Un grain de science à la fois: Merveilleuse créature

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Alhassania Khouiyi. Photo: Mathieu Plante
Alhassania Khouiyi. Photo: Mathieu Plante

Métro-boulot-dodo, voilà une expression qui a fait fortune dans les pays industrialisés, comme pour marquer l’atonie d’une vie sur laquelle règne l’épuisement professionnel. Alors, si vous pensez que la vie d’un mortel est monocorde, ceci pourrait bien vous tirer de votre torpeur.

De l’oxygène, du carbone, de l’hydrogène et une poignée d’autres éléments: associez-les, et ce banal mélange devient 100 000 milliards de cellules microscopiques, formant une des merveilleuses créatures de l’univers. Au rythme de 30 000 clignements d’yeux, 20 000 inspirations et plus de 100 000 pulsations par 24 heures, bienvenue dans une banale exceptionnelle journée du corps humain.

Vous vous réveillez, vous appréhendez le monde qui vous entoure par vos sens. La peau, cette armure qui est tout autant la porte d’entrée de la douleur et du plaisir, vous permet de régler la température de votre douche pour ne pas vous bruler, grâce aux nombreuses terminaisons nerveuses qui la parsèment. Une armure qui se renouvèle continuellement, puisque vous perdez 600 000 particules à l’heure.

Toi, être merveilleux qui frôle le sol de l’UQTR, cette chronique t’est dédiée.

Une fois frais, vous nourrissez votre corps, il faut que ce que vous mangez vous plaise. Vous faites alors appel à votre nez, qui est capable de distinguer 10 000 odeurs différentes ayant le pouvoir de vous apaiser, de vous mettre en garde ou de vous faire saliver. Le relais est ensuite donné aux papilles gustatives. Au nombre de 10 000, elles scrutent, distinguent et orientent le goût vous permettant de jouir des plaisirs culinaires. Le nez et la langue collaborent ainsi pour vous faire apprécier vos repas: il suffit du bon composé associé au bon récepteur pour qu’un courant passe, et le corps peut sentir et savourer.

Maintenant que vous vous êtes rassasiés et pomponnés, vous êtes prêts à affronter ce monde qui vous attend. Avec des yeux qui perçoivent en millièmes de secondes et des oreilles qui entendent à 1 200 km/h, vous êtes dotés de radars qui permettent à votre encéphale d’analyser continuellement ce qui vous entoure. Tel un aiguilleur zélé, il vous dirige vers des chemins sécuritaires coordonnant vos gestes et faisant obéir vos muscles.

Ah, les muscles! Ces fameux tissus qui rendent possibles tous vos gestes. Au nombre de 600, ils actionnent le moindre de vos mouvements. Un simple allo fait travailler 100 muscles, un baiser vous prend 34 muscles et la moindre marche fait intervenir pas moins de 200 muscles squelettiques. Lorsque vous marchez, les muscles postérieurs vous évitent de tomber en arrière, et les abdominaux, de tomber en avant, aidés par la charpente du corps, les os. Assez solides pour supporter le poids du corps, assez légers pour défier la gravité, vos 206 os vous rendent bien particuliers. Nous dépassons les sept milliards à joncher cette belle boule bleue, et pourtant vous ne trouverez jamais deux squelettes identiques. Bien qu’ils soient constitués des mêmes éléments, les os sont en quelque sorte notre signature.

De sa surface à sa son noyau, le corps humain est une merveille en complexité.

Pour se mouvoir, le corps a bien besoin d’énergie, l’oxygène est l’élément clé qui rend le carburant fonctionnel. À chaque inhalation, vous aspirez environ un demi-litre d’air qui s’en va vers les 300 000 millions d’alvéoles dans chacun des deux poumons, avant de passer dans le sang pour alimenter chacune de vos cellules. Quatre litres de sang voyagent dans un réseau de 100 000 km d’artères, de veines et de capillaires, soit plus de deux fois le pourtour de la terre, et ce, deux fois par minute.

Chaque globule rouge, fidèle transporteur d’oxygène, contient 250 000 hémoglobines. Chacun d’entre eux fixe 4 atomes d’oxygène, ce qui fait que votre sang nourrit vos cellules à raison d’un million d’atomes d’oxygène par globule rouge et par inspiration. Un apport vertigineux en chiffres, mais encore plus extraordinaire en physiologie: le cœur est le seul organe qui a la possibilité de faire contracter toutes ces cellules en même temps pour que la pompe paraisse comme une seule cellule géante, phénomène connu sous le nom de syncytium fonctionnel. La puissance emmagasinée par tous les battements cardiaques au cours d’une journée pourrait soulever une voiture à un mètre du sol.

Votre corps poursuit sa journée sous l’aiguillage de son chef d’orchestre: le système nerveux. Avec ses nerfs qui parcourent 70 km, le système nerveux couvre le corps de la tête au pied. Un système qui ne dort jamais, oriente, préserve et donne des ordres, toujours sur la brèche pour scruter la moindre partie de notre être. Avec ses milliards de neurones, le cerveau nous permet de sentir, de vouloir et de nous souvenir… tout en restant une barrière infranchissable en complexité.

À la fin de votre journée, votre vigie, votre pompe, vos radars, votre barrière concordent pour vous récompenser d’une bonne nuit de sommeil, alors qu’eux, ils restent bien en éveil pour vous faire revivre une autre randonnée.

Avant de te plaindre de la monotonie de tes journées, avant de laisser le quotidien t’éreinter, pense à l’immense usine que tu es…

De sa surface à son noyau, le corps humain est une merveille en complexité depuis plus de 100 000 ans, une mosaïque extrêmement enchevêtrée qu’une perturbation infinitésimale peut faire basculer à tout moment. Alors homo sapiens, diploïde, eucaryote, humain… quel que soit le nom que tu aimes te donner, avant de te plaindre de la monotonie de tes journées, avant de laisser le quotidien t’éreinter, pense à l’immense usine que tu es, médite sur la machinerie effrénée que tu représentes et lève haut la tête, chemine dans ce monde qui est tien, car tu es une créature exceptionnelle!

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