
Le mercredi 11 février dernier, au pavillon de la Santé, une cérémonie commémorative privée avait lieu en mémoire de Roxanne Boisvert, étudiante en ergothérapie disparue un an plus tôt à la suite de tragiques évènements qui ont fait réagir la province. On y a entre autres annoncé qu’une bourse portant son nom et visant à récompenser l’implication et la réussite scolaire en ergothérapie avait été mise sur pied par la Fondation de l’UQTR. Émilie de Lange, présidente de l’Association des étudiants en ergothérapie (AEE) depuis un an et proche amie de la disparue, est revenue sur l’élan de solidarité qui s’est dégagé dans l’université au cours de la dernière année.
«L’année passée, je n’aurais pas pensé être comme ça aujourd’hui, mais c’est grâce à toute la solidarité que j’y suis arrivée. L’université au complet s’est mobilisée. Ils ont tout fait pour nous. C’est ça qui fait du bien, de savoir qu’on n’est pas seuls au monde.»
Elle se rappelle tout ce qui a été fait: murale, plantation d’un arbre, plaque commémorative, carrés oranges… «On était sous le choc. Les présidents des autres associations sont venus nous voir pour nous dire qu’ils avaient une idée, qu’ils avaient dévalisé toute la feutrine orange de Trois-Rivières pour découper des carrés. Je voyais tout le monde se promener avec ça. Wow. Le programme d’arts avait passé la nuit à faire des petits drapeaux. C’est rien, mais ça veut tout dire.»
Tout au long de l’année, des casquettes orange ont circulé sur le campus. C’est Roxanne, alors présidente de son association, qui avait instauré cet emblème en septembre 2013 pour l’association, créant un sentiment d’appartenance. «C’est devenu notre signe de la solidarité dans le programme. On l’a porté mercredi, même les professeurs en ont acheté une.»
Le drapeau de l’Université du Québec à Trois-Rivières était en berne à l’occasion du triste anniversaire.
Journée du Câlin Ergolove
Le 11 février dernier, soit un an jour pour jour après l’évènement, s’est déroulé sous le signe de la Journée du Câlin Ergolove dans le pavillon de la Vie étudiante et même en-dehors de la ville. «C’était juste pour répandre l’amour. On avait la cérémonie commémorative cette journée-là à l’université, mais en même temps on se disait qu’on ne pouvait pas laisser le reste de la journée banal et on ne voulait pas imposer quelque chose à tout le monde. On a décidé de laisser le local de l’Asso ouvert pour la journée pour que les gens viennent se recueillir. C’était le concept «free hugs» (câlins gratuits). Ils pouvaient aussi faire des bricolages avec des cœurs et on a fait des chandelles que nous sommes allés porter au cimetière après.»
«Oui, il y a des gens qui sont davantage dans la haine, mais pour nous ça a toujours été: Roxanne. On s’ennuie d’elle, on veut continuer à la faire vivre à travers nous, continuer ses projets et répandre son amour.» – Émilie de Lange, présidente de l’Association des étudiants en ergothérapie
Émilie de Lange a également remercié les étudiants de première année en ergothérapie. «Ils n’ont pas connu Roxanne, mais ils ont embarqué tout de suite dans la famille et ils ont compris toute la solidarité qu’il y a en ergothérapie.»
Se souvenir et s’aimer
«À travers tout ce qui s’est passé, l’important c’est de se souvenir et de s’aimer. L’amour l’emportera toujours sur la haine. C’est le père de Roxanne qui m’avait dit ça quelques jours après les funérailles et ça m’avait beaucoup touchée. Tout le monde se disait qu’on devait détester les deux garçons, qu’on devait toujours penser à ça, au procès. Mais c’est fou comment on ne pense pas à ça. Oui, il y a des gens qui sont davantage dans la haine, mais pour nous ça a toujours été: Roxanne. On s’ennuie d’elle, on veut continuer à la faire vivre à travers nous, continuer ses projets et répandre son amour. On est des gens très positifs dans la vie et vraiment pas dans le jugement. Roxanne était incapable de juger.»
De l’amour pour le Département de philosophie et des arts
Comble du malheur, le campus a appris mercredi le 11 février qu’un étudiant en arts, Olivier Chevrette, était décédé naturellement dans un pavillon la veille. «Des étudiants en arts, sont venus nous donner des câlins. Ils nous ont ressorti le fait qu’on avait traversé ça ensemble et que c’était un beau modèle pour eux. J’ai l’impression qu’ils vont vivre les mêmes étapes que nous. C’est comme ça qu’on peut s’en sortir.»
Émilie de Lange conclut en réitérant l’importance d’être bien entouré. «C’est certain que dans les étapes du deuil, il a des moments plus difficiles, mais en même temps, tu as dix amis qui sont là pour te soutenir quand ça va moins bien. Dans un groupe, tu ne te sens jamais tout seul.»