
Suzanne Attiori Essis est actuellement en deuxième année de maîtrise en biologie cellulaire et moléculaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Elle travaille dans le laboratoire de Guy Massicotte et elle étudie les troubles de la mémoire et les troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer.
L’étudiante cherche à comprendre le mécanisme de la mémoire, du vieillissement et des maladies associées dont, en particulier, la maladie d’Alzheimer. Son projet d’étude consiste à analyser le rôle d’un médicament prescrit normalement dans le traitement d’une autre maladie, soit celle de la sclérose en plaques. Ainsi, l’étudiante a cherché à voir l’influence du médicament fingolimod sur des récepteurs NMDA, c’est-à-dire, des unités indispensables au processus de la mémorisation. Attiori Essis précise: «Des études récentes montrent que ce médicament pourrait avoir des effets bénéfiques pour limiter les troubles cognitifs, comme la perception, la résolution de problèmes et la mémoire.» Ainsi, en collaboration avec Michel Cyr, professeur au Département de biologie médicale, l’étudiante a tenté de voir les impacts du médicament sur les NMDA en utilisant des rats.
«L’Alzheimer est le premier cas de démence au Canada. Aucun traitement n’est efficace à ce jour, on peut seulement limiter les symptômes, ralentir la maladie, mais ça fait encore des ravages.» – Suzanne Attiori Essis
Un espoir pour la maladie
Les rats, cobayes pour le projet, sont utilisés par la chercheuse pour l’extraction de tranches d’hippocampe, partie du cerveau impliquée dans la mémoire. Sur ces tranches, placées dans une chambre d’incubation, l’étudiante a appliqué le médicament fingolimod et les a gardées en vie pendant quatre heures, ce qui lui a permis de voir les effets sur les récepteurs. Ces tranches deviennent ensuite un échantillon de protéines qui seront analysées par la technique western plot, technique d’analyse de quantification des protéines. Ces travaux ont permis de voir que le médicament augmente l’activité des récepteurs NMDA. Ces résultats ont alors confirmé d’autres études réalisées précédemment : les effets bénéfiques du médicament ont un impact sur les récepteurs NMDA. Il s’agit alors d’une découverte importante pour le domaine de la neuropharmacologie. D’ailleurs, ces résultats ont récemment été publiés dans la revue scientifique Brain Research. Et pour ceux qui s’inquièteraient du traitement des rats, l’étudiante rassure: «Pour utiliser les rats, c’est très contrôlé. Le Comité de bons soins aux animaux (CBSA) veille à ce que les chercheurs réalisent leurs études dans de bonnes conditions avec les animaux.» D’ailleurs c’est le comité qui approuve le protocole de la recherche.
Une véritable passion
C’est grâce à son stage de fin d’année que Suzanne Attiori Essis a découvert sa passion pour la recherche. Lors de sa troisième et dernière année de baccalauréat, elle a essayé de comprendre le fonctionnement de la maladie d’Alzheimer et de trouver un remède pour contrer les ravages de la maladie. Elle a alors décidé de continuer à la maîtrise et réfléchit à poursuivre plus tard au doctorat. Cette passion vient aussi de son expérience professionnelle, puisqu’elle a travaillé avec des personnes âgées qui souffraient de troubles cognitifs. L’étudiante s’intéresse alors à cette maladie: «Ça m’intriguait vraiment comment cette maladie arrivait.» Même si les données dévoilées par l’étude menée par l’étudiante et son professeur sont encourageantes, Attiori Essis rappelle: «Il s’agit du premier cas de démence au Canada. Aucun traitement n’est efficace à ce jour, on peut seulement limiter les symptômes, ralentir la maladie, mais ça fait encore des ravages.» Également, en réalisant ce projet, d’autres questions ont été soulevées, comme celle de l’efficacité du traitement à long terme. Le remède n’est pas encore trouvé, c’est pourquoi il faut poursuivre les recherches.