Karine Messier Newman, étudiante et chargée de cours: Adopter une tribu

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Karine Messier Newman dans son repaire à la Chasse Galerie de l'UQTR. Photo: M. Lortie
Karine Messier Newman dans son repaire à la Chasse Galerie de l’UQTR. Photo: M. Lortie

Karine Messier Newman est étudiante au doctorat en psychoéducation et donne un cours de baccalauréat sur l’intervention des jeunes en difficulté auprès des futurs enseignants à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Son parcours serait plutôt normal, si ce n’est qu’elle s’est retrouvée avec la charge de cinq enfants en chemin.

À 24 ans, c’est l’âge où les universitaires d’aujourd’hui commencent à penser à avoir des enfants, tranquillement. À 24 ans, Karine Messier Newman et sa conjointe se retrouvaient, du jour au lendemain, avec la charge de trois enfants de 7, 9 et 11 ans.

C’était un 16 décembre, à la veille de Noël. Karine les connaissait déjà: ses trois petits voisins venaient souvent cogner à la porte parce qu’ils avaient faim. «Mais ce ne sont pas des chats!». Comment rester indifférent?

Karine Messier Newman était alors la «gentille madame enseignante», la seule personne de confiance à qui on pouvait penser les confier pour la période des fêtes.

Puis, la période s’est étirée, étirée et étirée… Ne pouvant pas concevoir que les trois enfants puissent être séparés, le jeune couple, alors plutôt inconscient de l’ampleur du geste, prend sous son aile trois enfants ayant un passé parsemé d’embuches, une histoire à trainer et des besoins à combler. Les trois premiers de la «tribu».

C’était à l’époque de l’émission de Chantal Lacroix Donner au suivant. Sa candidature avait alors été retenue afin de recevoir une formation pour intervenir pendant deux ans auprès du plus vieux qui était analphabète à ce moment. Il a aujourd’hui terminé son secondaire: une belle fierté!

L’intervention auprès des enfants: «la base d’une société forte»

Karine Messier Newman a toujours voulu travailler avec l’humain. Elle a enseigné pendant presque 10 ans à Montréal dans des milieux défavorisés avant d’entamer une maitrise en éducation à l’UQTR en 2008. C’est là, sous sa première clause de réserve, qu’elle a commencé à y enseigner.

Depuis 2013, elle est étudiante au doctorat en psychoéducation, ce qui lui permet de travailler sur la réussite scolaire des jeunes en famille d’accueil et sur l’engagement de celle-ci dans leur parcours, ce qu’elle expérimente au quotidien.

Des enfants placés sur le chemin

Arrivée à Trois-Rivières, la petite famille est contactée pour une jeune fille de 3 ans en difficulté. Depuis mai dernier, ils accueillent aussi un petit garçon qui complète le nid. Pour le moment.

Ces enfants vulnérables qui tombent du ciel, qu’elle recueille comme des oiseaux blessés qui réapprennent à voler, la nourrissent et la charment énormément depuis le début de cette aventure. Elle a senti qu’elle pouvait les aider. Ce n’était pas un objectif en soi, mais c’est arrivé.

Les enfants placés dans des familles le sont en tout dernier recours, alors que leur sécurité est compromise. C’est pour cette raison que la porte n’est toujours pas fermée.

Les liens, au-delà du sang

Karine Messier Newman est elle-même une enfant adoptée. Les liens de sang, elle ne connait pas trop. Elle a toujours voulu redonner l’attention qu’elle a reçue. Ces enfants sont les siens, avec tout ce que ça comporte.

Ces enfants rapatriés l’ont amenée à voir les êtres humains au-delà de leurs souffrances, à comprendre les histoires et le vécu de chacun, sans jugements.

Les deux pieds bien ancrés sur terre, elle est solide et rassurante. La particularité de son parcours et les différents chapeaux qu’elle porte demandent beaucoup de discipline. Elle est bien entourée: un couple solide, des amis qui collaborent. C’est la maison où on se réunit, où on a envie de se retrouver.

Ces enfants vulnérables qui tombent du ciel, qu’elle recueille comme des oiseaux blessés qui réapprennent à voler, la nourrissent et la charment énormément depuis le début de cette aventure.

Les difficultés ne sont pas différentes de celles des autres familles. Aujourd’hui âgés de 21, 19, 18, 9 et 3 ans, il règne entre eux une relation fraternelle, une considération des frères et des sœurs.

Aujourd’hui, elle ne se verrait plus vivre différemment et elle est contente que ce soit arrivé. D’autant plus que les enfants grandissent et que la lumière au bout du doctorat ainsi que la stabilité qui vient avec commencent à poindre. Il y a même un projet d’enfant biologique à l’horizon.

Ces enfants sont au cœur de sa vie, ils sont partie prenante de son parcours personnel et professionnel. Elle aspire à devenir professeure pour continuer à travailler pour eux, pour se mettre au service de la recherche, tout en gardant un grand pied dans la pratique.

Karine Messier Newman est une femme inspirante qui n’a pas peur, non pas de s’abandonner pour les autres, mais plutôt de les accompagner avec cette force qui l’habite.

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