La petite ténébreuse: La censure de l’horreur ⎯ Famine sous Mao Tsé-Toung

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Portrait de Mao Zedong sur la place Tiananmen. Photo: Zhang Zhenshi
Portrait de Mao Zedong sur la place Tian’anmen. Photo: Zhang Zhenshi

Lorsqu’on évoque les dictateurs du XXe siècle, les noms de Josef Staline, d’Adolf Hitler et du général Franco nous viennent généralement en tête. Moins souvent, on pense à Mao Tsé-Toung, ancien leadeur de Chine. Pourtant, il suffit de s’attarder quelque peu à ses «réalisations» pour avoir froid dans le dos. Dans le souci de faire avancer la Chine économiquement et d’être reconnu internationalement, Mao laissa de côté son peuple. Vous connaissez probablement les grandes famines de l’histoire, comme celle des Irlandais et celles qui perdurent dans certains pays d’Afrique. La Chine ne fut pas épargnée par la famine, notamment entre les années 1958 et 1961.

La «faim» justifie les moyens

Allant jusqu’aux années 80, le gouvernement chinois explique la famine par une série de catastrophes naturelles. Des sècheresses se sont abattues sur le pays et les récoltes ont été ruinées. Lors de ce qu’on appelle aujourd’hui «Le Grand Bond en avant», la production économique s’est axée vers le fer et l’acier. Plusieurs agriculteurs ont donc été contraints de quitter leurs cultures pour travailler dans les mines. Les cultivateurs n’avaient plus le droit de cultiver pour leurs besoins personnels. Tout devait être remis au Parti unique. De plus, une réforme au niveau des techniques d’agriculture censée améliorer le rendement des récoltes se révéla catastrophique. Combinées aux véritables sècheresses, les nouvelles techniques engendrèrent une baisse considérable dans la production des céréales. En 1960, le rendement avait chuté de 70% par rapport à 1958. Faute de nourriture, les gens ont commencé à tomber comme des mouches. Le taux de mortalité a grimpé et le taux de natalité a évidemment chuté.

Lorsqu’on évoque les dictateurs du XXe siècle, les noms de Josef Staline, d’Adolf Hitler et du général Franco nous viennent généralement en tête. Moins souvent, on pense à Mao Tsé-Toung, ancien leadeur de Chine.

Le secrétaire du Parti unique à cette époque, Yu Dehong, déclare: «Je suis allé dans un village de la province et j’y ai vu une centaine de cadavres. Je suis allé dans un autre village et j’y ai vu une centaine d’autres cadavres. On disait que les chiens mangeaient les corps. J’ai dit que ce n’était pas vrai, les chiens ont depuis longtemps été mangés par la population.» Et que fait Mao face à la mort de sa population? Il répond qu’il vaut mieux perdre la moitié de la population pour que l’autre moitié puisse manger à sa faim…

Cannibalisme

Oui, vous avez bien lu le mot: cannibalisme. Certains cas ont été répertoriés lors de la famine. Le cannibalisme n’est pas isolé en Asie. Souvent pratiqué de façon rituelle pendant les guerres – où l’on dévorait son ennemi après l’avoir battu –, il devient presque une nécessité à la survie du peuple chinois pendant la famine. Une des façons les plus cruelles de «choisir son repas» était d’échanger ses propres enfants avec d’autres familles. On évitait ainsi de manger son fils ou sa fille… C’est intolérable et quasi impossible à comprendre, mais lorsque la faim rend fou, tous les moyens sont bons pour survivre. Le cannibalisme ressort souvent lors de période de famine. Les Juifs en camp de concentration n’ont pas été épargnés par le phénomène, les Irlandais non plus d’ailleurs… Je ne dis pas que je mangerais mes enfants, mais je dis qu’il est inutile de juger une situation tant qu’on ne l’a pas vécue. Je sais, c’est trash.

Comme dans bien des cas au cours de l’histoire, la population meurt de faim et les dirigeants sont nourris à outrance et boivent du vin et de l’alcool de qualité. Deux poids, deux mesures, même si l’on se trouve sous un gouvernement communiste où tout le monde devrait être égal, en théorie. Le bilan officiel de la famine et du Grand Bond en avant rapporte 15 millions de morts. Les nouvelles études parlent plutôt de 30 à 60 millions de personnes décédées.

«Je suis allé dans un village de la province et j’y ai vu une centaine de cadavres. Je suis allé dans un autre village et j’y ai vu une centaine d’autres cadavres. On disait que les chiens mangeaient les corps. J’ai dit que ce n’était pas vrai, les chiens ont depuis longtemps été mangés par la population.» -Yu Dehong, ancien secrétaire du Parti unique

Aujourd’hui

Si la famine est maintenant connue du monde, il a fallu attendre jusque dans les années 80 pour la découvrir. Encore aujourd’hui, la Chine n’est pas reconnue pour être le pays offrant le plus de libertés à ses citoyens. La liberté de presse n’existe pratiquement pas. Le réseau Internet est particulièrement censuré et les gens travaillent pour des salaires de misère. Alors, le Grand Bond en avant aura-t-il servi à sortir la Chine du marasme économique? En partie seulement. Si les élites vivent grassement et les villes sont les plus populeuses et les plus développées du monde, la vie rurale en Chine ressemble plus souvent à la réalité des pays du tiers-monde qu’à celle des pays développés.

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