Je ne suis pas une adepte de la musique traditionnelle dans laquelle le folklore de la chasse-galerie et d’Alexis le Trotteur se mêle à des reels sans fin. Je vis le même malaise face aux soirées de contes. Je m’explique mal cette mauvaise foi culturelle. Il faut croire que je préfère lire les mémoires de Louis Fréchette plutôt que d’entendre un barbu en ceinture fléchée me remâcher l’histoire d’un Jos Violon édulcoré. Toutefois, à l’approche de l’équinoxe du printemps, j’ai l’atavisme qui se réveille. Je me ferai le chantre de nos territoires majestueux, de nos traditions. Je sonne comme un album de Mes Aïeux! Paradoxe quand tu nous tiens…
Ce n’est pas le printemps spécifiquement qui provoque chez moi cette résurgence de sensations ancestrales et de passion pour le terroir. Chaque changement de saisons, je prends le temps de m’arrêter pour observer le passage du temps. Je profite de l’entredeux saisonnier pour mettre en veille un instant mon quotidien et porter une attention particulière à tout ce qui change.
Cette capacité à m’extasier devant le passage des saisons, je la dois à mon grand-père paternel qui a passé sa vie sur un lopin de terre à se consacrer à l’agriculture pour assurer l’existence de sa famille nombreuse. L’observation du cours des saisons et des caprices de la météo est sans conteste la qualité primordiale de l’agriculteur. En effet, son travail est de réussir, non pas à dompter la nature pour la soumettre à ses besoins, mais à comprendre ses aléas et à coexister avec elle. De cette mythologie familiale que je me suis construite, je garde un rapport très sensible à l’agriculture et à la nature.
Mon grand-père n’avait pas choisi cette profession, c’était ça ou de la petite misère. Cependant, de plus en plus de gens sont assez fous pour se lancer dans cette aventure. C’est le cas de Jean-François Cossette et de sa copine Geneviève Savard, les heureux propriétaires de la Ferme Maurice située à Saint-Maurice.
Le duo a opté pour une exploitation qui se distingue de l’approche conventionnelle en adoptant la permaculture qui privilégie une agriculture durable grâce à l’aménagement de l’espace cultivable par la création d’écosystèmes où les interactions entre les plantes favorisent leur développement et leur rendement. De la sorte, ils cultivent une cinquantaine de produits (fruits, légumes et fines herbes) qui sont disponibles durant la saison estivale par le biais de paniers hebdomadaires. Ils possèdent même de jolies poules qui fournissent des œufs frais multicolores. C’est bucolique à souhait!
Toutefois, à l’approche de l’équinoxe du printemps, j’ai l’atavisme qui se réveille. Je me ferai le chantre de nos territoires majestueux, de nos traditions. Je sonne comme un album de Mes Aïeux!
L’adhésion à la distribution de paniers de légumes est une tendance forte au cours des dernières années. Vous trouverez sur le site d’Équiterre (www.equiterre.org) de nombreuses informations pour vous aider à choisir le producteur agricole qui propose la formule qui convient le mieux à vos besoins. C’est une façon simple d’encourager l’économie locale, d’obtenir des aliments frais et bons et de connaitre la provenance exacte des produits qui se retrouvent dans votre assiette. Plusieurs fermes organisent des journées portes ouvertes afin de permettre à leurs abonnés de découvrir les lieux et de discuter avec les fermiers. Pour plusieurs fermes, la période d’inscription au service de distribution de paniers s’enclenche au printemps. C’est donc le moment où jamais pour parrainer une ferme en prévision de l’été.
Le printemps est aussi synonyme du temps des sucres. La cabane à sucre est un des rituels qui me réconforte le plus. Bien sûr, j’adore me goinfrer dans le sucré et aggraver mes risques de devenir diabétique avant 30 ans, mais j’ai aussi une fascination pour cette coutume de la transformation du sucre d’érable. Évidemment, il y a eu un perfectionnement des techniques, mais il n’en demeure pas moins que l’ensemble du processus s’inscrit dans la perpétuation d’une tradition. La sortie à la cabane à sucre garde vivante une partie d’un mode de vie ancien qui se transforme progressivement et perd de plus en plus de plumes.
Si vous n’avez pas le bonheur d’aller dans une érablière pour vous sucrer le bec, sachez que votre charmante AGE UQTR et le Bureau des diplômés vous offrent la possibilité de déguster de la tire sur neige le 11 mars prochain. C’est un rendez-vous pour tous à la cabane à sucre mobile qui se stationnera à proximité de la Chasse Galerie. Comme quoi, le folklore ne se tient jamais loin.