Projection à Ciné-Campus: «Pipelines, pouvoir et démocratie» ⎯ l’importance d’une action citoyenne

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Le 3 mars, Ciné-Campus présentait Pipelines, pouvoir et démocratie, un documentaire sur le projet de l’oléoduc Énergie Est au Québec prévu par TransCanada. La séance s’est terminée par une discussion avec le réalisateur, Olivier D. Asselin, ainsi qu’avec Marc Brullemans, du Comité Vigilance hydrocarbures Trois-Rivières.

Plus de 200 personnes étaient présentes pour visionner ce film. Sorti en décembre 2015, il retrace une partie des événements qui ont jalonné le projet de construire au Québec un pipeline transportant du pétrole extrait des sables bitumineux en Alberta. Le réalisateur se concentre sur le parcours de quatre personnes opposées au projet: Daniel Breton, André Belisle, Alyssa Symons-Bélanger et Mikaël Rioux. Tous ont lutté contre la mise en place de l’oléoduc par différents moyens d’action, avec plus ou moins de succès.

Tourné pendant plus de deux ans, le documentaire adopte une approche essentiellement chronologique et se concentre principalement sur les actions des militants. Trois événements sont particulièrement mis en avant: la campagne électorale de Daniel Breton à Sainte-Marie – Saint-Jacques en 2014, où il a finalement été battu; la marche le long du tracé du pipeline de Cacouna à Kanasatake, entre le 10 mai et le 14 juin 2014; et la mise en place d’un camp autogéré de militants sur la ligne 9 d’Enbridge à Saint-André-d’Argenteuil, un site ayant déjà connu un déversement.

À la suite de la projection, Olivier D. Asselin a pris la parole pour exposer les tenants et aboutissants de son film. Pour l’occasion, il était accompagné par Marc Brullemans, venu expliquer certains enjeux écologiques soulevés par le projet Énergie Est. Pendant environ une heure, tous deux ont répondu aux questions et remarques du public. Deux points principaux sont ressortis de cette discussion: l’importance des enjeux environnementaux et la nécessité d’une action citoyenne.

Plus qu’un plaidoyer contre l’oléoduc, l’enjeu du documentaire serait de présenter un état des lieux du système démocratique en place au Québec et d’inviter chaque individu à s’engager à sa manière.

Les enjeux environnementaux sont probablement les plus visibles dans l’opposition au projet de TransCanada. En effet, l’extraction du pétrole des sables bitumineux est particulièrement polluante et néfaste pour l’environnement, alors que le Québec couvre ses besoins énergétiques grâce à l’énergie hydroélectrique, une des plus propres au monde. Olivier D. Asselin et Marc Brullemans soutiennent de ce fait que le Québec n’a aucunement besoin de ce pétrole. Ils remarquent d’ailleurs que la Colombie-Britannique et les États-Unis, qui ont tous deux refusé de faire passer l’oléoduc sur leur territoire, subissent beaucoup moins de critiques que le Québec à ce sujet, alors qu’ils sont bien moins exemplaires en termes de production énergétique. De plus, le projet de construire un port pétrolier à Cacouna, près de l’endroit où se reproduisent les bélugas, a suscité une forte opposition de la part des militants écologistes. Ce dernier projet semble avoir été abandonné, mais la lutte contre l’oléoduc n’est pas terminée pour autant: c’est d’ailleurs sur ce constat que se conclut le documentaire.

Les deux intervenants ont également mis en avant la nécessité d’une action citoyenne. Olivier D. Asselin s’explique à ce sujet: en focalisant son documentaire sur le parcours de quatre opposants au projet, il voulait «donner le micro à ceux qui ne l’ont pas». Un certain nombre de participants au film déplorent d’ailleurs leurs difficultés à se faire entendre par les pouvoirs en place. L’échec de Daniel Breton et du Parti Québécois en 2014 invite d’ailleurs à penser qu’il est préférable de mener une action de l’extérieur plutôt que de vouloir intégrer le système et risquer de finir par se faire dépasser par ce dernier. Ainsi, plus qu’un simple plaidoyer contre la construction de l’oléoduc de TransCanada, l’enjeu du documentaire d’Olivier D. Asselin serait de présenter un état des lieux du système démocratique en place au Québec et d’inviter chaque individu à s’engager à sa manière.

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