
Cette semaine, je sors de ma zone de confort pour vous présenter une femme qui a été pionnière dans le domaine de l’informatique, Lady Ada Lovelace. Vous aurez sûrement deviné que j’étudie en histoire, et que par défaut, les mathématiques ne sont pas ma tasse de thé. Maintenant que ma confession est faite et que mon ignorance envers les maths est dévoilée, vous aurez compris que je m’aventure dans un sujet qui a pour moi de multiples secrets.
Toutefois, je relève le défi pour vous présenter Lady Ada Lovelace qui fut la première programmeuse de l’histoire. Très peu connues en Amérique, ses recherches et ses découvertes seront oubliées jusqu’à la fin du XXe siècle, soit avec l’avènement de l’ordinateur. Plein feu sur une femme qui était bien en avant de son temps.
L’amour des mathématiques
Ada Byron est née le 10 décembre 1815 en Angleterre dans une famille de la noblesse. Son père, Lord Byron, était un poète avec une sale réputation et aux mœurs légères. Sa mère, Anabella Milbanke, mathématicienne, ne supportera pas longtemps ce comportement et va demander le divorce un an après la naissance de sa fille. Lord Byron quitte l’Angleterre et décède 10 ans plus tard, sans jamais revoir sa fille. Ada sera donc élevée par sa mère qui l’encourageait fortement à travailler les mathématiques, voulant l’éloigner le plus possible du monde des lettres de son père.
Il n’en faut pas plus à Ada pour avoir la piqûre des mathématiques. Lors de sa jeunesse, elle tombe gravement malade et elle devra rester au lit pendant plus d’un an. Durant cette période, elle va se distraire en écrivant des algorithmes et en apprenant constamment les secrets de cette science. Sa mère lui payera même un professeur privé pour qu’elle puisse apprendre du meilleur. À 17 ans, elle se faisait déjà connaître dans le monde de la science et était vue comme une figure innovatrice des mathématiques.
Il faut mentionner qu’à l’époque, il était peu commun qu’une jeune femme travaille autant en science. L’éducation des filles était plus tournée vers la littérature, l’écriture et la musique. Même si Ada avait des goûts plus «masculins» pour l’époque, elle montrait un côté très féminin en société. Toujours présente aux bals où elle était invitée, elle était d’une sociabilité remarquable et reconnue pour sa bonne conversation. C’est lors de ces soirées qu’elle rencontre Mary Sommerville, une éminente chercheuse scientifique de l’époque. Cette dernière va encourager la jeune femme à poursuivre en mathématique, lui prouvant qu’il était possible pour une femme de se forger une place dans le monde de la science.
Créatrice du premier algorithme informatique
L’année suivante, Sommerville lui présente le chercheur Charles Babbage qui tentait de développer une machine pouvant calculer appelée la «Machine analytique», qui deviendra la première calculatrice. Complètement fascinée par son travail, elle se propose pour être son assistante et collègue, ce qu’il acceptera. Elle trouva sûrement en sa présence le père qu’elle n’a jamais eu, puisqu’ils seront très proches par la suite. La force des choses l’éloignera cependant des mathématiques pendant un certain temps puisqu’elle se mariera à William King, comte de Lovelace en 1835. S’en suivront trois enfants et une vie familiale remplie qui l’éloigna momentanément de sa passion.
C’est en 1842 qu’elle prendra en main un projet qui lui vaudra le titre de première programmeuse. Babbage lui proposera de traduire un article français qui décrivait sa machine analytique. Le but était de simplement expliquer en anglais et de le republier, mais Ada décidera, sous le conseil de Babbage, d’y ajouter ses propres notes. Pendant neuf mois, elle traduira et annotera, triplant le volume de l’article initial. Plusieurs notes sont ajoutées, dont la note G qui présente un algorithme détaillé pour calculer les nombres de Bernoulli avec la machine analytique. Ce programme est considéré par plusieurs comme étant le premier véritable programme informatique.
Malheureusement, tout va se gâter à cause des problèmes d’argent. Le gouvernement va retirer son aide financière du projet, et dans l’espoir d’amasser une bonne somme, Ada commence à jouer. Elle va même travailler sur un système qui lui permettrait de gagner le derby d’Epsom, la course de chevaux de l’Angleterre. Elle va cependant crouler sous les dettes avant d’avoir trouvé. Elle meurt à l’âge de 36 ans d’un cancer de l’utérus, dans l’oubli total de ses recherches.
C’est à la fin du XXe siècle que son travail va être enfin reconnu. En son honneur, les Anglais vont nommer le langage de programmation pour le ministère de la Défense «Ada» en 1978. Lady Lovelace est maintenant considérée comme la première informaticienne de l’histoire.