La condensation crée des reflets de gouttes d’eau sur mon verre de café froid. Quelques soupirs du shoegaze de Slowdive et des plus obscurs Himalaya m’accompagnent lorsque je suis sur le point de plonger dans cette nouvelle chronique. Mes pensées elles, se mélangent et se comprennent.
Il existe en ce bas, ô assidu lecteur, un genre musical qui ondule au-dessus de nos esprits depuis presque cinquante ans. Il est empreint d’une volonté de ne jamais vieillir et de toujours se réinventer. Il est appelé à briser la barrière des langues, appelé à perdurer à travers les époques et à regarder quelques autres courants sonores s’arrêter puis mourir complètement. Ce genre s’est attiré clameurs comme préjugés à travers les années et restera toujours stéréotypé malgré sa profonde honnêteté.
Cette musique qui vibre cette semaine au-dessus de ma tête en est une qui fait littéralement planer, c’est elle qui m’a donné l’idée de ce nouvel article. Cette fois, j’ai envie, chers lecteurs, de m’attarder sur le psychédélique en quelque temps, en espérant vous faire découvrir quelques perles de cet univers que vous avez peut-être déjà tâté malgré vous.
Avant tout, je crois qu’il serait intéressant de rapidement mentionner que le genre psychédélique est apparu au milieu des années soixante aux États-Unis pour rapidement se propager en Angleterre durant la même période. Il est d’ailleurs un groupe que vous connaissez certainement tous qui fut fortement influencé par cette vague sonore.
Certains l’auront peut-être deviné à la simple prononciation du mot Angleterre, je fais ici référence au Beatles qui, grâce à leurs albums Rubber Soul, Revolver et Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, parvinrent à faire entrer la musique psychédélique dans la grande sphère de la musique populaire. Évidemment, je ne ferai pas un historique exhaustif de la chose, donc ne vous fâchez pas si je ne m’attarde par sur les Byrds, sur Frank Zappa ou sur Jimi Hendrix. J’ai plutôt choisi de m’attarder sur les Beatles, car, avec leur nouveau son, ils ouvrirent également le monde sur un tout nouvel univers musical qui ne s’était pas vu encore en musique populaire occidentale, c’est-à-dire celui de la musique traditionnelle orientale telle qu’amenée par George Harisson suite aux enseignements du maitre sitariste Ravi Shankar.
Sans trop m’attarder sur les dizaines de groupes qui travaillent leur son de la même manière tels que le font les Black Angels, Temples ou encore The 13th Floor Elevators j’aimerais soulever une question qui vous est peut-être passée par la tête depuis le début de votre lecture: existe-t-il semblable projet musical au Québec? Admirable lecteur qui erre au travers les méandres de mon texte, sache que oui. Tu pourras les retrouver un peu partout sur la toile sous le nom d’Elephant Stone.
Groupe basé à Montréal, Elephant Stone est dirigé d’une main de maitre par Rishi Dhir sitariste, bassiste, chanteur et compositeur du groupe. Essentiellement, le son du groupe, qui s’autoproclame comme hindi rock, en référence aux touches orientales qui teintent les chansons de chacun de leurs albums, se construit sur une base brit-pop qui ne s’éloigne pas trop des Beatles, pour plonger dans le psychédélique à saveur orientale comme peu de groupes parviennent à le faire tout en restant accessibles. C’est d’ailleurs pour cette accessibilité sonore que je vous encourage à tenter votre chance vers Elephant Stone, qui constitue une fort intéressante entrée en la matière en termes de psychédélique.
Cette musique qui vibre cette semaine au-dessus de ma tête en est une qui fait littéralement planer, c’est elle qui m’a donné l’idée de ce nouvel article.
Évidemment, le groupe fonctionne en anglais. Cependant, qu’advient-il des influences psychédéliques lorsqu’on s’arrête sur la musique en français? Qui sont les fiers héritiers de ce que les groupes comme Harmonium ont construit il y a déjà 40 ans de ça? Certes Karkwa, Malajube et Jimmy Hunt constituent de forts bons exemples de cet héritage musical qui tend à explorer le son d’une manière bien connue du psychédélique. Par contre, pendant que nous y sommes, j’aimerais pousser la question encore plus loin : y a-t-il pareil projet en Mauricie? Loquace lecteur, tu m’auras vu arriver avec la réponse : bien sûr que oui!
Voici donc ce qui m’amène à terminer en vous parlant d’une formation locale nommée Cosmophone. Tendances jazzées lyrico-progressives et réverbération par-dessus pédales de délai démontre que, de toute évidence, Cosmophone tente d’apporter quelque chose de nouveau dans le paysage musical québécois. En effet, tout en pigeant dans notre répertoire en s’influençant des groupes que j’ai nommés précédemment, plus particulièrement d’Harmonium, la formation dirigée par le claviériste Daniel Quirion et la chanteuse Catherine Laurin se lance dans la complexité rythmique et mélodique grâce à une maitrise fort appréciable de chacun des instruments. Il faut le dire, on a droit, lorsqu’on assiste à un spectacle du groupe, à une démonstration de talent indéniable qui ne cache pas la formation académique de ses musiciens. Les textes, signés Catherine Laurin, valsent avec une poésie de laquelle on reconnait bien leur amour pour Karkwa, mais surtout pour la langue française elle-même.
Sans trop m’étirer, je dirai que ce que je retiens après plusieurs spectacles de Cosmophone, ce sont l’honnêteté artistique et l’absence de compromis envers leurs créations. D’ailleurs, c’est précisément en quoi le groupe trifluvien se rapproche de ma définition personnelle du psychédélique.