Rémunération à l’AGE UQTR: Sur la valeur d’un officier

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sfguertin

À l’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale (A.G.) de l’AGE figure un point intitulé «Bourses d’officiers». Il n’est pas besoin d’être un devin pour savoir de quoi il est question, ainsi que pour réaliser que le point risque de devenir émotif. Penchons-nous cependant sur la question, étant donné qu’elle est un brin plus complexe qu’elle peut sembler l’être.

D’entrée de jeu, maudissons un peu ici le format bimensuel du Zone Campus: le présent numéro paraît à peine une heure avant le début de l’assemblée en question. L’actuel questionnement en est-il vain pour autant? L’auteur de ces lignes n’est clairement pas de cet avis, ne serait-ce que parce que la question va se poser encore dans le futur.

Notons tout d’abord qu’il est bel et bien question ici de hausser les bourses que reçoivent les officiers de l’AGE. À la dernière augmentation de celles-ci, le montant avait été établi de manière statique, c’est-à-dire qu’il ne changeait pas, à moins de ramener la question en assemblée générale. Il est ici question de rattraper partiellement la hausse du coût de la vie qui a eu lieu depuis.

Dans son itération originale, la bourse d’officiers était très peu substantielle et nécessitait donc que les bénéficiaires occupent un emploi à temps partiel à côté ou étudient à temps plein afin de toucher les prêts et bourses habituels. Le résultat en a été des officiers très peu disponibles, des projets qui n’avancent pas et une AGE qui fait du surplace.

Il y a de cela quelques années, un exécutif (particulièrement courageux) a décidé d’aller réclamer en A.G. une hausse draconienne de cette bourse, afin qu’elle leur permette de vivre décemment. L’idée était qu’un officier devrait idéalement être disponible presque constamment, donc ne pas avoir d’autre emploi et suivre un nombre restreint de cours.

Cette politique visait ainsi à libérer les membres du conseil exécutif d’autres tâches que celles reliées à leur fonction. Il est toujours question de cela ici: on désire que ceux qui décident de s’impliquer au plus haut point dans le milieu étudiant puissent le faire adéquatement sans (trop) se soucier de problèmes financiers personnels.

Si la hausse est faite dans ce sens, tant qu’elle reste rationnelle, on ne peut a priori que la considérer positivement. Demandons-nous, cependant, si le contexte est bon cette année. Avec ce que l’on sait des finances de l’AGE, du climat de coupures (eh oui, encore elles) et tout ça, peut-être la réception de la question sera-t-elle passablement réactionnaire. Réponse du président de l’AGE: «Y’en aura pas de bon moment pour parler de ça». Vu comme ça…

Espérons au moins que la hausse en question et son impact sur les finances de l’association auront été pondérés. Il sera de toute façon toujours possible de la refuser en A.G..

Mentalité entrepreneuriale

Une conception moins justifiée de la bourse d’officiers est celle voulant que la bourse est un incitatif à l’efficacité. Dans le système actuel, un officier peut se faire retirer sa bourse par le conseil d’administration. La possibilité de ce recours est bien sûr de punir quelqu’un qui se «pogne le beigne» aux frais des étudiants.

Le résultat en a été des officiers très peu disponibles, des projets qui n’avancent pas et une AGE qui fait du surplace.

Par contre, certains voudraient pousser la logique plus loin. Il a été évoqué par le passé, notamment à des époques où on doutait des capacités et de l’engagement de certains élus, d’augmenter la bourse d’officiers afin d’attirer les candidatures de qualité.

Cette idée n’est pas sans rappeler les propositions de la CAQ à ses débuts. Elle proposait d’améliorer l’efficacité du système d’éducation au Québec en payant les enseignants en fonction d’une évaluation fréquente de la qualité de leur travail. Il était donc question de «noter» les enseignants et de «récompenser» ceux qui se conformaient à la grille officielle du bon professeur.

Sans compter l’extrême subjectivité qui peut entrer en jeu dans cette évaluation, n’oublions pas qu’il s’agit d’une conception du travail uniquement basée sur l’attrait du gain monétaire. Venant d’un ancien industriel (j’ai nommé, M. Legault), il n’est peut-être pas surprenant de penser que les salariés se présentent au travail le matin strictement pour le chèque.

Cependant, on sait tous qu’il y a une multitude d’autres motivations dans l’emploi et cela est d’autant plus vrai dans le mouvement étudiant. Les meilleurs officiers ne sont pas ceux et celles qui se sont impliqués pour la bourse, mais bien ceux et celles qui ont fait des mois (et des années) de bénévolat préalablement; prouvant ainsi leur engagement à la cause indépendamment de tout gain monétaire.

Ceux et celles-ci n’ont pas besoin d’être attirés par un salaire; il convient seulement de leur donner les conditions nécessaires pour leur implication.

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