Au moment d’écrire ces lignes, à peine deux heures se sont écoulées depuis le moment où la majorité des étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a parlé pour se positionner contre la tenue d’une grève ponctuelle le 2 avril 2015.
Une bière à la Chasse Galerie plus tard, me voilà à la bibliothèque pour rédiger ce qui s’avérera probablement être la chronique la plus difficile à rédiger depuis le début de la session.
L’Assemblée générale spéciale
Non pas que le sujet soit particulièrement compliqué, je dirais même que les enjeux étaient plutôt simples à cerner: d’un côté les «carrés rouges» qui voulaient avoir la possibilité de manifester leur mécontentement et de l’autre les «carrés verts» qui voulaient assister à leurs cours.
Un peu de désinformation plus tard, la majorité votait contre. La séance était levée en moins de vingt minutes, pour le plus grand bonheur d’une majorité qui ne semblait pas tout à fait saisir ce qu’était l’austérité.
J’ai eu un malaise. Je suis toujours mal à l’aise d’ailleurs. Que l’UQTR ne soit pas en grève ne m’affecte pas plus que cela, j’avoue même que je n’aurais pas été présente à la manifestation contre l’austérité et que j’aurais probablement profité de cette journée pour faire des travaux.
Je suis aussi la première à clamer qu’une grève étudiante est un mauvais moyen de pression, que nous ne faisons que refuser de recevoir les services que le gouvernement, donc tous les payeurs de taxes, et nous avons déjà payés.
Il y a deux heures, pourtant, j’ai voté pour la tenue d’une grève le 2 avril 2015.
Certains diront sans doute que je suis contradictoire. Une partie de moi aurait envie de les laisser faire, mais l’autre, la partie chroniqueuse, j’imagine, a plutôt envie d’expliquer mon raisonnement.
Voter pour la grève quand on est contre la grève
Se remettre en question est sans doute le moyen le plus efficace d’évoluer. Je suis naturellement contre la grève étudiante pour la simple raison que la grève est drôlement plus efficace lorsqu’elle est faite par celui qui dispense les services plutôt que par celui qui les reçoit.
Cela étant dit, le vote de grève auquel j’ai participé n’en était pas réellement un. D’abord, l’idée d’un débat entre «carrés verts» et «carrés rouges» n’aurait jamais seulement dû être émise. Jamais il n’a été question de hausse de droits de scolarité ou de gratuité scolaire, contrairement à ce que certaines personnes semblaient croire.
L’austérité affecte chaque citoyen. Mes précédentes chroniques en ont, je le crois, fait état. Si on tente de nous faire croire que l’austérité réduira la dette nationale et qu’elle nous permettra de redresser l’économie, des économistes s’époumonent pourtant à nous avertir des conséquences que peuvent avoir une telle mesure sur une économie nationale.
D’autres pays l’ont essayé avant nous et le fossé entre les classes sociales s’est davantage creusé. D’autres pays l’ont essayé avant nous et plutôt qu’apprendre de leurs erreurs, nous préférons nous enfoncer la tête dans le sable en regardant le fameux site Web qui permet de voir le montant de la dette augmenter en temps réel.
La Grèce était l’un d’eux. Le taux de chômage a monté en flèche et les services sociaux essentiels sont devenus de moins en moins accessibles. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Là n’est pourtant même pas le point. Que nous soyons pour ou contre l’austérité, que nous soyons pour ou contre la grève étudiante, nous devrions tous, en tant qu’étudiants universitaires amenés à réfléchir sur le monde et sur la société, être pour la liberté d’expression.
Il ne faut pas oublier que les élus se devraient d’être les représentants du peuple. Un peuple mal informé à qui nous avons le devoir d’ouvrir les yeux.
Le vote de grève qui s’est tenu à l’Assemblée générale spéciale en était un pour la liberté d’expression, en ce qu’il aurait permis aux étudiants qui désiraient le faire d’exprimer leur mécontentement face aux mesures gouvernementales en participant à la manifestation nationale du 2 avril 2015.
Ces mêmes étudiants devront maintenant manquer des cours pour le faire. Plusieurs s’abstiendront parce que l’éducation leur tient à cœur. Croyez-le ou non, même la gauche étudiante trouve important d’assister à ses cours.
Se tenir droit
Ne perdons pas espoir. Des alternatives s’offrent à nous, il faut seulement savoir les percevoir et les appliquer. Il n’est pas trop tard pour organiser des manifestations, les fins de semaine s’il le faut. Il n’est pas non plus trop tard pour signer des pétitions, pour informer notre entourage des enjeux.
Pour les plus anarchistes d’entre nous, nous pourrions décider en bloc de ne pas produire notre déclaration de revenus. Les étudiants pourraient refuser de payer leurs droits de scolarité.
Il ne faut pas oublier que les élus se devraient d’être les représentants du peuple. Un peuple mal informé à qui nous avons le devoir d’ouvrir les yeux.
En réponse à cet étudiant qui a interprété de façon douteuse et personnelle la position du FMI à l’Assemblée générale spéciale, je vous invite fortement à consulter le site Web de l’organisation où vous pourrez rapidement constater que l’assainissement budgétaire vient bel et bien ralentir la croissance économique.