Nous sommes jeudi soir. J’ai eu une assez grosse semaine et ma seule envie est de m’écraser devant la télé. Ça, ou aller grimper, mais avec le confinement, les centres d’escalade sont fermés en Mauricie, tout comme dans la plupart des autres régions du Québec. J’envie les six régions en zone orange pendant un instant puis je me rappelle que je dois faire un entrainement ce soir. C’est le Francis du passé qui a pris cette sage décision, celle d’écrire «Entrainement» à l’encre noire dans mon agenda.
En temps normal, le Francis du présent pourrait se débrouiller sans celui du passé quand vient le temps d’aller faire une séance de grimpe d’une ou deux heures. L’escalade est une passion que j’ai découverte il y’a un petit peu plus de deux ans et j’ai rarement de la difficulté à me mettre à l’action pour aller grimper sur les murs du Campus Escalade. Cependant, depuis qu’une pandémie mondiale influence le rythme de nos journées, le Francis du présent a besoin plus que jamais du Francis du passé pour rester en forme.
Avant d’aller plus loin, laissez moi vous présenter les deux personnages en question ici:
Le Francis du passé est déterminé, motivé, discipliné, persévérant et parfois un peu trop confiant dans la gestion de son temps. C’est lui qui, en début de semaine, prend le temps de planifier la semaine du Francis du futur (qui sera éventuellement le Francis du présent, vous suivez toujours?). D’un autre côté, le Francis du présent est paresseux, procrastinateur et parfois indiscipliné, démotivé et découragé. Vous comprendrez que je ne peux pas toujours faire confiance au Francis du présent.
La gestion des émotions
L’être humain souhaite généralement ressentir des émotions positives et avoir du plaisir. Nous cherchons d’ailleurs souvent à gérer nos émotions en ce sens en tentant d’augmenter des émotions plaisantes et de diminuer les émotions déplaisantes. Ce type de gestion entre cependant parfois en conflit avec les objectifs à long terme (Tice et al., 2001). C’est ce qui se produit lorsque le Francis du présent veut avoir du plaisir en regardant la télévision. Celui-ci ne pense guère à son objectif d’entrainement car il souhaite diminuer les émotions négatives occasionnées par une longue journée de travail en priorité.
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Heureusement, la planification du Francis du passé entre en ligne de compte à ce moment-là. Cette simple petite action d’écrire ce que je compte faire de ma journée m’aura permise de me rappeler ce qui est en jeu: ma santé, mais aussi le maintien d’une bonne forme physique pour garder mes acquis lorsque les centres d’escalade rouvriront. Je dois vous avouer que j’en voulais légèrement au Francis du passé d’avoir planifié cette séance d’entrainement. Mon attitude a cependant vite changé lorsque j’ai terminé celui-ci puisque j’ai ressenti alors un sentiment de fierté et de satisfaction du devoir accompli.
Les obstacles à la progression
Cette expérience est propre à moi, mais je croyais bon de vous la partager. Nous avons évidemment tous et toutes nos qualités et nos défauts et une manière propre à chacun.e de gérer notre temps et nos priorités. Avec les années, j’ai appris à me connaitre et je sais maintenant que la planification est un excellent moyen pour moi de gérer ma tendance à rechercher le plaisir immédiat plutôt qu’une gratification différée. Je reconnais maintenant l’importance de me fixer des objectifs et de bien planifier pour atteindre ceux-ci. En ces temps difficiles au niveau motivationnel, je considère que cette habitude revêt une importance encore plus grande.
En terminant, j’aimerais dire que nous sommes souvent notre propre ennemi.e. Cependant, je sais maintenant reconnaitre et accepter que le Francis du présent peut parfois être un obstacle à mes projets de longue haleine. Plutôt que de tenter de changer qui je suis, j’ai trouvé des moyens pour diminuer les impacts de ces défauts sur ma progression. Et pour toi qui lis ce texte, quel est le plus grand obstacle à ta progression? Que pourrais-tu faire pour le combattre?
Références:
Tice, D. M., Bratslavsky, E., & Baumeister, R. F. (2001). Emotional distress regulation takes precedence over impulse control: If you feel bad, do it! Journal of Personality and Social Psychology, 80(1), 53-67. https://doi.org/10.1037/0022-3514.80.1.53