La p’tite vite: Détruisons le tabou entourant les cours d’éducation à la sexualité

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Photo: David Ferron

Lorsque le gouvernement du Québec a annoncé le retour des cours d’éducation sexuelle à la suite du mouvement #MoiAussi, il n’en fallut que peu pour observer des réactions contraires, allant des plus comblés aux plus méfiants. Plusieurs mois après la mise en place officielle de ce nouveau cours, le sujet fait encore couler beaucoup d’encre.

En effet, l’abbé Robert Gendreau du Service de la pastorale liturgique de l’Archidiocèse de Montréal ainsi que le docteur Raouf Ayas ont créé un outil se voulant pédagogique; « Réflexions pour susciter le dialogue parents/enfants sur le programme Éducation à la sexualité du Ministère de l’Éducation du Québec ». Ce guide a pour but d’aider les parents inquiets par rapport aux objectifs de ce cours, ou même ceux qui y sont contre, afin qu’ils puissent aborder avec leurs enfants les thématiques vues en classe à leur manière. L’ouvrage s’adresse aux enfants de la maternelle à la 3e année du primaire.

Il englobe des aspects beaucoup plus larges que la contraception et la mécanique d’une relation sexuelle: le consentement, l’image corporelle, le respect des autres, et j’en passe.

Bien entendu, cela va dans une perspective chrétienne catholique, et donc assez conservatrice. Certains ne veulent pas que leurs enfants apprennent des choses qu’ils ne sont pas prêts d’entendre – ou ce sont peut-être plutôt les parents qui ne sont pas prêts d’accepter que leurs enfants apprennent ces dites choses…

Ainsi dit, plusieurs médias et professionnels.les du milieu se sont révoltés.es de cette initiative, puisque cela va à l’encontre de l’objectif principal de ce retour en force de l’éducation sexuelle: une communication positive et sans tabous sur la sexualité.

Un peu plus à l’ouest de nous, Doug Ford, premier ministre de l’Ontario et chef du parti conservateur, a annoncé cet été son intention ferme de revenir au programme d’éducation sexuelle de 1998, alors que le programme actuel qui date de 2015, est beaucoup plus, pardonnez-moi la répétition, actuel.

Ce cours-ci aborde la sexualité dans l’ère du numérique, avec l’arrivée massive des réseaux sociaux et des sites pornographiques. De plus, il aborde la sexualité de manière inclusive, puisqu’il y a des sujets comme l’homosexualité et l’identité du genre. De ce fait, revenir à une version désuète, c’est revenir en arrière…

Les cours d’éducation à la sexualité permettent à ces futurs.es adultes de développer leur esprit critique, leur jugement ainsi que leur sens des responsabilités.

Alors, avec tous ces mouvements contre ce fameux cours d’éducation à la sexualité, comment s’y retrouver? Sommes-nous vraiment en train de pervertir la génération future, ou plutôt de la préparer à bien comprendre cet aspect de la vie humaine? Je crois que vous connaissez déjà ma réponse, mais je m’apprête quand même à vous expliquer le pourquoi!

L’inquiétude est normale, mais…

En tant que parent, il est normal de s’inquiéter de l’éducation de nos enfants et de vouloir le meilleur pour eux. Ainsi, ne pas bien s’informer sur les sujets abordés dans le cadre de ce cours peut être source de stress.

Même si on l’appelle un cours de « sexualité », il englobe des aspects beaucoup plus larges que la contraception et la mécanique d’une relation sexuelle: le consentement, l’image corporelle, le respect des autres, et j’en passe. De plus, il est certain que les thèmes abordés ne sont pas les mêmes entre un élève de 1ère année du primaire et un élève de 3e année du secondaire. Tout est une question de développement, et de logique.

Les cours d’éducation à la sexualité permettent également à ces futurs.es adultes de développer leur esprit critique, leur jugement ainsi que leur sens des responsabilités, comme il est expliqué sur la page web gouvernementale au sujet de l’éducation à la sexualité. Un parent peut-il vraiment être contre cela?

L’adolescence, période de questionnements

Nous sommes tous passés par là, ou peut-être êtes-vous dans cette période clé, mais l’adolescence est une période de chamboulements, aussi physiques que psychologiques. Avec l’arrivée de la puberté, certains de ces changements peuvent parfois provoquer de la honte, du doute, et parfois même beaucoup de gêne.

La sexualité, un sujet encore considéré pour certains comme « tabou », devient alors quelque chose de mystique, de nouveau, de stressant même. Dépendamment de l’entourage, il se peut que certains adolescents.es aient honte de parler de leurs questionnements par rapport à la sexualité.

Ainsi, la sensibilisation et l’éducation sont les clés pour une sexualité épanouie et bien vécue.

Je suis de cette génération où nous n’avons pas eu de « vrais » cours d’éducation à la sexualité, gérés et uniformisés par le gouvernement. C’était fait selon le bon vouloir spécifique de chaque école primaire et secondaire.

Oui, une infirmière est venue nous expliquer, lorsque j’étais en 2e année du secondaire, comment mettre un condom, du risque des ITSS et de tomber enceinte pour les jeunes filles que nous étions – la base. Néanmoins, des sujets plus sensibles et délicats, mais tout aussi importants ont été oubliés: la masturbation, le plaisir sexuel, la pornographie, etc.

Et non, ce n’est pas en faisant l’autruche que les adolescents.es vont rester ignorants.es sur la sexualité. Avec l’arrivée d’internet, il devient extrêmement – trop – facile d’aller consulter plein de sites pour s’éduquer par rapport à ce sujet, que ce soit des sites très fiables comme Tel-Jeunes, ou des sites moins fiables comme du matériel pornographique. Ainsi, la sensibilisation et l’éducation sont les clés pour une sexualité épanouie et bien vécue.

Dans ce même ordre d’idée, j’ai eu du temps durant ma session pour visionner en rafale la nouvelle série Netflix intitulée Sex Education. Un peu dans la même veine que Skins, cette série britannique aborde justement tous les thèmes qu’une éducation à la sexualité devrait avoir, avec des personnages aussi attachants et complexes les uns les autres, et ce, sans aucun tabou. À regarder, sans l’ombre d’un doute.

Lien vers le site du ministère de l’Éducation sur le cours d’éducation à la sexualité au Québec: http://www.education.gouv.qc.ca/enseignants/dossiers/education-a-la-sexualite/

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