
Pour Paul Gaudet, chargé de cours à l’UQTR, il était inconcevable que la presque totalité des futurs enseignants, qui auront certainement à interagir avec des élèves qui ont des besoins particuliers, n’aient jamais été en contact avec des gens présentant une déficience intellectuelle. De son côté, Félix-Antoine, trisomique 21, rêvait de suivre un cours à l’Université. Il n’en fallait pas plus pour que Paul Gaudet force un peu le cosmos pour que les planètes s’alignent.
Le rêve de Félix-Antoine
Il existe une vingtaine de Centres de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) au Québec ayant pour mission de faire connaitre les besoins et de promouvoir le potentiel de ces personnes ainsi que de leur famille, tout en leur offrant des services. Ces centres gèrent différents Plateaux de travail dont le but est l’insertion de ces personnes dans la société.
Le Plateau de travail du CRDITED de la Mauricie et du Centre-du-Québec, auquel participe l’UQTR, a initialement été logé au pavillon Michel-Sarrazin, lequel abrite les programmes de psychoéducation et de psychologie. Lorsque celui-ci est déménagé au pavillon Pierre-Boucher, beaucoup plus central sur le campus, très peu d’étudiants interagissaient avec les gens du Plateau, par peur ou méconnaissance de leur différence. Vous avez d’ailleurs probablement déjà vu Félix-Antoine en train de ramasser des plateaux dans la cafétéria en vous demandant qui il était.
Paul Gaudet a vu l’incroyable opportunité que ce déménagement comportait, autant pour ses étudiants que pour Félix-Antoine et les autres. En l’intégrant dans ses cours, ses étudiants peuvent maintenant interagir avec lui tout au long de la session, en passant de la théorie à la pratique et en appliquant des stratégies utiles aux troubles d’apprentissages reliés à leur spécialité. Et les résultats sont étonnants.
Paul Gaudet accueille donc de trois à cinq bénéficiaires du Plateau de travail dans ses cours. Pour eux, le simple fait de tenir en place pendant trois heures et d’assister à un cours «comme les autres» est une fierté qui fait scintiller leurs yeux et qui agrandit leur sourire, à en faire frissonner.
De la théorie à la pratique
Quel plaisir de m’immiscer doucement dans un atelier donné par des étudiants à Félix-Antoine, dans son environnement de travail, la cafétéria. L’atmosphère est à la blague et à l’entraide. Aujourd’hui, on apprend les couleurs en anglais. Félix-Antoine se souvient de celles qu’il a apprises la semaine dernière.
«On va avoir à travailler avec des étudiants comme Félix-Antoine», «On peut mieux adapter notre enseignement», «Ça enlève le malaise de travailler avec une clientèle déficiente intellectuellement quand tu n’en as jamais côtoyé avant», «C’est agréable de socialiser avec eux et de voir leurs progrès», me confirment ces futurs enseignants.
Félix-Antoine, lui, me rappelle que ça fait 10 ans qu’il suit des cours à l’UQTR et que toutes les équipes sont ses préférées.
Un enseignement exceptionnel
Au gré des accents madelinots, dans un œil vif, Paul Gaudet, disponible à souhait, visiblement passionné, me raconte ses aventures. Je sais bien que tous ces étudiants ne connaitraient pas cette expérience s’il n’était pas là. Il faut dire que la dimension humaine de l’UQTR constitue une force.
Paul Gaudet ira, le 20 mars prochain, récolter le Prix d’excellence en enseignement, soit la plus haute distinction honorifique qu’un enseignant peut recevoir à l’UQTR. Les élèves du BÉPEP viennent aussi de lui donner le titre d’Enseignant de l’année. Il estime à plus de 5000 le nombre d’étudiants auxquels il a enseigné l’intervention auprès des élèves en difficultés. Il se dit près des étudiants et il préconise un apprentissage concret: «Je ne suis pas un théoricien, je suis un praticien».
Fort de ses diverses formations universitaires (psychologie, administration scolaire, etc.) – l’équivalent de trois baccalauréats – et une maitrise en adaptation scolaire, il a toujours œuvré à titre de personne-ressource pour les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).
À travers les réponses généreuses, claires et rapides, on comprend qu’il y croit vraiment et que son salaire réside dans le fait de voir leur joie de participer à son cours.
Paul Gaudet a toujours favorisé leur inclusion et croit en leur potentiel. Son travail avec les gens du Plateau demande beaucoup de logistique, notamment pour les horaires de travail, ainsi qu’un contrôle serré, ce qui n’est pas toujours évident. Aussi, le fait d’inviter des élèves comme Félix-Antoine dans ses cours demande certainement une énergie supplémentaire.
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À travers les réponses généreuses, claires et rapides, on comprend qu’il y croit vraiment et que son salaire réside dans le fait de voir leur joie de participer à son cours. «Quand je vois des étudiants aller s’asseoir avec eux à la cafétéria un an plus tard, c’est empreint d’une grande richesse. Ces personnes font partie de notre société et ils ont des choses à nous apprendre. Ils ne baissent pas les bras malgré leurs difficultés et ils arrivent à réaliser leurs rêves. Bien souvent, c’est nous-mêmes qui les limitons».
Les phrases s’enchainent à un point tel qu’il est difficile ne pas se laisser imprégner de cette passion pour le potentiel de chaque être humain.
La semaine de la déficience intellectuelle avait lieu du 9 au 15 mars 2014. Il est possible de visionner la vidéo sur la trisomie 21 ou le syndrome de Down produite pour une émission du canal savoir par les étudiants en communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières, «La trisomie vers l’autonomie», à l’adresse suivante: http://www.youtube.com/watch?v=ZM5R9siLFJY.
Bravo Paul pour ton engagement et de croire à la réussite des personnes différentes.
Je suis très fière de ton magnifique travail que tu fais. Continue
C’est ça la différenciation pédagogique. Les profs ne comprennent pas toujours et c’est à nous les orthopédagogues de les aider très fort dans cette démarche. C’est encore difficile pour nous aux iles.
Merci beaucoup France
Bravo Paul. Continue ton beau travail auprès des personnes en difficultés et tout le reste. Tu sembles un gars très occupé. Ne lâche pas. Tu fais toute une différence.
Bravo Paul!!!! Il en faudrait plus des profs comme toi !!!! Tu as beaucoup de détermination, d’écoute envers ces gens et tu sais très bien saisir leurs besoins, tu fais honneur aux gens des Iles, nous sommes fiers de toi !
Merci beaucoup pour vos gentils commentaires et c’est aussi avec gens comme vous qu’il est possible de développer le plein potentiel des élèves ayant des besoins spéciaux. Moi, je prépare simplement les enseignants du régulier à collaborer étroitement avec vous.
D’un gars des iles qui est fier de ses racines. Comme on souvent, nous pouvons sortir un gars des iles, mais pas les iles du gars.