Chroniqueur depuis déjà quatre ans dans ce journal – en fait j’écris dans sept journaux québécois, mais il n’y a que celui-ci qui me paie vraiment! –, j’ai décidé de reprendre une liste de 10 résolutions déjà écrites pour la réactualiser. Grâce à ma formation de philosophe, d’historien et de sociologue, j’ai toujours senti le besoin d’évaluer les choses, de poser des valeurs à mes actions, à celles des autres et d’orienter ma façon de vivre dans une vision communautaire. Comme disait Marx, il suffit d’observer le monde; il faut maintenant le transformer.
Ma première grande résolution sera d’apprendre à jouer d’un nouvel instrument de musique, afin de valoriser cet art supérieur considéré comme thérapeutique à plusieurs niveaux. En plus de maximiser les capacités de la mémoire (prévient l’Alzheimer) et de faciliter la communication entre étrangers, la musique est un langage universel que chaque être humain devrait pratiquer, comme à l’époque hellénistique, chez les Grecs. Comme disait Nietzsche, «si la musique n’existait pas, la vie serait une erreur»! Ainsi, je vous incite à vous familiariser avec un instrument (flûte, harmonica, djembe, guimbarde, cuillère même!), n’importe quoi qui se traîne partout et fera danser vos proches et votre famille.
Ensuite, j’ai décidé de n’acheter avant tout que de la musique québécoise. À mon avis, il est bien plus grave de télécharger des artistes d’ici, et c’est pourquoi je vous encourage à consommer localement, non seulement de façon alimentaire, mais aussi culturellement. En attendant les subventions de nos gouvernements affamés de marchandises militaires, il est de notre devoir de soutenir les artistes du Québec qui font un excellent travail de création, reflétant notre unicité au sein du cœur du monde. Que ce soit en littérature, en musique, en humour, en cinéma, en théâtre ou en danse, les potentiels étonnants qui émergent de notre savante nation francophone démontrent notre savoir-faire impressionnant, novateur et si savoureux.
Soyez tous très fiers de vivre car nous n’avons qu’une seule chance d’exister et de laisser sa trace dans l’histoire. À vous de prendre la place que vous désirez dans ce monde infini.
Poursuivant dans le même sens culturel et à des fins politiques et socioculturelles, ma principale résolution sera de purifier mon langage en réduisant au maximum l’utilisation de termes anglais dans ma façon de parler. Je vous lance également le défi!
En dehors des plaisirs de l’esprit, il y a évidemment les plaisirs du corps. Profitons de 2013 pour faire l’amour, pour apprivoiser la sensibilité humaine en totale adhérence avec les émotions de l’épiderme. «Jouir, faire jouir et s’en réjouir» disait Montaigne!
En cinquième lieu, je tâcherai de lire au moins un livre par semaine, sinon plus, afin d’apprécier davantage le monde des idées dans lequel nous baignons, pourtant noyés par nos dépendances physiques (chocolat, sexe, drogue, tabac, alcool) et psychologiques (télévision, pornographie) sous la vague religieuse du Dieu dollar héritée des États-Unis-pour-toujours-endettés. Leur devise est claire: «In GOLD We Trust»…
En cette nouvelle année qui commence – car l’humain est responsable de ses actes et de son devenir –, plusieurs activités et occasions sur le campus universitaire devraient être privilégiées pour entamer et assumer cette implication d’envergure de l’humanité. Laquelle? La revalorisation d’une conscience collective à propos de l’importance de la coopération entre les diverses communautés; une vision véritablement dirigée vers un avenir en commun où l’égoïsme, le mensonge et la concurrence n’existent pas.
Cette vision communautaire est indéniablement ancrée dans une histoire remplie de nombreux succès, mais aussi d’échecs. Désormais, nous devons nous assurer que notre mémoire historique ne souffre pas davantage d’amnésie et que vive enfin, pour de vrai, notre devise nationale «Je me souviens». Je reviendrai sur ce point dans une chronique ultérieure, car nous soulignerons à la fin février le 175e anniversaire de la déclaration d’indépendance du Bas-Canada par les Patriotes de 1837-38.
En 2012, nous avons réussi à nous débarrasser de ce gouvernement libéral ultra-corrompu (garderies, gaz de schiste, contrats de construction, soumission au gouvernement fédéral, laisser-faire en matière linguistique, la vente à rabais de nos ressources naturelles, Anticosti le vol du siècle, alouette!). À mon avis, le Québec doit enfin avoir les dirigeants qu’il mérite, c’est-à-dire au service du peuple et de ses institutions, en français avant tout, pour le bien de tous.
Pour ce qui est de l’économie, je souhaite non seulement que notre gouvernement se tienne debout face aux banques qui accumulent des profits sur le dos des citoyens en refusant de payer la dette (comme l’a fait l’Islande), mais qu’également nos riches contribuables québécois fassent vraiment leur part. En effet, en 2011, le total des 17 plus grandes richesses du Québec atteignait 30 milliards de dollars, autant que la moitié du budget annuel du gouvernement du Québec!
Si 2012 a bougé plus qu’on ne l’espérait avec ce printemps étudiant vivifiant – loin d’être terminé –, ça bougera assurément encore en 2013, car il faut parachever la Révolution tranquille. D’ici là, je vous souhaite un excellent début de session. Soyez tous très fiers de vivre, car nous n’avons qu’une seule chance d’exister et de laisser sa trace dans l’histoire. À vous de prendre la place que vous désirez dans ce monde infini. À votre santé!