
C’est un peu la réaction que j’ai lorsque je vois les différentes publications concernant le projet « Vision Zéro » à Trois-Rivières, mais encore plus les publications sur la mobilisation citoyenne s’y rattachant. Avec la plus grande volonté du monde, j’ai tenté de comprendre, dans les derniers jours, le phénomène « anti Vision Zéro ». Aujourd’hui, on jase de la philosophie « Vision Zéro » ou plutôt, de sa contre-philosophie.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble primordial d’expliquer les grandes lignes de « Vision Zéro ». Bien que nous ayons entendu parlé davantage d’une baisse de vitesse à certains endroits sur le réseau routier trifluvien, la vitesse maximale passant ainsi de 50 km/h à 40 km/h, « Vision Zéro » c’est beaucoup plus que ça. Ce n’est pas un projet déjà définit en soit. C’est littéralement une philosophie en matière de sécurité routière. Autrement dit, c’est la poursuite de l’objectif d’éliminer le nombre d’accident causant blessés.es graves ou décès. De ce fait, « Vision Zéro » veut que tous.tes prennent leurs responsabilités afin d’assurer la sécurité de tout le monde sur nos routes. Parmi ceux et celles devant prendre une plus grande part de la responsabilité, ce sont les concepteurs.rices du réseau routier. Ainsi, tous.tes ont leur rôle à jouer.
Je suis de ceux et celles qui préfèrent prévenir … que guérir.
Pour le leader des opposants.es, Stéphane Guay, le projet pallierait un problème inexistant ou minime à Trois-Rivières, soit celui des collisions mortelles ou avec blessés.es graves. Il affirme sur le groupe Facebook maintenant nommé « Trifluviens contre Vision Zéro » « nous l’affirmons haut et fort, depuis bientôt trois mois, Vision zéro est une solution lourde et potentiellement coûteuse à un problème inexistant ». D’ailleurs, il n’est pas le seul à tenir cet argumentaire. Nombreux.ses sont ceux et celles tenant ces propos sur leur groupe Facebook. À les comprendre, bien que je tente de conserver ma bonne foi face au débat, il m’est difficile de ne pas analyser cette prise de position négativement. Ils et elles se disent ne pas être contre la sécurité routière … mais alors pourquoi amener l’argument qu’il n’y a pas « assez » de blessés.es et de morts relié aux accidents de la route? Devons-nous réellement attendre que le nombre se multiplie? Avons-nous le droit de nous déplacer dans les rues de notre ville, à pied, à vélo, et ce, de façon sécuritaire? Je suis de ceux et celles qui préfèrent prévenir que guérir.
ET METTONS QU’ON JASE LÀ, LA VIE DE NOS FAMILLES, NOS AMIS, NOS CONCITOYENS ET CONCITOYENNES VALENT BIEN QUELQUES BILLETS VERTS?
De plus, le changement de nom du groupe Facebook nous démontre, encore une fois, une opposition plus idéologique que stratégique. Au départ, il se nommait « trifluviens contre le 40 km/h et pour une consultation publique vision zéro ». Maintenant, il se titre « Trifluviens contre Vision Zéro ». Après que le conseil se soit montré ouvert à la discussion concernant cette première mesure annoncée, le groupe a choisi un nom plus tranchant, plus démonstratif de leur position face à cette philosophie. Cette position idéologique se constate également par le choix d’un symbole … un symbole! Comme le carré rouge en 2012, mais cette fois-ci, c’est un triangle jaune… Je dis ça, je dis rien, mais des causes justes, il y en a des milliers. La pauvreté, les enfants dans le besoin, la cause des femmes, l’environnement, la lutte aux discriminations, etc. Ces causes mériteraient, selon moi, encore plus d’être entendues et d’avoir un beau symbole feutré. #mytwocents
Alors que la voiture est reine et maître sur nos routes au Québec et à Trois-Rivières, « Vision Zéro » consiste à prendre un virage idéologique à 180 degrés en matière de partage des routes. C’est un reconditionnement du cerveau, de nos habitudes, de notre vision de nous-mêmes dans notre société. Et c’est, selon moi, ceci qui irrite les opposants.es au projet. C’est ici que s’inscrivent réellement les opposants.es à cette philosophie. En date d’aujourd’hui, on nous parlera des coûts. Ce à quoi je répondrai : quels coûts? Les études et les croquis ne sont même pas encore sortis! Études qui pourraient d’ailleurs être financées – au minimum une part – par le Gouvernement du Québec. Ce ne serait pas un « chèque en blanc » à proprement dit, bien au contraire. L’adoption de cette philosophie permettrait la mise sur pied des structures adaptées à notre ville, à sa géographie et sa démographie afin de favoriser la sécurité sur nos routes.
Je dis ça, je dis rien, mais des causes justes, il y en a des milliers. […] Ces causes mériteraient, selon moi, encore plus d’être vues et d’avoir un beau symbole feutré. #mytwocents
Certes, « Vision Zéro » n’est pas un remède miracle. C’est une partie de l’équation. Nous devons tous.tes faire notre part, la ville tout comme nous, les conducteurs.rices. Nous ne sommes pas les premiers.ères à flirter avec cette philosophie, plusieurs l’ont même adoptée. D’ailleurs, cette collaboration multiple des pouvoirs locaux, de la fonction publique, de la presse ainsi que de la population peut faire de « Vison Zéro » un succès pour notre sécurité. Ainsi, nous devons changer nous aussi nos façons de faire. Passer d’un « JE » à un « NOUS ». Nous prenons une part de responsabilité. Trois-Rivières pourrait améliorer son indicateur d’où il fait bon vivre. Vivre paisiblement, mais également en sécurité. Trois-Rivières pourrait être sur la fameuse « map », mais cette fois-ci pour des raisons de respect mutuel et de partage de la route. Bref, une vie trifluvienne pour tous.tes, automobilistes, cyclistes et piétons.
Pour connaitre les dates et les modalités des consultations publiques : http://www.v3r.net/services-au-citoyen/reseau-routier-et-transport/vision-zero#ailleurs-dans-le-monde