Grâce à mes oreilles bioniques, je vous entends penser: «Chouette! Enfin un sujet intéressant»; OK. Attendez que se calment les battements de votre cœur. Analysons la situation. Selon un courant de pensée, la liberté sexuelle représente l’un des acquis majeurs des années 1968. Les gens vivent-ils réellement leur vie sexuelle comme un enchantement? Selon l’autre courant, le rapport à la sexualité est toujours complexe, et ce, non seulement en Afrique du Nord ou au Proche Orient, mais également dans la Belle Province. Alors, avons-nous encore de sérieux problèmes de sexualité? Les gens, ou à tout le moins une bonne partie des gens, ont-ils toujours une vie sexuelle de merde? Si vous aviez à évaluer votre vie sexuelle, diriez-vous que c’est celle d’un milliardaire? De classe moyenne? De grosse misère?
D’où viennent nos idées sur le sexe
Sans en avoir l’air, le problème habite les profondeurs… de notre cerveau. Les idées que nous avons sur la sexualité sont l’héritage de notre famille, de l’école, de la société qui les ont prises dans la civilisation qui, elle, est judéo-chrétienne. Alors, la pensée de l’Église sur le sexe nous influence-t-elle encore aujourd’hui? Pour nous éloigner, psychologiquement parlant, de la sexualité, l’Église l’a diabolisée; elle en a fait le Mal intégral. Est-il possible de développer une attitude positive par rapport à la sexualité sans critiquer la religion? D’avoir de saines relations sexuelles sans prendre conscience de tous les tabous dont a été entourée la sexualité dans le but de la réprimer?
Tabous
Quels sont les tabous que l’Église, via la société, via la mère, a tenté (et souvent réussi) à nous imposer? La nudité, le toucher, la masturbation, le plaisir, le désir, l’homosexualité, le sexe anal, le sexe oral, l’interdiction d’en parler… En fait, dans la religion catho, la sexualité est tellement réprimée que même y penser est un péché. Ce faisant, l’Église a placé la ceinture de chasteté dans notre tête… étant donné que le cerveau est le premier organe sexuel. Pour les personnes persuadées que la religion n’exerce aucune influence, même souterraine, sur leur sexualité, je précise que ces tabous sont indépendants de la présence ou non de convictions religieuses.
Femmes et sexe
Charmant mélange, qui devrait être explosif… mais qui a toutes les chances d’être décevant. Le frère Untel disait que, pour éduquer quelqu’un, il suffit de lui proposer un modèle. Pouvez-vous me dire quel modèle justifie ces comportements: un homme pénètre sa femme, dans différentes positions: il veut voir si elle est « vicieuse »? Pourquoi une femme, ayant une relation sexuelle en présence de son jeune enfant de quelques mois, dormant dans sa couchette au pied du lit, craindra de passer pour dépravée? Pourquoi, pour beaucoup de femmes, vivre de la sexualité est avilissant? Je reconnais que, pour l’ensemble des gens, il n’est pas évident de relier la cause à l’effet, mais dans ces exemples, la cause n’est-elle pas le modèle de la vierge Marie? Ce modèle qui rend la femme intouchable et inaccessible? Mon impression est que si les femmes vivaient, ne serait-ce que 10% de leur pouvoir sexuel, les mâles militeraient pour la réouverture des tavernes où ils se barricaderaient en disant: « Laissez-nous récupérer! On n’est pu capables! »… et tous les cas de viols disparaîtraient comme par enchantement.
Si nous attendons une permission extérieure pour vivre notre besoin sexuel, peut-être aurons-nous droit à une vie sexuelle de qualité quand le fils de l’eunuque sera grand.
Besoins sexuels
Est-il possible de dynamiter tous les tabous? De faire que les femmes ne soient plus des casse-couilles… dans le mauvais sens du terme? Affirmatif: en prenant conscience que le sexe est un besoin. Nous pourrions discutailler jusqu’à la St-Glinglin, avec réplique-riposte, argument-contre-argument. Mais si nous voulons répondre à la question, nous devons définir ce qu’est un besoin. Et ici, j’admets que ce doit être très compliqué… puisque peu de gens y parviennent. Un besoin est une exigence naturelle liée à la survie et au bonheur. Au même titre que la nourriture, le sommeil, avoir un toit sur la tête, se vêtir, baiser est indispensable non seulement pour la survie de l’espèce, mais surtout pour entretenir le plaisir de vivre. Ainsi défini, le sexe est nécessaire pour les êtres humains des deux genres, de la naissance à la mort. Si nous observons, nous nous rendrons compte que nos sexes sont comme animés d’une vie autonome: ils palpitent malgré nous.
Un choix
L’être humain est le seul animal qui, jusqu’à un certain point, devient ce qu’il veut bien devenir. De même, il peut dire non à la vie, de même il peut rejeter le sexe. Est-ce une attitude psychologique saine? Ce faisant, sera-t-il manipulé par une idée religieuse qui nie le corps? Dans notre société, nous arrivons à l’âge adulte après une telle répression qu’il est à se demander comment les gens peuvent accéder à une vie sexuelle épanouie. Et si, finalement, en plus d’une étape de prise de conscience, c’était une question de choix? Si nous décidions de nous réapproprier notre corps, notre sexe? Le sexe est l’activité dont nous avons le plus besoin pour être heureux.