L’art de monter une mayonnaise et autres propos comestibles: De la rue à l’assiette

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On attirait récemment mon attention sur le menu proposé par la cafétéria et sur l’insatisfaction qu’il provoque chez les étudiants qui tentent de conjuguer choix alimentaire santé et budget limité. On remarque certaines faiblesses notamment en ce qui a trait à l’option végétarienne. Des exemples? Le fameux sandwich à la tomate et à la mozzarella offert pour environ 6$ alors que la boite à lunch à la dinde, qui comprend sandwich, crudités, salade et dessert, en coute à peine plus cher. En ce qui concerne les non-végétariens qui optent pour une alimentation réfléchie, sachez que vous débourserez pratiquement le même prix pour une poutine et un burger que pour des bâtonnets de fromage et une coupe de crudités.

Manger santé pour un prix modique semble restreindre de beaucoup les choix des consommateurs. Quant à la provenance des produits, je doute que la cafétéria soit novatrice au point de s’engager dans des partenariats d’affaire avec des producteurs locaux comme c’est le cas dans d’autres établissements universitaires telle l’Université McGill.

Ce constat m’a justement rappelé une conférence TED Talks vraiment très amusante, mais surtout inspirante, qui abordait la question de la souveraineté alimentaire. Ron Finley habite Los Angeles. Après avoir observé qu’il est plus abordable et simple de manger dans l’une des innombrables chaines de fast-food peuplant les environs de son quartier que de trouver des produits frais et à bon prix (fruits, légumes), il a choisi de remédier à la situation. En réaction à cette problématique, il a opté pour le jardinage urbain. Ainsi, en prenant possession des espaces vacants à sa disposition (parterre de maison, bordure gazonnée des trottoirs), il a littéralement transformé le paysage de son quartier. Ce jardin alternatif est devenu un projet rassembleur au sein de sa communauté.

Ainsi, la réalisation d’un potager apparait possible même en milieu urbain moyennant quelques ajustements et représente une option intéressante pour ceux qui désirent revamper leur menu avec de bons gros légumes. Pas besoin d’aller si loin que les États-Unis pour découvrir des exemples d’initiatives citoyennes de ce genre. À Trois-Rivières, les Incroyables comestibles sévissent depuis 2013. Leur mandat est simple: valoriser l’agriculture urbaine en se réappropriant des espaces inutilisés.

Ce projet se base essentiellement sur l’entraide entre les bénévoles qui se divisent les tâches d’entretien des divers jardins répartis un peu partout dans la ville. La coopération est donc le mot d’ordre des membres. Chez les Incroyables comestibles, les jardiniers se partagent les outils, s’échangent des pousses en trop et se donnent des trucs. Au-delà de la récolte des produits du potager, cette initiative a la beauté de rapprocher les participants, créant un sentiment d’appartenance à un quartier.

Dans un campus où il est la plupart du temps question d’évènements festifs ou de chicanes administratives, il fait bon d’entendre des passionnés nous exposer des idées innovatrices qui prônent des valeurs vertes.

Les espaces gazonnés ne sont pas à l’abri de ces jardiniers puisque l’été dernier un potager a vu le jour sur le campus de l’UQTR. Situé entre le pavillon de la Vie étudiante et le pavillon Benjamin-Sulte, cet espace jardin refleurira cette année. Je me suis entretenue avec Audrey Cloutier, principale coordonnatrice du projet, afin de connaitre l’état de la préparation pour la belle saison.

Initialement, si cette charmante idée a pu se concrétiser, c’est par l’action concertée de plusieurs acteurs de l’UQTR. Des bénévoles, l’AGE, le Bacc Vert, le Service de l’équipement, l’horticultrice de l’UQTR et le comité de Développement Durable se sont mobilisés pour offrir soutien et appui à ce projet. La générosité de ces partenaires aura contribué à faire de la première édition du potager une expérience enrichissante, rendant compte de la viabilité de ce projet. Pour la saison qui vient, les participants mettront à profit l’expertise développée pour faire du jardin un lieu attrayant pour la population étudiante.

Déjà, les organisateurs envisagent l’avenir et désirent qu’à long terme le potager devienne une plateforme d’échanges par l’adoption d’un volet plus scolaire en s’associant notamment avec l’École internationale de français de l’UQTR ou encore en offrant des conférences au sujet de l’agriculture alternative.

Dans un campus où il est la plupart du temps question d’évènements festifs ou de chicanes administratives, il fait bon d’entendre des passionnés nous exposer des idées innovatrices qui prônent des valeurs vertes. Il est impératif de se doter de projets comme le potager qui change l’UQTR en un lieu plein de vitalité et en fait un modèle à suivre.

Évidemment, la pérennité du potager passe par l’engagement de ses membres. Aussi, il est nécessaire que des bénévoles se joignent à l’équipe de manière à ce que le jardin puisse continuer à prendre de l’ampleur. Vous pouvez donc contacter Audrey Cloutier pour prêter mainforte ou pour lui faire don de semis. (audrey.cloutier@uqtr.ca)

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