptant pas qu’un membre de l’opposition puisse lui ravir la paternité d’un tel symbole, Maurice Duplessis prit tout le monde par surprise. Le 21 janvier 1948, peu avant trois heures de l’après-midi, Duplessis consacre le fleurdelisé emblème officiel du Québec par un arrêté unanime du Conseil des ministres, pour enfin remplacer le Union Jack. Au moment où il annonce la nouvelle en Chambre, le drapeau flotte déjà à la tour centrale de l’hôtel du Parlement. Selon certaines rumeurs, ce serait le drapeau Carillon qui flottait cette journée car le fleurdelisé n’a pas été disponible avant le lendemain, alors que, selon d’autres sources, Duplessis aurait même été obligé d’accepter le fleurdelisé, déjà mis en place par l’Ordre de Jacques-Cartier, aussi connu sous le nom de La Patente…
Grâce à l’appui et au travail de la FSSJBQ, la fête de la Saint-Jean-Baptiste sera célébrée partout cette année-là avec le fleurdelisé, qui deviendra bientôt un puissant symbole de l’appartenance au Québec. Le Journal de famille qui renseigne sur tout titra : «La plus solennelle affirmation du fait français depuis 1867»!
9 mars 1950 : Le fleurdelisé est officiellement adopté en tant que drapeau national en vertu d’un décret, puis sanctionné par une loi. En héraldique, l’azur correspond au bleu (qui rappelle la couleur du blason des souverains de France qui régnèrent durant la domination française en Amérique) et l’argent au blanc (composé de la croix de Saint Jean-Baptiste – patron des Canadien-français depuis 1908 – représentant la foi chrétienne et, de nos jours, la nordicité de la nation). Par ailleurs, ce n’est qu’en 1965 que le Canada se dotera à son tour d’un drapeau national, l’unifolié.
1977 : La Saint-Jean (24 juin) devient officiellement la fête nationale légale (fériée et chômée) sous le gouvernement de René Lévesque qui, en 1984, adopte une résolution proclamant le 24 mai Fête nationale du drapeau!
2001 : Un sondage mené par la North American Vexillological Association vota le fleurdelisé comme étant le plus beau drapeau provincial/territorial et le troisième plus beau drapeau de tous les États, provinces et territoires du Canada et des États-Unis d’Amérique. Symbole authentique de son origine française, de sa langue et de ses traditions les plus chères, la fleur de lys est devenue pour le peuple un signe d’espoir et d’affirmation. Vive le Québec, vive son drapeau!