
Pour le blogue, de légères modifications ont été apportées à l’article original.
Il n’était pas écrit dans le ciel que Mathieu Roy, originaire de Lévis, allait un jour devenir président de l’Association générale des étudiants (AGE). Quand on regarde son passé, c’est un bel exemple de quelqu’un qui a su frayer son chemin à travers les différents niveaux de l’implication étudiante.
Tout au long de l’entrevue, je le sens articulé, posé et réfléchi. En réalité, je le sens un peu tendu, analysant par réflexe ce que la journaliste en moi pourrait recracher en un venin de mots vicieux.
À vrai dire, je cherche tout le contraire. Je m’immisce donc doucement dans cette vie privée qui n’est pas mienne, scrutant une énergie que je saisis en morceaux de casse-tête, me laissant imprégner de cette essence singulière qui m’intrigue.
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Études, amour et voyages…
Après l’école secondaire, le choix de carrière n’est pas une évidence. Mathieu met du temps à trouver sa voie, en naviguant entre la technique en chimie-biologie et le préuniversitaire en sciences humaines, en passant par le DEP en services de la restauration.
Il se rendra dans l’Ouest canadien à deux reprises où l’amoureux de l’eau qu’il est travaillera comme guide de pêche. Il y fera une rencontre amoureuse déterminante, une fille du Costa Rica qu’il ira rejoindre, comme toute bonne histoire d’amour, pour un séjour de neuf mois.
Ce voyage semble être un point tournant sur la ligne de vie où s’installe la conscience que tout le monde n’a pas la même chance. Un regard brillant accompagne l’anecdote de deux jeunes frères dans la rue qui partageaient leur jus d’orange durement obtenu.
C’est au Costa Rica, dans cet emploi de guide touristique et d’interprète local, qu’il découvre ce qu’il veut vraiment faire: du développement économique concret et à petite échelle. Il est charmé par cette idée d’utiliser le tourisme comme moyen de financement, «plutôt que d’avoir de grandes idées et de ne rien voir de ce que tu accomplis».
Alors que sa relation amoureuse tire à sa fin, Mathieu, devenu trilingue, décide de revenir au Québec pour entamer des études universitaires. Son choix s’arrête sur le baccalauréat en histoire parce que c’est une science humaine qui a l’obligation d’aller chercher des informations dans les autres sphères.
L’implication étudiante
Après avoir été président de l’Association des étudiants en histoire, il obtient le poste de vice-président à la vie associative et à l’environnement au sein de l’AGE UQTR. Au printemps 2013, devant une équipe très forte et plusieurs défis à relever, il décide finalement de poser sa candidature comme président, ce qui lui permettrait de mettre à terme les dossiers inachevés.
Cette décision était la bonne pour celui qui est «excellent dans rien, mais correct dans tout». L’aboutissement du projet de la halte-garderie auquel on réfléchissait depuis six ans est sa plus grande réalisation.
Comment c’est, le poste de président? Mathieu Roy ne s’en cache pas: «C’est très exigeant, parce qu’il faut être prêt à sacrifier beaucoup, pour une appréciation variable», mais il se dit confortable dans cette position.
Je me demande s’il n’a pas l’impression de se travestir en oubliant parfois des morceaux de sa personne afin de mieux servir. C’est en quelque sorte volontaire de s’effacer au profit de l’opinion collective: «La vérité pure n’existe pas. Il faut être conscient que les décisions au sein de la société sont une forme de vérité.»
Il lance le message aux étudiants de ne pas hésiter à s’impliquer pour le sentiment d’accomplissement qui en résulte. Ce pouvoir de changement à petite échelle n’est pas monnayable et permet d’évoluer grandement comme personne.
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Mathieu Roy termine cette année son deuxième mandat au sein de l’AGE, et il termine par le fait même son baccalauréat en histoire.
Après avoir pris le temps de relaxer avec la famille et les amis un peu négligés après cette année intense, Mathieu compte bien retourner à ses premiers amours dans le tourisme ou encore dans un organisme à but non lucratif. Si on lui demande s’il aura une carrière politique, il répond que «ce n’est pas nécessairement un but, mais que la porte n’est pas fermée».
Au terme de cette entrevue «plus difficile qu’avec les autres journalistes», à travers des yeux rieurs et la stature d’un cœur barricadé, je crois entrevoir une certaine fougue et une grande sensibilité, cachant les douces idées qu’un rêveur dissimule en son intérieur.
Ce qu’on peut lui souhaiter pour la suite? Être heureux, à travers des changements tangibles autour de lui, dans de petites choses aussi simples que le sourire de touristes devant un gros poisson ou de jeunes garçons dans la rue au Costa Rica.