Les maux du rédactionnaire : Non, ça ne va pas bien aller!

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pedro samuel beauchemin

On ne sait pas ce que le futur nous réserve. Présentement, il y a des personnes malades, des personnes dans le milieu de la santé épuisées et malheureusement des mort-e-s. Malgré tout, ce n’est pas pour tout de suite la fin du monde et il y a moyen d’atténuer notre stress et, pourquoi pas, même d’être joyeux-euse. Et ce, même si ça ne va pas nécessairement bien aller.

À défaut d’avoir en main un vaccin, je vous propose un traitement en trois étapes. Pour commencer, prenons conscience de notre réalité. De se dire que ça ne va pas si bien que ça. Ça peut sembler pessimiste, mais je ne crois pas. Il faut être rationnel-le. Désolé de peut-être péter la balloune, mais d’autres gens vont tomber malades. Pour les éternel-e-s optimistes, il serait peu probable qu’après cette crise, la collectivité devienne la priorité numéro un ou encore qu’il y ait une prise de conscience écologique drastique.

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L’historien en moi veut vous rappeler qu’historiquement, une crise en amène une autre. Après les 9-10 millions de morts de la Première guerre, l’humanité a dit «Plus jamais ça!» Et pourtant… Au moment où se termine la guerre, c’est la grippe espagnole qui s’abat sur nos ancêtres avec une férocité inouïe. Elle a fait entre 50 et 100 millions de morts. Ensuite, c’est la crise de 29, puis la seconde Guerre mondiale, etc.

«La plus grande chute est celle qu’on fait du haut de l’innocence.»

Heiner müller

Bon, je ne veux pas passer pour un prophète de malheur, mais je pense qu’on doit voir la vérité en face pour pouvoir atteindre une forme de joie persistante. Il n’y a rien de plus pénible que de voir ses rêves se fracasser sur les écueils de la réalité crue. Comme disait Heiner Müller, «La plus grande chute est celle qu’on fait du haut de l’innocence».

Le temps ne s’arrête jamais

La deuxième partie de mon traitement consiste à être dans l’instant présent. Ça peut sonner «coach de vie», mais pour ma part, je ne connais pas vraiment d’école de pensée prônant de vivre dans le futur. Je suis toujours sidéré d’entendre dire que le temps semble s’être arrêté. Beaucoup parlent de ce qu’ils ou elles feront une fois cette période passée. Ne sommes-nous finalement défini-e-s que par notre 40 heures semaines, nos 5 à 7 et notre samedi soir en ville?

Ne sommes-nous finalement défini-e-s que par nos 40 heures semaine ?

Le confinement, c’est notre réalité, notre instant présent. Si l’on veut être heureux ou heureuse un minimum, il va falloir prendre ça en considération. C’est bien beau, les plans à long terme, mais il y en a une bonne gang qui doit pleurer présentement sur les cendres de leurs rêves.

J’avoue que ça ne doit pas être facile en ce moment pour ceux et celles qui n’ont jamais mis de l’avant leur créativité. Le temps doit être long quand on n’aime pas écouter de musique. Je ne me souviens plus qui disait que pour démontrer l’importance de la culture, il faudrait la faire disparaître. Ou bien comme présentement, que le vide, laissé par la diminution des distractions de nos vies surchargées, nous rende complètement dépendant-e de notre créativité et de celle des autres.

Résilience et créativité

La résilience est un terme aujourd’hui utilisé à toutes les sauces mais, qu’en est-il vraiment? Ce concept provient du travail du neuropsychiatre français Boris Cyrulnik. Dans le domaine de la physique, le terme «résilience» est la capacité d’un corps à résister à un choc.

Dans son ouvrage Un merveilleux malheur, Cyrulnik reprend ce principe pour définir la capacité de passer à travers des traumatismes vécus. Comme dans le cas de la mort d’un proche, l’abandon, la guerre, ou encore des violences physiques, sexuelles ou psychologiques. Le neuropsychiatre en sait quelque chose, issu d’une famille juive immigrante, il a subi de plein fouet la seconde Guerre mondiale.

Ne plus résister

Comme dernier traitement, la résilience est le moyen de ne plus être une victime passive de sa réalité. Pour ce faire, toujours selon Cyrulnik, nous devons faire appel à la rêverie, nos capacités intellectuelles, l’oubli et l’humour.

Pour retrouver la joie de vivre, il ne faut plus résister. La résistance est en fait le contraire de la résilience. Ne résistons plus et utilisons plutôt notre rêverie, notre sens de l’humour et nos capacités intellectuelles pour donner du sens à nos vies.

la créativité ne se limite pas à faire de la peinture ou à écrire des poèmes.

Parfois, ça en prend beaucoup, de créativité, mais c’est essentiel. Or, la créativité ne se limite pas à faire de la peinture ou à écrire des poèmes. Elle est action et peut prendre différentes formes. Par exemple, trouver de nouveaux moyens et de nouvelles raisons pour rester en contact avec les gens qu’on aime. Prendre enfin le temps de se faire le petit potager dans la cour qu’on se promet chaque été.

Ou tout simplement, de parler à son voisin de balcon, tout en respectant la distanciation. Il faut donc être réaliste et s’avouer que ça ne va pas toujours bien aller. Ensuite, s’enraciner dans le moment présent. Alors, utiliser la résilience pour reprendre le contrôle de notre stress en créant du sens. Ultimement, sur une note plus « cheesy« , ce dont le monde a besoin, selon Jackie DeShannon,  »is love, sweet love, no not just for some but for everyone« !

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