
Cet hiver a été parmi les plus enneigé des dernières années, au point que même l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a dû fermer ses portes, événement rarissime. J’en profite donc pour en discuter avec vous. Dans de telles conditions les climato-sceptiques peuvent bien douter d’un réchauffement climatique, sinon pourquoi toute cette neige? Dans les faits la situation est beaucoup plus compliqué que cela et j’en laisse la bataille à ma collègue la Climato-réaliste, dont les chroniques porte sur l’environnement. Toutefois, on peut également se servir des données économiques pour expliquer les origines et les causes menant à ces problématiques environnementales. L’économie de l’environnement est une discipline à part entière qui présente un des éléments fondamentaux de l’économie : les agents économiques (individus, entreprises, gouvernements) qui ont des besoins illimités à combler, mais les ressources sont limitées.
La propriété : l’origine du problème?
Les origines des problèmes environnementaux prennent souvent essence suivant la nature de la propriété du bien : en effet ces biens sont toujours des biens publics. À l’instar des biens privés, le bien publics sont la propriété de tous les individus dont ils peuvent en profiter : tel que l’air qui n’appartient à personne, mais dont tous respirent. Le problème de la propriété publique est qu’elle crée une déresponsabilisation des agents économiques. En effet, la propriété ne nous étant pas exclusive, les désavantages ne nous le seront pas non plus, donc on décide de faire fit de ces conséquences et on utilise au maximum ces biens. Cette problématique du gaspillage (ou bien de surconsommation) se nomme la tragédie des communs. En effet, qui compte le nombre de poissons pêchés dans le golfe du fleuve St-Laurent? Qui évalue la pollution rejetée par la Kruger?
L’ensemble des agents économiques (particuliers, entreprises et gouvernements) abusent donc des ressources environnementales et créent ainsi une situation de pénurie à terme : extermination ou presque de certaines populations de poissons, pollution de l’air, pour nommer que ceux-ci. En effet, comment se munir d’outil permettant une durabilité et une équité intergénérationnelle? Tout d’abord, définissons l’équité et la durabilité intergénérationnelle afin de mieux comprendre de quoi il en retourne. John Rawls, dans sa théorie de la justice, a défini l’équité comme la maximisation du bien-être de l’individu le plus démuni d’une société. De son côté, Hartwick définit la durabilité intergénérationnelle comme la stabilisation du bien-être actualisé des générations à venir. Ok… En terme plus simple, nos petits enfants doivent pouvoir jouir de la même qualité de vie que notre génération. D’où le lien avec ma chronique qui portait sur la prostitution et évoque également le concept d’externalités. La pollution est une externalité, un coût non comptabilisé et donc non-inclus dans les prix de ventes.
Les agents économiques ont des besoins illimités à remplir, mais les ressources sont limitées.
Ainsi, la société paie ce prix, qu’elle consomme le bien ou pas. C’est pour cette raison que les gouvernements imposent des taxes, sur l’essence entre autres, pour compenser les émissions de CO2, par les différents engins. Cette taxe qu’on qualifie par coût sociétal, nous conduit à évoquer le concept de la politique utilisateur-payeur. Le marché du carbone, par exemple, est basé sur ce principe : on achète des droits de pollution. En effet, on prend possession de titres, toutefois ces titres ont des prix qui fluctuent en fonction de leurs demandes : l’année où les individus, agents économiques…auront tendance à polluer d’avantage, les droits de pollution sur le marché du carbone seront plus élevés, fluctuant ainsi sous le même fonctionnement qu’une valeur mobilière (action, obligation ou option).
Croissance : un fléau environnemental?
Toutefois, la décroissance, au sens économique du terme, n’est pas une solution à la problématique environnementale. La croissance, au sens économique, se définit comme une amélioration de la productivité et non pas de la production. En effet, le Produit Intérieur Brut est l’ensemble de la valeur ajoutée, à l’instar de la croyance populaire qui projette l’idée que ce serait la production totale. Ainsi, le PIB étant la valeur ajoutée, la croissance économique peut être considérée comme un accroissement de la valeur ajoutée. De cette idée a émergé le concept de croissance endogène. Cette dernière consiste à mettre des idées en commun qui donnent naissance à de nouvelles idées et améliorent les technologies de production, ce qui mènera, à terme, à une croissance économique. Ce type de croissance ne nuira pas à l’environnement car c’est une croissance par les idées et l’innovation. Si on pousse l’audace, la croissance endogène risque même d’aider à vaincre les problèmes environnementaux.
En terme plus simple, nos petits enfants doivent pouvoir jouir de la même qualité de vie que notre génération.
C’est à travers divers théories que l’on comprend mieux l’économie de l’environnement, rude discipline économique. Droits de propriétés, tragédie des communs, durabilité intergénérationnelle, externalités, marché du carbone et croissance endogène, tant de théories qui expliquent, d’un œil économique, l’environnement!
Tragédie des communs :
C. R. Batten, « The Tragedy of the Commons », The Freeman, octobre 1970
Croissance Endogène :
Paul Romer, Increasing Returns and Long Run Growth, Journal of Political Economy, octobre 1986