Qu’est-ce qu’un être humain?: Un corps 

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En juillet dernier, une activité a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux et a provoqué un véritable déchainement chez les internautes: un combat de filles en bikini dans du Jell-O. Certaines personnes ont crié au scandale, affirmant qu’ainsi, la femme était utilisée comme un objet sexuel et qu’il en allait de sa dignité d’interdire un tel spectacle; d’autres ont banalisé l’évènement n’y voyant qu’un divertissement, une occasion de s’amuser. Au-delà de l’évènement, si nous prenions un peu de recul: n’est-ce pas notre conception du corps dont il est question? Ne vivons-nous pas dans le déni du corps?

Conception chrétienne (surnaturelle) du corps

Dans la tradition judéo-chrétienne, au mieux, le corps fait problème, il est suspect… au pire, il est synonyme de danger, sinon de mal. Qu’est-ce que l’être humain pour le christianisme? Un corps périssable et une âme immortelle. Qu’est-ce qu’une âme immortelle? Où la retrouve-t-on lors d’une dissection? Mais, pour une institution qui nie le monde (au profit du royaume de Dieu), le temps (au bénéfice de l’éternité), c’est un détail, n’est-ce pas? Pour le christianisme, le corps est corruptible, méprisable, animal et il ne faut pas hésiter à mortifier le corps, et même à le sacrifier pour sauver son âme immortelle. N’est-il pas temps d’abandonner cette conception mythique de l’être humain?

Conception philosophique du corps

La philo traditionnelle, ayant été asservie très longtemps par l’Église, je ne m’étonnerai pas d’y retrouver des relents chrétiens. En fait, depuis Platon, pour qui «le corps est le tombeau de l’âme», jusqu’à Descartes qui disait que «le moi, c’est-à-dire l’âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps», rien n’a changé: le corps est l’ennemi irréductible de l’âme. Autant pour les idéalistes platoniciens que pour les chrétiens, le corps n’est qu’une méprisable dépouille mortelle et leur objectif n’a jamais été de découvrir qui nous sommes, mais de rejeter ce que nous sommes.

Conception matérialiste (naturelle) du corps

Qu’est-ce qu’un être humain? Un assemblage de matières, d’organes, de moelle, muscles, veines, artères, sang, ligaments, etc. Cela étant établi, le corps est également la machine de survie la plus extraordinaire sur terre. Chaque minute, mon corps effectue 1 001 tâches dont je n’ai pas conscience. Exemples? Mon coeur bat chaque minute, 70 fois pour faire circuler 5 litres de sang dans mes artères et mes veines, un réseau de 96 000 kilomètres. Chaque minute, dans la moelle de mes os, 150 millions de globules rouges vont naitre. Chaque minute, mon intestin, d’une superficie de 250 mètres, digère ce que j’ai mangé à mon dernier repas, etc. Alors, comment parler de l’être humain? L’être humain est un corps. Le premier fait de l’existence humaine, c’est le corps. Si je m’en éloigne, je m’éloigne de mon humanité. Mon corps indique-t-il ma finitude? Oui, autant dans l’espace que dans le temps. Vaut-il mieux vivre dans la réalité et accepter que je sois un être «fini», ou vivre dans l’illusion et me croire sans borne et éternel?

Le premier fait de l’existence humaine, c’est le corps. Si je m’en éloigne, je m’éloigne de mon humanité.

Souci de soi

Pourquoi bien des personnes n’arrivent-elles pas à s’occuper d’elles-mêmes adéquatement? Parce qu’elles ne se reconnaissent pas comme corps, mais plutôt comme âme, ou comme esprit? Pourquoi la plupart des gens sont-ils ignorants de leur corps? N’est-ce pas parce qu’ils ont reçu une éducation très moralisatrice, où le corps est un mal et qu’il n’a pas droit à l’existence? Ne devrions-nous pas plutôt revenir à Abraham Maslow et considérer l’être humain comme un être de besoins? Je résumerai ainsi sa pyramide des besoins: a)les besoins physiologiques, comme manger, boire, se vêtir, s’entrainer, le besoin sexuel, etc. b)les besoins psychologiques: connaitre, trouver un sens à sa vie, etc. c)les besoins sociaux: relations humaines, reconnaissance sociale, etc. d)le besoin d’être heureux, comme but ultime. Alors, qu’est-ce qui permettra à l’être humain d’être heureux: une direction spirituelle avisée? Ou la satisfaction de ses besoins?

Se réconcilier avec son corps

Comme civilisation et comme individus, avons-nous dépassé le dualisme corps/ âme? Chacun a droit à son opinion. Pour ma part, j’ai l’impression que, comme société, notre attitude envers le corps oscille du mépris à l’idolâtrie. Comme les extrêmes se rejoignent, ces deux attitudes ne reviennent-elles pas à nier le corps? D’où vient cette idée que la matière et le corps sont mauvais? Le prophète persan Mani l’exprimait ainsi: «l’univers est un champ de bataille entre les forces du bien et du mal, entre la lumière et les ténèbres. La matière, le corps sont mauvais, et l’esprit est bon.» Où est le problème? Il tient au fait que, pour une illusion (l’esprit), je nie la réalité (le corps). Décidément, la solution qui s’impose est de me réconcilier avec mon corps… car, malgré les façons de dire, je n’ai pas un corps… je suis mon corps.

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