Réfléchir. Ça vous arrive? Félicitations! Cette chronique est faite pour vous.
En fait, tout au long de la session, nous soulèverons des questions qui auront pour but de remettre en cause certaines idées reçues au sujet de la science et de la société. Une chronique étudiante somme toute assez normale. Sauf que nous y mettrons un peu de piquant en abordant ces sujets à travers la lentille des croyances qui façonnent notre façon de voir le monde.
À vrai dire, cette chronique a pour objectif de traiter ces thèmes à la lumière d’une notion que beaucoup de Québécois ont allègrement jetée aux oubliettes il y a plus de 50 ans… Dieu.
NUTELLA!!!
Bon, maintenant que j’ai retrouvé votre attention pour quelques secondes, laissez-moi justifier l’aberration que je viens de commettre, à savoir de remettre sur le tapis un vieux tabou – un vrai tabou je veux dire; le sexe est depuis longtemps passé dans le registre des discussions du vendredi soir.
La religion, dit-on, c’est une affaire personnelle, à pratiquer à huis clos. En parler ouvertement, ça met les gens mal à l’aise. Tout le monde a son opinion, et les opinions – on le sait bien – ça ne se discute pas. C’est un principe élémentaire de tolérance.
Et bien, excusez le malaise, mais je ne vois pas comment on pourrait taire certaines opinions et continuer d’être une société ouverte et tolérante.
Je m’explique.
J’ai l’impression qu’on utilise le mot «tolérance» [le fait d’être ouvert à un échange respectueux entre gens de différentes opinions] à outrance. On l’emploie parfois pour désigner une attitude qui s’apparente davantage au «dogmatisme» [le fait de taire publiquement les opinions qui sont contraires à celles de la majorité].
Ce faisant, on ne se bute pas seulement à un problème sémantique, mais aussi à un problème d’ordre éthique, voire social.
«C’est au choc des idées que jaillit la lumière»
Et pourtant, bien que le sujet de la religion puisse être «malaisant», je crois qu’on fait bien d’en parler. Si on veut être véritablement tolérants, il faut s’en donner l’occasion. Comme Boileau l’écrivait, c’est au choc des idées que jaillit la lumière.
En réalité, je pense que la plupart d’entre vous êtes prêts à faire preuve d’ouverture et de tolérance. Et vous le faites déjà. Mais seulement jusqu’à un certain degré. Nous sommes tous prompts à nous retirer dans nos tranchées lorsque des sujets trop explosifs sont abordés.
La religion, dit-on, c’est une affaire personnelle, à pratiquer à huis clos. En parler ouvertement, ça met les gens mal à l’aise. Tout le monde a son opinion, et les opinions – on le sait bien – ça ne se discute pas. C’est un principe élémentaire de tolérance.
Ouvrir la porte à ces sujets fait peur, parce que par le passé, certains ont abusé de leur liberté et ont voulu imposer leur opinion au peuple. Néanmoins, se protéger en imposant sa propre opinion (par exemple, l’opinion selon laquelle Dieu n’existe pas) et en taisant celles des autres, c’est répéter la même erreur.
J’espère que les réflexions que nous apporterons dans les prochains numéros ne nous éloigneront pas davantage les uns des autres, mais qu’elles nous feront réaliser que nous sommes semblables. Les questions épineuses sont aussi celles qui éveillent en nous ce qui est profondément humain, vulnérable. Lorsqu’on est seul, le soir, à contempler le plafond et qu’on se pose les grandes questions, quelque part, on se ressemble tous.
Loin de moi l’idée de manquer de respect envers ceux qui ne partagent pas mon opinion. Mais d’un autre côté, je ne pense pas que la taire rendrait service à qui que ce soit.
Les questions que nous aborderons au courant de la session auront un tronc commun: elles visent à exposer les réponses que nous avons trouvées aux grandes questions de la vie à travers notre cheminement personnel. Cela nous amènera à remettre en cause certaines préconceptions. Nous le ferons par le biais de réflexions sur la science, la culture et la religion.
Pourquoi la science et la société? Parce que ce sont des sujets qui nous intéressent et qui sont connexes à nos domaines d’étude. Pourquoi la religion? Parce que c’est une chose qui nous touche personnellement et qui façonne notre perception de la science et de la société.
Côté technique: nous espérons que l’usage alterné du «nous» et du «je» ne vous troublera pas outre mesure. Il n’indique pas une présence extraterrestre dans le corps de l’auteur. En fait, comme les plus malins d’entre vous l’ont probablement deviné par les noms des auteurs et les photos, Fabrice et moi (le «je» de cet article, Sheila) avons décidé d’innover: nous ferons une chronique commune. Étant donné que tenir un crayon à deux, ça va franchement très mal, nous allons rédiger les textes en alternance, bien que chaque chronique sera le fruit d’une cogitation commune.
En espérant que ces réflexions vous seront bénéfiques!