Un peu de cinéma: Flashwood, Jean-Carl Boucher, 2020

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Crédit: Sarah Gardner

Flashwood est le premier long métrage du jeune acteur et réalisateur Jean-Carl Boucher, que nous avons découvert en tant qu’alter ego de Ricardo Trogi dans les films 1981, 1987 et 1991. Au simple visionnement de la bande-annonce, mon intérêt était élevé en raison de la possible influence de Ricardo Trogi sur la réalisation du film.

Jean-Carl Boucher est sans contredit influencé par son expérience au sein des films de Ricardo Trogi, puisqu’on y retrouve de nombreuses thématiques similaires dont l’adolescence, mais surtout l’entrée dans l’âge adulte. Malgré tout, Flashwood ne possède pas les ingrédients d’un grand film «coming of age» tel que l »a été Boyhood (2014) ou encore Lady Bird (2017). Cependant, il s’agit d’une première expérience cinématographique pour le jeune réalisateur, c’est pourquoi il demeure tout de même, selon moi, un bel essai cinématographique.

Une distribution (trop) variée

Ce film possède de nombreuses faiblesses malgré une distribution impressionnante. De nombreux acteurs et actrices de la génération de Jean-Carl Boucher sont présents dans le film ou vont faire de courtes apparitions, parfois même inutilement… La distribution se compose d’acteurs et d’actrices tels que Pier-Luc Funk, Antoine Desrochers, Simon Pigeon, Maxime Desjardins-Tremblay, Karelle Tremblay, Sophie Nélisse, Laurent-Christophe de Ruelle, Rose-Marie Perreault, Élodie Grenier ainsi que Mehdi Bousaidan. Malgré la présence quasi complète de la nouvelle génération d’acteurs et d’actrices québécoisES, nous restons malheureusement sur notre faim, puisque le scénario manque de cohérence. En d’autres termes, on se demande, jusqu’à la fin, mais où allons-nous? Nulle part…

Comme je l’ai mentionné, Flashwood possède de nombreuses faiblesses au niveau de la cohérence du scénario, puisque l’histoire ressemble beaucoup plus à de nombreuses chroniques sur l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte qu’une histoire menant d’un point A vers un point B. Filmé durant près de sept ans afin de constater le vieillissement des acteurs, le résultat n’est pas très convaincant, puisqu’on remarque à peine le vieillissement de certains acteurs dont Pier-Luc Funk. Ce type de réalisation demeure très intéressant, puisqu’il a été utilisé notamment par Richard Linklater pour son film Boyhood (2014) dont le tournage s’est échelonné sur près de 12 ans. 

Mais qu’est-ce que Flashwood

Le film se déroule en trois temps. Tout d’abord, on retrouve Luc (Pierre-Luc Funk) entouré de plusieurs de ses amis dont Ti-Max (Maxime Desjardins-Tremblay) et Chris (Laurent-Christophe de Ruelle) qui, vers la fin de l’adolescence, passent la majorité de leur temps à boire de la bière et à fumer des joints en se disant des vulgarités. On ressent au sein du trio une réelle amitié qui va au-delà de l’écran, cependant, cette complicité n’est pas aussi bien transposée que dans l’excellent Matthias et Maxime de Xavier Dolan. Par la suite, le frère de Luc, Hugo (Antoine Desrochers) tente de séduire Camille (Karelle Tremblay) le temps d’un été. En somme, nous suivons, durant la première partie du film, le quotidien monotone de plusieurs jeunes vivant en banlieue. 

Flashwood est un premier long métrage qui possède selon moi de nombreuses lacunes au niveau de la cohérence du scénario.

Cinq ans plus tard, on retrouve la même bande d’amis travaillant désormais pour la compagnie d’entretien paysager de Louis (Simon Pigeon) et chacun d’entre eux ressent un certain sentiment d’emprisonnement, comme si le monde de banlieue était trop petit pour leurs aspirations profondes. Ici on ressent grâce au jeu d’acteur de Pier-Luc Funk mais surtout celui de Maxime Desjardins-Tremblay, qui joue un jeune paraplégique, ce sentiment d’étouffement. L’un se sent coincé dans ce monde de banlieue monotone et sans avenir, tandis que l’autre se sent coincé dans son fauteuil roulant et ne cherche qu’à ressentir de l’affection féminine. Les dialogues entre ces deux jeunes hommes nous font oublier, par moments, les faiblesses du scénario.

De son côté, Hugo prépare un vol avec des amiEs, cependant, nous ne savons absolument rien du vol à l’exception qu’il ne s’est pas bien déroulé, puisqu’un an plus tard on comprend qu’Hugo a réussi à s’en sortir tandis que ses amiEs sont probablement en prison. Dans les derniers moments du film, on constate donc l’éclatement des amitiés et le sentiment d’indifférence de certains et certaines face au sort des autres ou transparaissent l’égoïsme et l’individualisme de notre époque. 

En conclusion, Flashwood est un premier long métrage qui possède selon moi de nombreuses lacunes au niveau de la cohérence du scénario. Si l’on considère le film dans son ensemble, il ne s’agit pas d’un film à voir absolument. Certaines scènes sont d’une grande justesse et méritent par contre le détour. Je vous invite donc à le visionner ne serait-ce que pour constater l’évolution de la carrière cinématographique de Jean-Carl Boucher, mais surtout pour redécouvrir Maxime Desjardins-Tremblay qu’on avait découvert dans le film le Ring (2007). 

Suggestions de la semaine

1- Le Ring (2007) Anaïs Barbeau-Lavalette

2- Tu dors Nicole (2014) Stéphane Lafleur

3- La disparition des lucioles (2018) Sébastien Pilote

4- C’est le coeur qui meurt en dernier (2017) Alexis Durand-Brault 

5- Ding et Dong le Film (1990) Alain Chartrand

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