
Caroline Dufour est actuellement en première année à la maîtrise en biologie cellulaire et moléculaire. L’étudiante réalise ses recherches dans un laboratoire d’immunité anti-virale avec le professeur Lionel Berthoux. Il s’agit d’un laboratoire qui travaille principalement sur le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les facteurs de restrictions, c’est-à-dire, des protéines cellulaires qui bloquent l’infection.
Trois étudiants travaillent actuellement dans ce laboratoire avec des projets différents, mais qui portent tous sur les facteurs de restrictions. Caroline Dufour explique: «On connaît déjà un facteur de restriction pour le VIH, celui du TRIM5alpha. Cependant, il est efficace chez le singe, mais pas chez l’homme». De plus, un étudiant à la maîtrise a créé précédemment un mutant, c’est-à-dire, une version modifiée qui restreint le VIH à l’homme. Le projet de Caroline est d’utiliser ce même mutant afin de voir à quel point il a la capacité d’activer les voies de l’immunité innée, la première défense que le corps humain va avoir face à une menace bactérienne. L’étudiante souhaite aussi évaluer l’activation de ce mutant dans tout le processus de restriction du VIH en général. Il s’agit d’un gène cible que l’on va analyser par une thérapie génique du VIH. L’intérêt de cette recherche est de trouver un traitement efficace pour combattre la maladie.
L’intérêt de cette recherche est de trouver un traitement efficace pour combattre la maladie.
Déroulement de la recherche
Caroline Dufour tient d’abord à rappeler: «Avant de commencer une thérapie génique, il faut bien connaître tout le processus. Il faut également savoir toutes les conséquences de ces manipulations et caractériser les voies de signalisation de l’immunité innée. À travers ma recherche, je vais savoir par quelle voie ça a une influence ou si ça en n’a pas du tout». L’étudiante poursuit: «De plus en plus, on pense que l’activation de l’immunité innée est associée à la réactivation des virus latents». En effet, le VIH peut rester inactif dans les cellules, ce qui rend donc le traitement difficile puisque les virus ne sont pas actifs, il n’est pas facile de les joindre. Dans un autre type de traitement, les recherches essaient de comprendre comment on peut provoquer la réactivation des virus latents qui ne sont pas atteignables par la trithérapie. Le but est alors de se débarrasser de ce type de virus. La recherche de Caroline est purement expérimentale. Elle modifie des cellules en culture, c’est-à-dire, qu’elle procède à une surexpression ou à une inactivation de gène spécifique. De plus, les virus qu’elle utilise sont créés en laboratoire. L’étudiante tient aussi à préciser: «Je réalise mes recherches avec des virus non réplicatifs, après l’infection des cellules qui vont mourir, ils ne vont pas produire d’autres virus, ils ne sont donc pas dangereux».
Des protéines fluorescentes vertes
Pour la réalisation de ses tests d’infection avec des cellules du VIH, Caroline Dufour utilise des gènes rapporteurs: «Mes cellules qui vont être infectées vont devenir vertes. Je peux donc évaluer avec le cytomètre en flux, une machine qui va me dire combien de cellules sont vertes». En effet, il s’agit d’une protéine ayant la propriété d’émettre une fluorescence de couleur verte. Caroline Dufour précise: «La machine comporte une aiguille très mince qui va aspirer la solution liquide de cellules et qui va compter le nombre de cellules une à une. Elle va ainsi quantifier le nombre de cellules vertes, ce qui va me permettre de savoir le nombre de cellules infectées». Il faut attendre de 24 à 48 heures avant de voir les résultats. Plus tard, l’étudiante pense continuer au doctorat avec le même projet car pour elle, «la recherche, c’est définitivement quelque chose que j’aime».