Le mot de la rédactrice : La caissière

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Il arrive, parfois, que la caissière de restauration rapide, soit une artiste remplie de talent qui n’arrive pas à trouver sa place, accumulant les petits boulots sans chemin concret devant. Il arrive que l’emballeur à l’épicerie ait un potentiel immense qu’il tarde à découvrir. J’ai envie de rendre un doux hommage à tous ces artistes à temps partiel, qui se doivent d’avoir une «vraie» job pour survivre, en espérant que la vie fasse bien les choses. Parce que j’ai moi-même déjà été la vendeuse de salade de chou en quête de sens.

Au chansonnier de fins de semaines, à la fille dans les cuisines, au serveur en attendant,  j’ai envie de dire de ne pas baisser les bras. Et même au gars qui a une job payante, qui a eu le courage de se conformer et la force de trouver un moule confortable, mais qui se demande encore sans cesse ce que sa vie aurait pu être s’il avait fait d’autres choix.

J’ai envie de vous bercer d’encouragements et de confiance, pour que vous continuiez à pratiquer vos passions, par tous les moyens. Parce que s’il est vrai qu’il est difficile pour les artistes de vivre de leur art, il est aussi difficile de le pratiquer pour tous les artistes dans l’âme. Parce que dans une ligue d’improvisation, une troupe de théâtre, un atelier de chant ou un cours de peinture, les classes sociales n’existent plus. Les statuts deviennent dérisoires et les particularités de chacun, une richesse valorisée. Parce qu’«amateur» ne veut pas toujours dire moins professionnel. La non-rémunération n’est pas synonyme d’absence de qualité d’expérience pour les yeux du public.

J’ai le loisir d’assister à plusieurs soirées riches en émotion, créées à partir d’artistes à temps partiel, entre deux shifts de job à temps plein, qui arrivent à aller toucher le cœur du public. C’est entre autres le mandat du Zone Campus de sortir ces petits trésors de l’ombre, de mettre en lumière ces fragments de magie éphémères, autrement sans grande couverture médiatique.

Je ne réclame rien de concret, si ce n’est qu’une réflexion et une ouverture à la culture non seulement professionnelle, mais aussi amateure, même si les dirigeants semblent sceptiques quant à l’utilité de l’ensemble de cette culture.

J’espère que la caissière en comptant son change, que l’emballeur en empilant ingénieusement les boîtes dans les sacs et que le serveur en remplissant les verres d’eau continueront de rêver afin de permettre à ces perles d’exister.

Bonne lecture.

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