
La table ronde « S’engager en faveur des arts et de la culture en enseignement supérieur » se tenait en comodalité ce mercredi 16 avril depuis le Hall d’entrée Gilles-Boulet du pavillon Albert-Tessier de l’UQTR. Une heure de dîner pour un échange (très) concis avec différents professionnels des milieux des arts et de la culture en francophonie.
En bref
L’évènement organisé par le Laboratoire de Recherches sur les Publics de la Culture (LRPC) prenait la forme d’une discussion ouverte, invitant à la table différentes personnes œuvrant à l’engagement des arts dans l’enseignement supérieur. Sur place, les participants pouvaient profiter de lunch à petit prix, leur offrant également la chance de de gagner un prix culturel (livres, places de spectacle, entrées de musée…). L’artiste atikamekw en résidence Jacques Newashish a ouvert, puis fermé le moment aux sons de son tambour, remerciant en chanson (miigwech) les différents éléments et la vie.

Retransmise sur internet, la table ronde prenait place de 12h à 13h dans un espace névralgique de l’université, le hall d’entrée. Près d’une cinquantaine de personnes étaient présentes sur place ou en ligne, dont de nombreux professeurs de différents départements de l’UQTR. Cet événement a été pensé comme une contribution à la mise en œuvre prochaine de la Politique des arts et de la citoyenneté culturelle. Chacun de la dizaine d’invités bénéficiait d’un court temps pour s’exprimer lors de deux tours de parole, suite à quoi le public a pu réagir en posant des questions.
Facteurs de succès
«Pourquoi les êtres humains produisent-ils de la culture et du symbolique ?»
Denis Simard, qui présidait l’échange, a commencé par esquisser une réponse à une question d’élève en citant le sociologue Fernand Dumont1. Citation à laquelle il ajoutait que la culture est une «une distance qui interroge l’expérience humaine au monde» au travers d’une distinction qui « recouvre […] la culture au sens des anthropologues d’une part, et d’autre part, la culture au sens humaniste et critique».
La difficulté de rejoindre les publics étudiants
Christine Vincent a exposé de façon générale la mission d’A+U+C en France, avant d’évoquer la difficulté de «toucher le plus large public étudiant», à cause d’un manque de données issues de la recherche, mais également en posant le constat de la précarité étudiante amenant de fait des inégalités d’accès à culture autant qu’aux pratiques culturelles.

Un constat repris par Emmanuelle Bousquet, soulignant l’importance de supprimer les «freins» mais également d’attirer ce qu’elle nomme les «primo-entrants», c’est-à-dire les nouveaux étudiants d’un établissement. Par là, on entend les étudiants de première année de baccalauréat par exemple, mais également les étudiants étrangers qui viennent pour une session ou une année, afin de les intégrer dans la culture de l’université. En ce sens étaient invitées deux étudiantes internationales participant régulièrement au programme Mozaïc, avec la conseillère Catherine St-Amant. Toutes trois ont souligné l’efficacité du maillage culturel, notamment par des rendez-vous réguliers, permettant d’allier aux activités ludiques d’autres plus divertissantes.
«La culture au coeur et en dehors des universités»

Aimée Gaudette-Leblanc a fait un pont entre ces inégalités d’accès et sa recherche doctorale qui s’intéressait à la problématique d’amener la musique dans des milieux éducatifs. Or, le temps imparti et financé pour ces interventions de 30 minutes était loin d’être suffisant, c’est pourquoi la formation directe des éducateurs et enseignants permettrait d’initier les élèves de façon plus approfondie et d’intégrer les pratiques culturelles dans l’espace éducatif.
En ce sens, Marie-Hélène Forget évoquait le développement de compétences artistiques auprès des futurs enseignants. Pour cela, elle mentionne un «répertoire de stratégies […] qui soient utiles, utilisables et acceptées par les collègues». Comme un écho, Anne-Marie Leclerc attribuait quant à elle une partie du succès de la mise en place du Parcours culturel en sciences infirmières au fait «d’arrimer la théorie à la pratique […] quelque chose qui fasse du sens dans [la] réalité [des étudiants]».
Pour conclure, Jacques Newashish a repris son tambour lui disant ainsi qu’à l’assemblée, miigwech : «Je suis la culture d’une Nation… autochtone bien sûr (…) je suis fier de partager ce que je suis, autochtone. Je vais dans les cours, je me promène pour partager ma culture autochtone, faire un lien avec la Nature…».
Une initiative ancrée dans un projet d’envergure
La table ronde « S’engager en faveur des arts et de la culture en enseignement supérieur » s’intègre dans la mise en oeuvre d’un projet de plus grande envergure2. Deuxième université au Québec à se doter d’une Politique sur les arts et la culture3 après Sherbrooke, l’UQTR innove en accueillant très bientôt une personne ressource dédiée à la mise en place des éléments de ladite politique. Cette personne aura pour mission de coordonner les activités culturelles de l’université, sous la supervision du Service des partenariats et du soutien à l’innovation.
Pour en savoir plus sur la mission du LRPC, sur les objets de recherche qui y sont rattachés ou connaître leurs prochains évènements, consulter leur site internet à l’adresse lrpc.ca .
- « La culture est en crise ? À feuilleter les manuels d’histoire, on conviendra qu’elle l’a toujours été. Et on admettra que cela tient à sa substance. Après tout, si nous rêvons, si nous pensons, si nous créons, c’est parce que nous ne sommes pas en accord avec le monde. Pas de crise, pas de culture. » – Citation par Denis Simard en ouverture de la Table ronde, du texte de Fernand Dumont, « Prologue », Le sort de la culture, Montréal, Typo, 1995 [1987]. ↩︎
- « Faire vivre la politique culturelle de l’UQTR » (Neo UQTR) ↩︎
- Politique des arts – Planification stratégique UQTR ↩︎