NOTE: Puisqu’il s’agit d’une lettre d’opinion émise par un étudiant ne travaillant pas pour le Zone Campus, l’auteur est entièrement responsable du contenu de sa lettre.
Par Alexander Brett, étudiant
Rares sont ceux qui n’ont pas été choqués par la confusion et la division de la Catalogne à la suite du référendum qui a permis à 90% des Catalans de signifier leur droit à l’autodétermination.
Madrid a systématiquement rejeté le référendum en le qualifiant d’illégal. La plus haute cour d’Espagne l’a jugé «inconstitutionnel» et le premier ministre Mariano Rajoy a déclaré, après la clôture des sondages, que les Catalans avaient été «trompés» eu égard leur droit «réel» d’exercer un vote démocratique. En plus, l’Union européenne et pratiquement tous les gouvernements étrangers ont partagé cette opinion, même si la violence des manifestants et la brutalité policière ont fait 850 blessés parmi les manifestants. Cela a grandement remis en question le poste de Rajoy et l’écrasement potentiel de la liberté d’expression que son gouvernement a ordonné pendant la campagne et le jour du référendum.
Heureusement, la violence de ce référendum est quelque chose que nous n’avons pas vu lors des deux référendums portant sur la souveraineté du Québec, ni à la suite du référendum sur l’indépendance écossaise en 2014, ni à Gibraltar en 1967 et en 2002, ni à Malte en 1964, pour n’en nommer que quelques-uns. Ces votes étaient valides constitutionnellement, et il y avait une participation de plus de 75% dans chacun d’eux, contre seulement 43% d’électorat dans ce vote à Catalogne. Et, bien que la menace séparatiste soit permanente en Écosse et au Québec, les résultats des référendums de l’époque ont été acceptés par les deux parties: les gouvernements écossais et britannique d’une part, et les gouvernements québécois et canadien d’autre part.
Heureusement, la violence de ce référendum est quelque chose que nous n’avons pas vu lors des deux référendums portant sur la souveraineté du Québec, ni à la suite du référendum sur l’indépendance écossaise en 2014…
Or, même si les référendums de 1980 et de 1995 au Québec n’ont pas été tenus dans un climat de violence, n’oublions pas que la question de l’indépendance québécoise a déjà suscité son lot de tumultes. En effet, pire que la brutalité policière en Espagne, la crise d’Octobre de 1970 a causé deux prises d’otages par le Front de libération du Québec (FLQ), et le premier ministre Pierre Elliott Trudeau avait alors promulgué l’état d’urgence et placé des troupes armées sur les rues de Montréal. Bien sûr, le FLQ n’est pas comparable à l’Armée républicaine irlandaise (ARI) ou aux séparatistes basques (ÊTA), ou bien à la situation actuelle sévissant entre le Kurdistan et la Turquie, alors que ces peuples cherchent eux aussi à se séparer. Mais le FLQ n’est tout de même pas quelque chose que l’Histoire du Québec peut oublier.
La violence des séparatistes ne les amènera nulle part, et la violence des autorités espagnoles ne fera qu’aggraver la situation.
Bien qu’il soit peu probable que le Québec puisse être confronté au même degré de protestations séparatistes qu’en Espagne, ou que le gouvernement québécois promulgue un vote constitutionnellement invalide dans le futur, j’imagine néanmoins qu’il y a beaucoup de gens à Ottawa qui craignent qu’une situation similaire à celle de l’Espagne puisse se manifester ici au Canada.Comme les protestations récentes de Montréal l’indiquent, la menace du nationalisme québécois est ici pour rester. Bien que le climat ne soit pas fertile juste en ce moment, il ne fait aucun doute que nous verrons un autre référendum sur la souveraineté dans un avenir proche. Si cela aboutit à une victoire du «oui», le problème est résolu. Si le «non» l’importe encore, nous continuerons avec le même discours que précédemment. Mais le gouvernement québécois ne devrait jamais s’inspirer de la Catalogne, et le gouvernement canadien ne devrait pas réagir comme le gouvernement espagnol. La violence des séparatistes ne les amènera nulle part, et la violence des autorités espagnoles ne fera qu’aggraver la situation.Avec le chaos et la polarisation qui ont suivi le vote en Catalogne, il n’est pas étonnant que plusieurs prévoient une seconde, mais légèrement moins violente, guerre civile espagnole. Seul le temps le dira…