Dans mon article de janvier, je vous parlais de l’histoire du drapeau du Québec. Mais notre État non indépendant possède également une histoire peu commune, autant par ses heures de gloire que par ses échecs (conquête anglaise, répression, crises économiques, exils, emprisonnements et meurtres de dirigeants et de militants politiques, chantage de la part d’Ottawa) et ce jusqu’à nos jours. Afin d’honorer notre devise nationale, voici un pas dans cette direction. 2012 c’est…
370 ans après la fondation de Montréal par Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve qui, âgé de 30 ans et accompagné de quelques colons, insista pour abattre le premier arbre lui-même, avec Jeanne Mance, le 17 mai 1642. Aujourd’hui la deuxième plus grande ville francophone du monde après Paris, elle a été non seulement capitale du Canada-Uni jusqu’en 1849, mais également, grâce à ses nombreux ports et raffineries, la porte d’entrée de l’Amérique du Nord jusqu’au milieu du XXe siècle.
200 ans après la seconde invasion des troupes étatsuniennes (indépendantes depuis 1776) qui, à partir de Detroit, voulaient s’en prendre aux intérêts britanniques et conquérir leurs colonies. Actuellement, le Canada de Stephen Harper veut commémorer ces batailles de 1812 – alors que le Canada n’existait même pas encore à cette époque! Or, il est primordial de rappeler que, comme en 1778, les envahisseurs perdront leur insurrection, notamment à la Bataille de Châteauguay, le 26 octobre 1813, où 3 000 états-uniens sont repoussés par 300 soldats du régiment canadien-français les Voltigeurs (formé le 15 avril 1812 et ayant rejeté les uniformes rouges), commandé par Charles-Michel de Salaberry, ainsi que quelques Amérindiens, puis appuyés par 1 500 miliciens sédentaires.
175 ans après la première rébellion des Patriotes à l’automne 1837, mouvement d’émancipation où de nombreux députés, soldats, notaires, avocats, éditeurs, imprimeurs et journalistes, tant francophones qu’anglophones, et même des agriculteurs et des gens du peuple, se sont alliés pour promouvoir des valeurs issues de la Révolution française et des idéaux romantiques et de liberté qui précédèrent la naissance du nationalisme au 19e siècle. Au cours de leur lutte armée pour la patrie, de leur force et de leur dynamique camaraderie ont émergés de nouveaux symboles et de nouvelles institutions strictement canadiennes-françaises. Le lundi 21 mai prochain, nous soulignerons d’ailleurs la 10e commémoration consécutive de la Journée nationale des Patriotes.
140 ans après l’Acte de l’Amérique du Nord, un accord écrit par le parlement britannique qui voit la création de la Confédération du Canada (1867), valorisant un pacte entre deux peuples fondateurs, dont nous sommes les héritiers directs de l’un d’eux. Ce qu’on oublie trop souvent, c’est que cette entente a été signée entre les parlementaires et n’a jamais été entérinée par la population. Comme disait si bien Jacques Parizeau, si le Québec est entré dans le Canada par un vote de l’Assemblée nationale, il peut également en sortir de cette manière…
90 ans après la crise de la conscription menant à plusieurs émeutes à Québec et Montréal (1917-1918) alors que l’Ontario bannissait l’enseignement en français de ses écoles en représailles… En effet, le Québec a toujours été une province où l’humanisme, le pacifisme et le dialogue primaient sur toute tentative d’agression envers un autre peuple. Il est temps de se souvenir d’une époque où le Québec refusait les guerres inutiles d’Ottawa et tout ce gaspillage d’argent qui ruine nos finances publiques.
65 ans après le plébiscite sur la conscription de 1942 où le Québec s’y oppose fortement à 71,2%. Mais encore une fois, le Canada décide d’ignorer la volonté démocratique des Québécois et leur impose sa loi.
40 ans après le fameux «Vive le Québec libre!» du général Charles de Gaule à Montréal (23 juillet 1967), la fondation par René Lévesque du Mouvement souveraineté-association (MSA) et la création du réseau des cégeps par l’Union nationale afin de répondre à la demande de la croissance démographique.
30 ans après que la Saint-Jean devienne officiellement la Fête nationale légale, que Robert Gravel fonde la Ligue nationale d’improvisation (LNI) et qu’on adopte à 54 voix contre 32, la glorieuse Charte de la langue française (26 août 1977). Cette loi permet aux Canadiens-français de passer de minorité à majorité, faisant presque l’unanimité au sein des députés péquistes. Le français sera désormais la seule langue officielle du Québec et la loi stipule que le français est la seule permise dans l’affichage. Jusqu’à aujourd’hui, cette loi continue de défendre les droits des francophones mais comme le suggère Pierre Curzi, il est temps de la renforcir!
20 ans après la dernière tentative de rattacher légalement le Québec au Canada avec l’Accord de Charlottetown (28 août 1992). En effet, en octobre 1992, les Québécois ont rejeté à 57% l’accord dit de Charlottetown, qui prétendait offrir une version améliorée de la constitution imposée au Québec dix ans plus tôt. Officiellement et juridiquement, nous ne faisons toujours pas partie de la Confédération canadienne…
À nous d’agir en conséquence, en tant qu’État souverain, je le répète à nouveau, sans se laisser imposer la couleur des murs de notre maison par le voisin… Que ce printemps érable annonce enfin notre maturation et la prise en charge de notre complète autonomie vers l’indépendance totale et nécessaire pour un Québec fort, fier et éco-responsable.
Je vous souhaite un excellent été à tous, profitez de la vie et soyez créatifs! Car dans l’art et l’écriture se trouve l’espoir de demain et les remèdes d’aujourd’hui. Souvenez-vous de qui vous êtes et prenez le temps de chercher par où les Québécois sont passés, car c’est en sachant d’où l’on vient que l’on sait vraiment où l’on veut aller.