Dans le cadre des conférences «Tribune libre» organisées par l’Association générale des étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGE UQTR), le jeudi 21 janvier dernier se tenait une conférence portant sur le port des signes religieux chez les employés de l’État. Quatre conférenciers étaient invités à présenter leur point de vue sur le sujet qui semble un sujet d’actualité populaire.
Le 5 à 7 Tribune libre prenait la forme d’un débat pendant lequel étudiants, professeurs et citoyens étaient invités. Précisément, la question à laquelle les panélistes devaient réponde était la suivante: «Le port de signes religieux chez les employés de l’État est-il compatible avec le principe de laïcité?»
Le premier à répondre à la question, Stéphane Courtois, professeur au département de philosophie à l’UQTR, croit que certains symboles religieux, notamment la burqa, «emprisonnent la femme». Il admet néanmoins que cela ne signifie pas que l’État a comme rôle de légiférer sur le port de l’ensemble des signes religieux.
Djemila Benhabib expliquait qu’une «distanciation par rapport à la religion est un signe de la modernité».
Laïcité ou modernité?
Quand à lui, Daniel Baril, ancien président du Mouvement laïque québécois et représentant de l’Association des humanistes du Québec, a présenté un point de vue bien différent. Ce dernier évoquait que l’État devrait légiférer en matière de symboles religieux, car selon ce dernier, «si chacun se met à afficher ses convictions religieuses, le caractère laïque de la société disparaît».
Pour abonder en ce sens, Djemila Benhabib, écrivaine et militante politique québécoise d’origine algérienne, expliquait qu’une «distanciation par rapport à la religion est un signe de la modernité». Selon cette dernière, la religion musulmane est l’une des religions à ne pas avoir évolué, contrairement aux autres. Pour tout dire, elle avance comme argument que la laïcité permettrait un «espace commun pour vivre ensemble».
«L’État doit défendre les citoyens dans leur liberté de conscience. » Haroon Bouzanni
Pour terminer, Haroun Bouazzi, le coprésident de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec et militant pour les droits de la personne, avançait comme argument principal la neutralité de l’État dans le débat. Selon ce dernier, «l’État doit défendre les citoyens dans leur liberté de conscience. Si une femme décide d’enlever son foulard, l’État doit la défendre. Et si une femme décide de mettre un foulard et que des personnes ou une institution décident de lui retirer, l’État doit la protéger.»
Bref, une chose reste évidente dans tout cela, et c’est que ce débat continue à soulever des passions chez plusieurs membres de la société civile.